Voyez du pays (et des clients)!

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Volume 14 Numéro 1
Par Marielle McCrum

English Version

Les stages cliniques jouent un rôle inestimable dans la formation à l’École des sciences de la communication humaine (ESCH). L’un des aspects uniques du programme de l’ESCH de McGill est la possibilité qu’ont les étudiants d’acquérir de l’expérience pratique dès leur première session.

Les stages offerts pendant les sessions d’automne et d’hiver se déroulent dans la région de Montréal, tandis que pour les stages du printemps et les internats finaux, les étudiants peuvent soit rester à proximité de McGill ou aller dans une autre région. Mais quel que soit le choix qu’ils font, les étudiants actuels et les diplômés sont unanimes sur un point : les stages cliniques sont un aller simple vers un apprentissage enrichi!

Chez nous, au Québec

Deux étudiantes, Charlotte Guillet et Judith Tchen ont décidé de rester près de chez elles pour effectuer leur stage du printemps. Elles ont participé à un stage en apprentissage par les pairs réparti entre deux endroits accessibles en voiture de Montréal. Une fois par semaine, elles travaillaient à l’Hôpital des vétérans de Ste-Anne de Bellevue sous la supervision de Suzanne Lalonde.  Les autres jours de la semaine, elles étaient à l’Hôpital Juif de Réadaptation de Laval avec leur formatrice clinique (FC) Annie Delyfer.

À l’Hôpital des vétérans, Guillet et Tchen ont travaillé avec des clients de plus de 90 ans. Même si elles n’étaient sur place qu’une fois par semaine, les deux étudiantes ont travaillé à l’atteinte de divers objectifs, par exemple, améliorer l’intelligibilité de clients atteints de dysarthrie et aider une patiente atteinte de SLA à utiliser plus efficacement sa tablette iPad comme outil de communication.

À l’Hôpital Juif de Réadaptation, elles faisaient partie de l’équipe des AVC. Au sein de cette équipe, elles ont aidé des clients ayant des troubles de la parole et du langage découlant d’un AVC, comme l’apraxie, l’aphasie et la dysarthrie.

Pour les deux stagiaires, la combinaison de deux emplacements s’est révélée une excellente expérience, surtout parce qu’elles travaillaient avec une clientèle adulte pour la première fois.

« J’ai vraiment aimé que nos deux formatrices cliniques nous permettent de prendre les commandes dès le départ... Nous ne nous sentions plus comme des étudiantes, mais comme de véritables orthophonistes! » raconte Tchen.

« Je finissais la journée le sourire aux lèvres, et c’était grâce aux clients », ajoute Guillet.

 

L’aventure d’une vie à Haida Gwaii (C.-B.)

Tara Casorso, qui est en deuxième année à l’ESCH, a fait son stage du printemps à l’autre bout du pays. Casorso et sa collègue ont passé cinq semaines à Haida Gwaii, un archipel du nord de la Colombie-Britannique. En travaillant principalement avec des élèves du primaire, elle a acquis de l’expérience en donnant des soins thérapeutiques visant l’articulation, le langage et la fluidité verbale. Elle a aussi pris part à des journées de dépistage interdisciplinaire en santé auprès des enfants qui entraient en maternelle.

Tout cela s’est déroulé dans un endroit que Casorso décrit comme « la côte ouest sur les stéroïdes », qu’elle avait la chance d’admirer chaque jour pendant le temps  qu’elle passait en voiture à se déplacer d’une école à l’autre.  Ces trajets, qui pouvaient durer jusqu’à trois heures, lui ont d’ailleurs laissé tout le temps voulu pour se perfectionner aux côtés de son formateur clinique, Garth Foote, lui-même diplômé de l’ESCH (2007).

Ce stage a constitué une occasion unique de découvrir la culture de la nation Haida et d’apprendre à travailler avec une clientèle autochtone. Pour faciliter leur apprentissage, Casorso et sa collègue ont suivi une formation en ligne sur les cultures autochtones offerte par l’agence de santé Northern Health et ont pris part à différentes activités dans la communauté.

« Ce stage a été formidable, car les expériences culturelles étaient également considérées comme des expériences d’apprentissage, confie Casorso. Si nous devions rencontrer un enfant pour une séance de thérapie et qu’il n’était pas en classe parce qu’il répétait une danse Haida dans le gymnase, nous étions invitées à aller l’observer. Si, pendant que nous faisions du travail de bureau, le formateur clinique découvrait qu’un Ancien se trouvait dans une classe de maternelle à enseigner sa langue aux élèves, on nous encourageait à y aller. Nos expériences culturelles se poursuivaient même après les heures de travail, lors des activités communautaires... Ces activités “hors programme” ont vraiment agrémenté notre séjour à Haida Gwaii et nous ont donné un grand sentiment d’appartenance à la collectivité. »

                                                                    Malgré le prix du billet d’avion – un trajet de 4 000 km, ce n’est pas donné! – Casorso n’hésiterait pas à recommander ce stage. « Pour citer une diplômée de 2015 qui est allée à Haida Gwaii l’année avant moi : “Ce fut l’un des plus beaux moments de ma vie!” »

 

Une expérience internationale à Oakland (Californie)

Billy Leet, un nouveau diplômé, a choisi de traverser chez nos voisins du sud. En faisant preuve d’initiative et de persévérance, Leet a obtenu un stage chez Word Works, un cabinet privé à Oakland, en Californie. Sous la supervision des formateurs cliniques Gage Herman et Devra Posner, il a travaillé avec des enfants de 2 à 6 ans, ainsi que leurs familles.

« Le gros de notre clientèle était dans la catégorie des retards de langage, des troubles moteurs de la parole, des anomalies cranofaciales et [des troubles dans le spectre de l’autisme]. Le cabinet offre aussi des services de réadaptation aux porteurs d’implants cochléaires, de modification de l’accent et de communication sociale », explique Leet.

La diversité de la clientèle a créé une expérience de stage intéressante pour cet étudiant qui était sur le point d’entrer sur le marché du travail. De plus, l’équipe de Word Works a procuré à Leet un environnement d’apprentissage sain.

« Je ne me suis jamais senti ridicule de poser une question. Je me suis toujours senti appuyé et mes [formateurs cliniques] savaient quand me donner de la latitude, sans pour autant me laisser sans ressources. »

Leet croit que sa formation au Canada lui a bien servi lors de ce dernier stage, même s’il s'est déroulé aux États-Unis. Les processus, la documentation et les attentes ressemblaient à ce qu’il avait appris à McGill et il se lançait avec confiance dans les séances de thérapie.

Puisqu’il peut être nécessaire de demander des visas de travail et d’études, on recommande aux étudiants qui envisagent d’effectuer leur dernier stage à l’étranger de commencer tôt leurs recherches – c’est-à-dire dès la première année! Même si cela peut représenter un peu plus de travail, l’expérience en vaut la peine, assure Leet. C’est particulièrement vrai pour les étudiants qui choisissent une région comme la baie de San Francisco, où à l’expérience clinique exceptionnelle s’ajoutent des événements culturels et une scène gastronomique de renommée mondiale.

Les stages pratiques ne sont pas seulement des endroits où les étudiants mettre en application leurs connaissances théoriques. Ils leur permettent aussi d’acquérir, dans une réalité clinique, l’expérience nécessaire pour devenir des orthophonistes à la fois empathiques  et efficaces. Qu’un stage se déroule près de chez soi, de l’autre côté du pays, au sud de nos frontières ou à l’autre bout du monde, l’expérience acquise par les étudiants leur permet de progresser non seulement sur le plan professionnel, mais aussi sur le plan personnel.

Pour découvrir une autre aventure extraordinaire vécue en stage, lisez le récit de Leah MacQuarrie et Alexandra Lauzon à Chisasibi (Qc) à l'adresse http://www.slpinchisasibi.wordpress.com.

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