Depuis 56 ans, la cinéaste abénaquise Alanis Obomsawin signe des documentaires qui mettent en lumière la vie et les droits des membres des Premières Nations, des Inuits et des Métis au Canada. Cinéaste autochtone de renommée mondiale, Alanis Obomsawin a prononcé la 69e conférence Beatty à l’Université McGill le 16 octobre 2023.
L’événement était animer par Nahlah Ayed, présentatrice de l’émission Ideas, diffusée sur la chaîne CBC. Ayed est une correspondante à l’étranger primée et chevronnée est lauréate de nombreux prix, notamment de la UK Foreign Press Association et de l’Association canadienne des journalistes. Ideas a présenté la conférence dans une émission du 7 novembre, écoutez ici.
Utilisant le cinéma comme vecteur de justice sociale, Alanis Obomsawin a abordé des questions cruciales touchant les membres des Premières Nations, les Inuits et les Métis, notamment les droits territoriaux et ceux conférés par traités, ainsi que les conséquences profondes du système des pensionnats autochtones au Canada. Ses œuvres comprennent des films remarquables comme Les événements de Restigouche, réalisé en 1984, au sujet de rafles menées par la police sur une réserve micmaque au Québec, et Kanehsatake, 270 ans de résistance, réalisé en 1993, un documentaire sur le soulèvement de manifestants mohawks (Kanien’kéhaka) en 1990 à Kanehsatake et à Oka. Kanehsatake, 270 ans de résistance a remporté plus d’une dizaine de prix internationaux. Alanis Obomsawin travaille à l’Office national du film du Canada (ONF) comme scénariste, réalisatrice et productrice depuis 1967. Les 55 films qu’elle a signés ont été des outils puissants d’éducation, de défense des droits des Autochtones et de promotion d’une société plus inclusive et équitable.
En plus d’être une cinéaste prolifique, Alanis Obomsawin est une auteure-compositrice-interprète, une artiste visuelle et une activiste de renom. Ses gravures et ses lithographies ont été exposées partout dans le monde, notamment dans le cadre de rétrospectives au Musée d’art moderne (MoMA) de New York en 2008 et au Musée des beaux-arts de Montréal en 2019. À titre d’auteure-compositrice-interprète, Alanis Obomsawin est montée sur scène au Canada, aux États-Unis et en Europe. Paru en 1988, son album le plus connu, Bush Lady, comprend des chants traditionnels abénaquis et des compositions originales. En 1965, Alanis Obomsawin a mené une campagne pour faire construire une piscine à Odanak, une réserve abénaquise au nord-est de Montréal. Son combat a attiré l’attention sur la discrimination contre les enfants autochtones qui se voyaient refuser l’accès à la piscine municipale voisine. Cette année-là, elle a été nommée Canadienne exceptionnelle de l’année par le magazine Maclean’s.
Alanis Obomsawin est née au New Hampshire en territoire abénaquis et a passé sa jeunesse à Odanak et à Trois-Rivières. Dans la vingtaine, elle a déménagé à Montréal, puis a débuté comme chanteuse. Elle s’est produite un peu partout au pays, dans les universités, les prisons, les centres culturels et les festivals de musique folk.
En reconnaissance de ses réalisations, plus de 35 prix et distinctions lui ont été décernés, notamment le Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle (PGGAS) de la réalisation artistique, l’un des prix nationaux d’excellence décernés aux Autochtones par la Fondation canadienne des arts autochtones et le prix Glenn-Gould. Elle a également été nommée grande officière de l’Ordre national du Québec en 2016, et l’Ordre du Canada lui a conféré le titre de Compagnon en 2019, soit les plus hautes distinctions dans les deux Ordres. Le 23 juillet 2023, Alanis Obomsawin se verra remettre la prestigieuse médaille Edward-MacDowell, décernée depuis 63 ans aux personnes dont l’apport culturel a été important. Elle est la première femme cinéaste à recevoir cet honneur. Alanis Obomsawin est également titulaire de nombreux doctorats honorifiques, dont un doctorat en lettres de l’École d’éducation permanente de l’Université McGill.
En 2023, Alanis Obomsawin lancera son plus récent film, Wabano : La lumière du jour, qui propose une visite au cœur du premier centre voué au bien-être autochtone construit par les Autochtones du Canada. La Galerie d’art de Vancouver (Vancouver Art Gallery) présente actuellement The Children Have to Hear Another Story – Alanis Obomsawin, une exposition retraçant le parcours activiste de l’artiste échelonné sur une période de cinquante ans. L’exposition a été présentée pour la première fois en 2022 à la Maison des cultures du monde (Haus der Kulturen der Welt) de Berlin. Sa prochaine destination sera le Musée d’art contemporain de Montréal.
Image: Owen Egan et Joni Dufour