Un professeur de McGill aide la Chine à ouvrir son économie au marché mondial
Cest en 1980, à peine deux ans après avoir décidé de «souvrir au monde extérieur», que le gouvernement chinois a sollicité laide de M. Sam Noumoff, professeur de sciences politiques à lUniversité McGill, qui a eu lhonneur insigne de donner des conférences dans les écoles du parti communiste chinois aux niveaux local, municipal, provincial et national. M. Noumoff a été lun des premiers collaborateurs de la revue Canadian Business Review (antenne du Conference Board du Canada) à sintéresser aux possibilités du marché chinois. Le gouvernement chinois lui a demandé de traiter, dans le cadre dun cycle de conférences, de lexpérience des autres pays qui ont eu à absorber des investissements étrangers et des leçons que la Chine pouvait en tirer pour lélaboration de son propre plan stratégique. M. Noumoff a depuis effectué 7 tournées de conférences dans toute la Chine pour exposer les résultats de ses recherches.
En 1985, il a invité à McGill le directeur adjoint de la Commission économique dÉtat, M. Zhu Rongji, qui est par la suite devenu maire de Shanghai, vice-premier ministre et enfin président du Conseil dÉtat. M. Zhu Rongji et M. Noumoff se sont rencontrés à plusieurs reprises au Canada et en Chine; cest à la suite de lune de ces rencontres quil a été convenu que les recherches de M. Noumoff porteraient désormais principalement sur le transfert de technologies.
Comment la Chine peut-elle à la fois intégrer rapidement le marché mondial des technologies - ce qui exige normalement le recours à des experts étrangers - et développer ses propres infrastructures technologiques? M. Noumoff propose quelques études de cas pour éclairer cette question. La Chine pourrait certes acquérir une solution clés en main auprès dune grande multinationale, mais le coût en serait prohibitif. De plus, une société étrangère tentera sans doute de restreindre le transfert des technologies essentielles et de limiter lexportation du produit fini. La Chine a acquis un potentiel technologique propre dans certains domaines de production et pourra à terme réaliser les percées nécessaires pour se hisser aux niveaux internationaux actuels. Il lui faudra cependant un certain temps pour y parvenir et il se peut alors que de nouveaux cycles de vie de produits aient rendu désuètes les normes actuelles.
Quelle est, en pareil cas, la meilleure solution à adopter? Les recherches actuelles de M. Noumoff portent principalement sur le développement dun modèle de «capital de risque» conforme aux principes dune économie de marché socialiste, ce qui nest pas une tâche facile. Lun des facteurs décisifs de succès quil a définis est la très grande confiance qui doit exister entre lintervenant étranger et les Chinois. Chaque partie doit avoir confiance en lautre durant les négociations portant sur les aspects techniques du projet, mais surtout, chacune doit être persuadée de collaborer à la réalisation dun objectif commun en se montrant respectueuse des différences culturelles, linguistiques et politiques. Si elle est fructueuse, cette démarche permet à la Chine dacquérir des technologies étrangères dès les premiers stades de leur développement et à ses chercheurs et ingénieurs dassimiler les activités de recherche-développement liées au processus et dacquérir les compétences nécessaires pour innover.
En 1999, M. Noumoff a été nommé conseiller en matière de développement économique auprès de Fuling et de Jiulongpo, deux villes satellites de Chong Qing (province de Szu-chuan), où ses travaux portent principalement sur les technologies du secteur de lenvironnement.