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Une journée dans la vie de l’humanité

Regard sur une journée type vécue par tous les humains de la planète
Cutouts of heads with different skin tones surrounding a map of the world
Publié: 15 June 2023

Peu importe l’endroit où l’on se trouve, il y a 24 heures dans une journée. À l’échelle d’une population mondiale de huit milliards de personnes, on obtient un total d’environ 190 milliards d’heures humaines par jour. Notre utilisation de ces heures a une incidence sur notre environnement et notre mode de vie. Une équipe de recherche dirigée par l’Université McGill a recueilli et analysé des données sur les activités économiques et non économiques exercées partout sur la planète afin de dresser, pour la première fois, le portrait d’une journée dans la vie de l’humanité.

« Quand vient le temps de s’attaquer à des enjeux planétaires, c’est une bonne idée de poser un regard différent sur le fonctionnement de notre monde », déclare Eric Galbraith, professeur en sciences du système terrestre à l’Université McGill et auteur en chef de l’article publié récemment dans PNAS. « Si nous voulons réussir à faire face durablement aux changements climatiques et à la perte de biodiversité, à nous adapter aux avancées technologiques et à atteindre des objectifs de développement à l’échelle mondiale, nous devons absolument avoir une vue d’ensemble de l’activité humaine pour déterminer où nous pourrions apporter des changements. »

Vue d’ensemble de nos efforts collectifs

« Nous voulions savoir comment l’humanité répartissait son temps en faisant une moyenne des données portant sur l’ensemble de la population de tous les pays », explique William Fajzel, doctorant en sciences du système terrestre à l’Université McGill et auteur principal de l’article. « Autrement dit, si le monde était une seule personne, à quoi ressemblerait sa journée type? »

L’équipe a analysé des données sur l’utilisation du temps et les activités dans plus de 140 pays (représentant 87 % de la population mondiale), pendant la période de 2000 à 2019 (pour éviter les répercussions de la pandémie de COVID).

Activités et résultats souhaités

L’équipe de recherche a catégorisé, selon leur finalité, toutes les activités qu’une personne exerce pendant les heures d’éveil, qu’elles soient liées à un travail ou non. Elle a établi 24 catégories réparties en trois groupes.

  • Activités modifiant le monde extérieur (fourniture ou transformation de nourriture, d’énergie, d’immeubles; entretien de l’environnement, etc.)
     
  • Activités consacrées au bien-être de l’esprit ou du corps humain (soins axés sur l’hygiène, l’apparence, l’humeur et la santé, pour soi-même et pour les autres, éducation, religion, passe-temps, socialisation, sports, médias, repos, etc.)
     
  • Activités d’organisation au sein de la société (transports, commerce, finances, droit et gouvernance, etc.)

Elle a ensuite classé manuellement près de 4 000 activités et fait ainsi des découvertes étonnantes.

Nous passons la majeure partie de la journée à faire des choses pour nous et pour les autres

Les scientifiques ont découvert que la plus grosse portion de temps – un peu plus de neuf heures – était consacrée aux activités axées sur la personne, et que le sommeil ou les périodes passées au lit représentaient également neuf heures. (L’estimation tient compte des périodes de sommeil des jeunes, qui ont tendance à être plus longues.) Les six heures restantes sont consacrées, notamment, à des activités comme la culture et la cueillette de nourriture, la préparation des repas, les déplacements et les tâches d’affectation des ressources (commerce, finances, ventes, droit, gouvernance, surveillance, etc.), qui demandent environ une heure chacune. La gestion des déchets ne demande qu’une minute dans la journée, ce qui est loin des 45 minutes passées à entretenir notre logis. Toutes les tâches liées à la construction d’infrastructures ou d’immeubles sont accomplies en quelque 15 minutes.

Fait étonnant, le temps affecté à des activités liées aux repas, aux déplacements quotidiens, à l’hygiène et aux soins de toilette ainsi qu’à la préparation des aliments ne varie pas systématiquement en fonction de la richesse matérielle d’une population. En revanche, le temps passé à cultiver et à collecter de la nourriture varie beaucoup en fonction de la richesse, soit plus d’une heure dans les pays à faible revenu à moins de 5 minutes dans les pays à revenu élevé.

Les activités économiques n’occupent qu’un dixième de la journée

Comme l’étude porte sur les activités économiques et non économiques, une partie du temps total de chaque catégorie est attribuée à des personnes qui exercent des activités économiques (médecins et infirmières, cuisiniers, ouvriers agricoles, etc.).

L’équipe a déterminé que l’ensemble des activités économiques dans le monde occupaient environ 2,6 heures de la journée type. L’agriculture et l’élevage de bétail constituent la majeure partie de ces activités, suivis par les activités d’affectation des ressources – commerce, finances et droit, par exemple – et les activités de fabrication. Cette période de 2,6 heures peut sembler courte, mais pour les deux tiers des personnes en âge de travailler (entre 15 et 64 ans) qui composent la population active, elle représente une semaine de travail d’une quarantaine d’heures.

Les résultats de l’étude offrent une perspective inédite sur la place qu’occupent les activités économiques dans la vie humaine à l’échelle de la planète. Ils donnent également à penser que nous aurions beaucoup de latitude pour modifier le temps consacré à certaines activités, notamment à l’extraction de matières, à l’approvisionnement en énergie et à la gestion des déchets, qui peuvent toutes être accomplies en sept minutes, environ.

L'étude

L’article « The Global Human Day », par William Fajzel et coll., a été publié recemment dans PNAS.


L’Université McGill

Fondée en 1821, à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat et se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Institution d’enseignement supérieur de renommée mondiale, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans trois campus, 12 facultés et 14 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 39 000 étudiants, dont plus de 10 400 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 000 étudiants internationaux représentant 30 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 20 % sont francophones.

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