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Les hommes ayant déjà payé pour des rapports sexuels sont plus susceptibles de vivre avec le VIH

Selon des enquêtes menées dans 35 pays africains, 68 % des hommes auraient utilisé un préservatif lors de leur plus récent rapport sexuel payé
A sex worker conceals her face with a pack of condoms in the Katosi fishing village in Mukono, located east of Kampala, Uganda’s capital (October 24, 2019). Credit: E. Echwalu, UNAIDS, CC-BY 4.0 / Une travailleuse du sexe dissimule son visage derrière des emballages de préservatifs dans le village de pêcheurs de Katosi, dans le district de Mukono, à l’est de Kampala, la capitale de l’Ouganda (24 octobre 2019). Photo : E. Echwalu, UNAIDS, CC-BY 4.0
Image par E. Echwalu, UNAIDS, CC-BY 4.0.
Publié: 25 January 2022

D’après des enquêtes s’étalant sur 20 ans, près d’un homme sexuellement actif sur dix a été client de travailleuses du sexe dans 35 pays d’Afrique subsaharienne. Le risque que ces hommes vivent avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est plus élevé d’environ 50 %, affirme une équipe internationale de chercheurs, dont font partie le professeur Mathieu Maheu-Giroux et Caroline Hodgins, de l’Université McGill.

Trop souvent, la recherche en épidémiologie et les efforts de prévention du VIH négligent les hommes qui paient pour avoir des rapports sexuels. En revanche, la responsabilité de la transmission et le fardeau de la prévention incombent habituellement aux travailleuses du sexe. Bien que celles-ci constituent l’une des nombreuses populations présentant un risque plus élevé de contracter le VIH, leurs clients jouent également un rôle central dans les réseaux de transmission, soulignent les chercheurs.

Pour mieux comprendre la dynamique entourant le VIH dans le contexte du sexe transactionnel et trouver de nouvelles avenues de prévention, les chercheurs ont analysé les données émanant de 87 enquêtes auprès d’hommes vivant en Afrique subsaharienne, dans le cadre d’une étude publiée dans la revue PLOS Medicine. Ces enquêtes ont été menées par d’autres chercheurs et organismes entre les années 2000 et 2020 et portaient sur 368 000 participants.

Il en ressort qu’environ 8 % des participants qui étaient sexuellement actifs avaient déjà payé pour un rapport sexuel et que le risque que ceux-ci vivent avec le VIH était plus élevé de 50 % comparativement aux hommes qui disaient n’avoir jamais payé pour des rapports sexuels. Parmi les hommes ayant été clients de travailleuses du sexe entre 2010 et 2020, 68 % ont indiqué avoir utilisé un préservatif lors de leur plus récent rapport sexuel payé – un pourcentage qui était plus faible dans la décennie précédente.

Les initiatives de prévention du VIH doivent inclure les hommes qui paient pour des rapports sexuels

« Les stratégies de prévention qui négligent les hommes qui paient en échange de rapports sexuels font peser le fardeau de la prévention de la transmission du VIH uniquement sur les travailleuses du sexe », déclare Caroline Hodgins, qui collabore avec le professeur Mathieu Maheu-Giroux au sein du Département d’épidémiologie, de biostatistique et de santé au travail.

Le professeur Maheu-Giroux, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en modélisation de la santé des populations, ajoute que « bien souvent, les hommes qui paient pour des rapports sexuels ne sont pas reconnus comme un groupe distinct qui devrait faire l’objet de mesures de prévention du VIH. Notre étude démontre que ces hommes présentent un risque élevé et que les mesures ciblées visant à limiter la transmission du virus devraient en tenir compte. » De telles mesures pourraient comprendre l’amélioration de l’accès au dépistage du VIH et des initiatives pour encourager l’utilisation du préservatif.

Les chercheurs expliquent que de nouvelles études pourraient permettre de confirmer ces résultats et de creuser le sujet. Pour ce faire, il faudra améliorer la confidentialité des enquêtes et recueillir davantage de données sur le recours aux traitements contre le VIH.

L'étude

L’étude « Population sizes, HIV prevalence, and HIV prevention among men who paid for sex in sub-Saharan Africa (2000–2020): A meta-analysis of 87 population-based surveys », réalisée par Caroline Hodgins, James Stannah, Salome Kuchukhidze, Lycias Zembe, Jeffrey W. Eaton, Marie-Claude Boily et Mathieu Maheu-Giroux, a été publiée dans la revue PLOS Medicine.

DOI : https://doi.org/10.1371/journal.pmed.1003861


L’Université McGill

Fondée en 1821 à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Établissement d’enseignement supérieur renommé partout dans le monde, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans trois campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 étudiants internationaux représentant 31 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.

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