Nouvelles

Une équipe de recherche utilise l’IA et la science citoyenne pour explorer la nature de la narration

Un projet inédit vise à cerner le rôle de la narration à travers les cultures grâce à l’IA transparente et à la collaboration communautaire
A digital rendering of an open book with planet Earth hovering above the pages.
Publié: 23 January 2024

Une équipe de recherche de l’Université McGill dirige un nouveau projet destiné à mieux comprendre l’une des plus anciennes pratiques de l’humanité et l’un de ses outils les plus puissants : la narration. Des traditions orales anciennes à la littérature contemporaine en passant par le récit numérique, la narration se révèle un élément essentiel de l’expérience vécue, mais que nous ne saisissons pas encore parfaitement. Aussi, l’initiative The Lives of Literary Characters vise-t-elle à comprendre ce qui nous motive à raconter des histoires. À cette fin, l’équipe s’appuiera sur l’IA (intelligence artificielle) et fera appel à la sagesse collective de lecteurs et lectrices des quatre coins du monde.

L’analyse des interactions entre les personnages d’un récit peut éclairer la nature de la narration à travers les cultures, un peu comme les réseaux sociaux peuvent révéler qui nous sommes en tant qu’individus. « C’est autour des personnages que s’articulent les bonnes histoires », explique Andrew Piper, professeur titulaire au Département de langues de l’Université McGill et directeur du projet. Or, s’il est maintenant possible d’utiliser des modèles d’IA pour reconnaître les personnages d’une histoire, il est beaucoup compliqué de comprendre si et comment les personnages interagissent. En effet, avec au-delà de 1,5 million de personnages créés au XIXe siècle, et ce, uniquement dans la littérature anglaise – une donnée qui est d’ailleurs aujourd’hui beaucoup plus élevée –, on parle d’un défi de taille.

« On compte désormais une quantité ahurissante de récits. En fait, sans l’aide de l’IA, il est tout simplement impossible d’avoir une idée de l’immensité de la créativité humaine. Cela dit, les systèmes fondés sur l’IA sont souvent entraînés à l’aide de contenus biaisés ou de source inconnue. Or, grâce à la collaboration du lectorat, nous pouvons construire des systèmes meilleurs et plus transparents qui aident à comprendre les motifs complexes sur lesquels les récits sont construits », précise le Pr Piper.

L’équipe de recherche fait appel à des bénévoles qui souhaiteraient participer au projet à titre de scientifiques citoyens. Il s’agit de répondre, par l’intermédiaire du portail Zooniverse, à des questions sur les interactions entre les personnages tirés d’un bref extrait d’une œuvre de fiction contemporaine. Les données ainsi recueillies seront ensuite utilisées pour entraîner les modèles d’IA, lesquels permettront de mieux cerner les personnages littéraires. Mentionnons que, contrairement aux données de la majorité des projets d’IA, les données de cette initiative seront librement accessibles au public.

« L’ensemble des données que nous générerons et des modèles que nous créerons seront ouverts à tous. Nous établirons ainsi un important précédent en matière de transparence et d’inclusivité de l’IA », souligne le Pr Piper. « Notre objectif n’est pas de créer des robots narrateurs, mais bien de mieux comprendre le récit humain ».

Le projet

'The Lives of Literary Characters' est un projet Zooniverse mené par une équipe composée de chercheurs et chercheuses de l’Université McGill, de l’Université de l’Alberta, de l’Université de Californie à Berkeley et de l’Université du Michigan. Ce projet a été financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.

Back to top