Le français, au cœur de McGill

Le français et la francophonie sont des réalités et des atouts majeurs qui constituent le tissu même de l’Université McGill. Cela dit, cette institution québécoise demeure perçue par plusieurs comme une forteresse anglophone.

C’est pourtant loin d’être le cas. Les programmes littéraires et d’apprentissage du français sont parmi les meilleurs au Québec; une majorité des membres de la haute direction – six sur 11 – sont francophones; près de 8 000 étudiants sont de langue maternelle française; les hôpitaux affiliés à McGill, à Montréal et en Outaouais, accueillent des patients majoritairement francophones. Et ce ne sont là que quelques-uns des faits qui témoignent de l’importance de la langue de Molière à McGill.

Alors que nous fêtons le bicentenaire mcgillois, nous avons interrogé Suzanne Fortier, la première principale francophone à diriger l’Université McGill, sur la place qu’y occupe le français.

 

Quelle importance l’Université McGill accorde-t-elle à la vitalité et à la qualité du français ? Pourquoi est-ce si important ? Après tout, l’Université McGill n’est-elle pas d’abord un établissement anglophone ?

 

C’est pour nous une priorité de soutenir et de promouvoir la vitalité du français, autant sur les campus de McGill que dans l’ensemble de la collectivité. Bien que la langue d’enseignement à McGill soit principalement l’anglais, notre université est profondément ancrée dans la société montréalaise et québécoise. On ne peut pas parler de l’Université McGill sans faire référence en même temps à la ville et à la province dynamiques où elle mène ses activités.

En conséquence, la culture francophone et le français imprègnent notre environnement de façon significative, ce qui est enrichissant pour nous tous. De même, nos étudiants, nos professeurs et nos diplômés tirent avantage du fait qu’ils étudient et travaillent à Montréal et au Québec, tout en contribuant à des initiatives dans de multiples domaines.

Toutefois, comme la majorité de nos activités d’enseignement se déroulent en anglais, nous sommes sensibles à l’utilisation des anglicismes et à l’importance de viser l’excellence en ce qui concerne la qualité du français. En tant que lieu de savoir et d’apprentissage, nous sommes bien placés pour veiller à ce que le français soit enseigné selon les normes les plus élevées.

 

 

Les programmes littéraires et d’apprentissage du français occupent une place privilégiée à McGill comparativement aux autres universités du Québec. Comment expliquer cela ?

 

L’Université McGill attire depuis longtemps de brillants esprits, qu’il s’agisse de professeurs, de chercheurs ou d’étudiants. Notre Département des littératures de langue française, de traduction et de création occupe une place de premier plan dans cette histoire illustre.

Bon nombre d’étudiants qui viennent étudier à McGill désirent vivement approfondir leur connaissance du français et nous offrons une variété de programmes qui répondent à cette demande. Lorsque nos étudiants ont terminé ces programmes, ils appliquent leurs connaissances pour apporter une contribution importante à la société montréalaise et québécoise et obtiennent, par la même occasion, d’importants prix et distinctions pour leur travail. C’est une immense source de fierté pour notre communauté.

 

De nombreux diplômés francophones de McGill sont des figures de proue dans une foule de domaines – notamment la politique, l’économie, les sciences, la santé et les médias – au Québec, au Canada et ailleurs dans le monde. Peut-on dire que l’Université McGill ouvre des portes pour les étudiants francophones du Québec et du monde ?

 

L’un des objectifs les plus importants pour nous est de fournir des opportunités qui ouvrent des portes et qui font naître à leur tour d’autres occasions d’apprentissage et de découverte. Durant leur passage à l’Université McGill, les étudiants font l’acquisition de connaissances et travaillent aux côtés de personnes de différentes régions du monde. Par exemple, il n’est pas rare pour les étudiants francophones d’échanger régulièrement avec des camarades de classe originaires de la Chine, des États-Unis ou de la France. Ce mélange des cultures qui caractérise si bien l’expérience mcgilloise ouvre la porte au monde entier. Il témoigne également du grand plaisir de découvrir d’autres cultures et, par le fait même, de mieux se connaître soi-même.

 

La Faculté de droit de McGill offre un programme de premier cycle en droit dans un environnement bilingue : N’est-ce pas exceptionnel pour une université au Canada ?

 

En fait, ce programme est non seulement bilingue, il est aussi bijuridique. C’est-à-dire que nos étudiants sont formés en droit civil et en common law, deux grandes traditions juridiques du Canada et du monde occidental. Ils doivent démontrer au minimum un niveau intermédiaire avancé de compréhension écrite et auditive de l’anglais et du français.

Ceci représente une valeur ajoutée extraordinaire et, je crois, unique pour nos étudiants, au grand bénéfice de la société québécoise et au-delà. Les diplômés, quelle que soit leur langue maternelle, sont outillés pour pratiquer le droit en français et contribuent ainsi au rayonnement du français et de la culture juridique québécoise partout au Canada et dans le monde.

 

Vous êtes vous-même une Québécoise francophone diplômée de l’Université McGill. Pourquoi avez-vous choisi McGill pour y faire vos études à l’époque ?

 

J’ai grandi dans un petit village du Québec, et c’est mon intérêt d’explorer une nouvelle culture, la culture anglophone, et l’anglais qui m’a initialement amené à McGill. J’ai rapidement réalisé que l’Université McGill était un microcosme culturel. Il y a peu d’expériences aussi enrichissantes et révélatrices que celle de se voir à travers le prisme d’autres cultures, dans une perspective mondiale. Grâce à mes études à McGill, j’ai pu mieux comprendre et apprécier ma propre culture d’une façon plus multidimensionnelle ; c’est l’un des plus grands bénéfices que j’en ai tiré.

 

L’Université McGill fête son bicentenaire cette année. Que souhaitez‑vous à cet établissement pour son prochain siècle, et quelle y sera la place du français selon vous ?

 

Comme l’Université McGill célèbre son bicentenaire, elle dispose d’une occasion unique de réfléchir à la position qu’elle adoptera pour son prochain siècle d’existence. En cette occasion, alors que le monde fait face à une multitude de problèmes urgents, nous savons que nous serons en mesure de bâtir l’avenir de notre planète et que notre communauté francophone jouera un rôle important.

La mesure dans laquelle nous pourrons continuer d’avoir une incidence positive sur le monde dépendra des portes que nous ouvrirons aux étudiants et de la formation qui les préparera pour l’avenir. Cette incidence dépendra également du soutien que nous apporterons aux travaux de recherche qui changent des vies et favorisent l’innovation. Nous menons ces activités de façon hors pair, et le formidable talent de nos professeurs et de nos étudiants francophones continuera de rayonner sur la scène mondiale, braquant une plus grande attention sur la culture et la langue uniques du Québec.

 

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