Cure de rajeunissement pour les édifices de l’Université McGill

Au cours des prochaines années, l’Université McGill mettra les bouchées doubles afin d’assurer la sauvegarde et la modernisation de son parc immobilier, l’une des plus grandes collections d’édifices à valeur patrimoniale du Québec.

L’Université compte 37 édifices érigés avant 1900 et 82 qui datent d’avant 1940. À titre comparatif, les 17 autres universités québécoises comptent 14 édifices d’avant 1900 et 50 construits avant 1940.

Malheureusement, plusieurs des édifices situés sur le campus sont mal en point. En 2013, une évaluation menée par le gouvernement du Québec a permis de conclure que 73 % des édifices de McGill étaient en « mauvais » ou en « très mauvais » état. Ainsi, le déficit d’entretien différé du parc immobilier de l’Université s’élève aujourd’hui à 1,3 milliard de dollars.

L’Université McGill a toujours été très fière de son patrimoine architectural et en a toujours pris soin, mais « des années de sous-investissement de la part de Québec ont mené à la situation critique que l’on connaît aujourd’hui », affirme Cameron Charlebois, directeur général du Bureau du développement et de la planification des campus.

Afin d’éviter le pire, l’Université a doublé le budget consacré à l’entretien, à la rénovation et à la modernisation de ses immeubles en 2017, et entend continuer dans cette voie au cours des prochaines années.

« Une somme de 150 à 200 millions de dollars par année sera consacrée aux travaux de rénovation et de mise à niveau des édifices du campus, explique Robert Couvrette, vice-principal adjoint (gestion des installations et services auxiliaires). Les projets incluent notamment la restauration de la maçonnerie ou des fondations d’édifices à valeur patrimoniale. Nous sommes également à effectuer des études afin d’évaluer l’étendue des travaux nécessaires sur l’ensemble de nos bâtiments, notamment une surveillance continue des façades, comme la loi le prescrit. »

Pour une université moderne

Les nombreux travaux qui seront réalisés à McGill au cours des prochaines années visent également à faire en sorte que l’infrastructure du campus réponde aux exigences de l’enseignement et de la recherche du 21e siècle. Plusieurs laboratoires de recherche seront donc mis à niveau.

C’est dans cette optique que McGill s’est dotée d’un Plan directeur immobilier, stratégie qui changera considérablement le visage du campus ainsi que la vocation de plusieurs édifices au cours des 20 prochaines années.

« On porte un regard sur ce que nous avons, on détermine ce qui est adaptable, ce qui ne l’est pas, et ce qui doit absolument être maintenu sur le plan patrimonial, même si ce n’est pas toujours idéal », explique M. Charlebois.

Des rénovations pas comme les autres

Il va sans dire que l’entretien des trésors architecturaux que recèle l’Université McGill comporte son lot de défis, surtout lorsque l’on sait que 95 % du campus du centre-ville est situé dans l’arrondissement historique et naturel du mont Royal, zone désignée à valeur patrimoniale.

Ainsi, des travaux de maçonnerie spécialisés, comme ceux en cours depuis mai dernier au Pavillon de génie Macdonald, construit en 1907, doivent être réalisés afin de restaurer la façade des édifices patrimoniaux de l’Université.

Paul Trépanier, maître de chantier du Pavillon de génie Macdonald, explique que la réalisation de ce genre de projet mobilise de nombreux ouvriers spécialisés.

« Il faut avoir beaucoup d’expérience parce que certaines pierres doivent être changées alors que d’autres doivent être simplement réparées, explique-t-il. Ça prend des maçons spécialisés en restauration qui ont suivi des cours là-dedans. »

Puisqu’il faut aussi restaurer les éléments décoratifs d’antan, l’équipe de M. Trépanier compte également des sculpteurs capables de tailler la pierre afin d’en faire de véritables œuvres d’art.

« On a deux sculpteurs au bureau qui travaillent pour nous, ce sont presque des artistes, ils sculptent tout ça à la main », précise-t-il en désignant un bloc de pierre dans lequel une fleur a été façonnée.

Les travaux de restauration d’édifices à valeur patrimoniale, comme ceux qui sont réalisés au Pavillon de génie Macdonald, s’avèrent donc souvent longs et coûteux, en raison notamment des matériaux utilisés.

« Les ancrages qu’on utilise sur ces projets sont en acier inoxydable, sinon ces tiges rouilleraient et feraient éclater les pierres. Les matériaux sont donc plus chers, dit M.Trépanier, précisant qu’il faut aussi trouver des carrières qui contiennent des pierres qui s’agencent le plus possible aux pierres utilisées pour construire le bâtiment d’origine. Aujourd’hui, on a recours au calcaire de Saint-Marc, car cette pierre est celle qui ressemble le plus à la pierre d’origine, soit la pierre grise de Montréal. On n’utilise plus ce genre de pierre, car elle contient trop de veines et n’est pas aussi durable. »

Les travaux de restauration du Pavillon de génie Macdonald pourraient se poursuivre jusqu’en 2018.

 

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