Gracie Diabo, une inspiration pour les générations futures

La nouvelle étudiante mcgilloise et boursière Loran nous parle d’aide communautaire, de la place des Autochtones et de nouveaux départs.

Gracie Diabo, étudiante Kahnawa’kehró:non, a grandi sur le territoire Mohawk de Kahnawá:ke. La boursière Loran entreprendra son baccalauréat en génie logiciel à l’Université McGill cet automne. Nous l’avons rencontrée pour discuter de sa passion pour l’aide communautaire et de ses sources d’inspiration, et l’inviter à transmettre ses conseils aux étudiant(e)s et aux jeunes Autochtones.

Pourquoi avez-vous choisi le génie logiciel?

J’ai pris beaucoup de temps avant de choisir une branche de génie! J’ai choisi le génie logiciel parce que le programme et le régime coopératif m’intéressent vraiment. Et qu’il ouvre beaucoup de portes.

Comment avez-vous découvert ce domaine?

Par moi-même. Je souhaitais poursuivre mes études en sciences et j’ai été vraiment attirée par le génie en raison des compétences que ça me permettrait d’acquérir, notamment en communication et en collaboration. J’étais aussi inspirée par les femmes ingénieures que j’ai rencontrées lors des conférences organisées chaque année avec les écoles secondaires et les cégeps par des groupes comme le POWE (Promotion de la profession d’ingénieure auprès des femmes) de l’Université McGill.

Parlez-nous de votre travail communautaire. Vous avez été bénévole au Costa Rica et au Pérou?

Tout juste avant la pandémie, alors que j’étais encore au secondaire, je suis allée avec l’école au Costa Rica pour travailler dans un jardin communautaire et participer à la rénovation d’espaces publics, puis au Pérou, où j’ai aidé à rénover et agrandir une école pour la rentrée.

Qu’est-ce qui vous interpelle dans le travail communautaire et le bénévolat?

En fait, nous ne sommes restés que peu de temps au Costa Rica et au Pérou, et notre groupe n’a pas pu jouer un rôle très important, mais je suis heureuse d’aider les communautés dans le besoin, même modestement. J’aime créer des liens et découvrir ce que nous avons en commun. J’aime également travailler en équipe, apprendre de nouvelles langues et découvrir de nouvelles cultures; ça me permet d’élargir ma vision du monde. Bref, j’aime travailler avec les autres et soutenir les communautés.

Vous avez également fondé le Club autochtone du collège John Abbott, que vous avez présidé. Pouvez-vous nous en parler?

J’ai lancé le Club autochtone l’an dernier parce que je souhaitais créer quelque chose qui serait dirigé par la communauté étudiante. Il y avait déjà le Centre de ressources des étudiants autochtones, mais il était dirigé par le personnel de l’école. J’ai pensé qu’un club dirigé par la communauté étudiante offrirait un espace pour créer des liens et former une réelle communauté à l’extérieur du cadre scolaire. Je me suis inspirée d’autres clubs étudiants, notamment de l’Union des étudiants noirs. Comme les membres de la communauté autochtone de John Abbott parlent plusieurs langues et proviennent de cultures différentes, faire partie du Club nous donne l’occasion d’apprendre les uns des autres.

L’une de nos premières activités a été une vente de pâtisseries au profit de Résilience, une maison d’hébergement pour femmes qui répond principalement aux besoins d’une clientèle autochtone. Nous avons aussi organisé des soirées de cuisine informelles où nous avons préparé du pain frit et de la bannique. J’ai confié la présidence à un autre membre, alors on peut espérer que le Club continuera de fonctionner.

On vous a récemment attribué la bourse Loran. Félicitations! C’est une bourse très importante. Auriez-vous des conseils pour ceux qui souhaiteraient suivre un cheminement semblable au vôtre?

Je leur dirais de foncer, tout simplement. C’est le moment pour les étudiants et les étudiantes autochtones de s’informer et de saisir les occasions qui se présentent. Je crois que nous avons vraiment notre place. On peut penser que ce n’est pas le cas et que les portes nous étaient fermées, mais je dirais que nous avons bel et bien notre place au sein de ces institutions et ces organisations, et que nous devons faire entendre notre voix et nos opinions. Nous pouvons transmettre nos connaissances et exercer une influence positive, et c’est un sentiment formidable.

J’ai découvert la bourse Loran parce que quelqu’un à mon école a été lauréat il y a deux ans. Prenez votre place au sein de votre communauté. À Kahnawá:ke, on annonce les bourses et diverses initiatives. Même si vous n’êtes pas certain de répondre aux critères, soumettez votre candidature. Dans le pire des cas, vous essuierez un refus, et réessaierez.

En tant qu’Autochtone, on a parfois l’impression que ces initiatives ne s’adressent tout simplement pas à nous; on en vient à croire qu’on n’y a pas accès. Je crois au contraire que nous devons faire de notre mieux et travailler fort. Cela rendra nos communautés fières – et nos ancêtres aussi, bien honnêtement –, et inspirera les prochaines générations. C’est ce qu’on appelle le principe de la septième génération : travailler fort et changer les choses, ça a une incidence à long terme.

Votre message est inspirant. Y a-t-il quelqu’un dans votre entourage qui vous motive et vous guide?

Pour moi, la communauté est très importante. Je dirais donc ma famille dans son ensemble et, plus particulièrement, ma grand-mère. Par les emplois qu’elle a occupés à notre hôpital local et sa façon de guider la famille, elle a toujours été une grande source d’inspiration pour moi. Je pense souvent à elle, mais aussi aux membres de ma communauté qui m’ont félicitée ou encouragée d’une façon ou d’une autre à suivre ma voie.

Vous avez participé au programme IMPRESS à McGill cet été. Comment en avez-vous entendu parler et quelle a été votre expérience?

J’ai d’abord entendu parler du programme en tant que volet du programme Pick Your Path, Indigenous (PYP-I). J’ai adoré mon expérience, mais je crois sincèrement que le programme est trop court!

C’était bien d’apprendre à connaître la communauté autochtone de l’Université, le personnel de la Maison des peuples autochtones et des étudiants. Reconnaître des visages sur le campus, ça donne confiance pour la rentrée.

J’ai travaillé avec la professeure Jin Guo de l’École d’informatique. Nous nous sommes rencontrées chaque semaine à son laboratoire où des étudiants aux cycles supérieurs se préparent à enseigner ou à présenter une recherche ou une conférence. Ça aurait pu être intimidant, mais mes collègues m’ont réservé un accueil chaleureux.

Pourquoi avez-vous choisi McGill?

Ce sont surtout mes contacts à l’Université qui m’y ont encouragée. Je me suis créé une communauté en participant à des initiatives comme (PYP-I) et IMPRESS. Des amis qui ont étudié à McGill m’ont dit que le programme de génie est excellent, et puis j’aime beaucoup Montréal. J’ai vraiment hâte d’y habiter, de découvrir de nouveaux restaurants et d’aller dans les festivals.

Quel serait votre projet de rêve?

Je voudrais continuer de travailler avec ma communauté et, ultimement, préparer un cours ou un atelier pour les plus jeunes qui souhaitent découvrir la programmation et le codage. Ce serait vraiment génial et inspirant, parce que plus jeune, j’avais très peu de contact avec le monde de la programmation. L’université et la grande expérience de certaines personnes peuvent être intimidantes. Je pense donc que ce genre de projet serait un bon tremplin pour ces jeunes.


Pour un complément d’information sur les possibilités de financement à l’Université McGill pour les étudiants et étudiantes autochtones du secondaire et du cégep, consultez le https://www.mcgill.ca/undergraduate-admissions/fr/etudiants-autochtones

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