La Biennale d’architecture de Venise et mon chariot de métal

Les étudiants de McGill ont accès à diverses expériences d’apprentissage à l’étranger. Beaucoup d’entre eux choisissent de faire un trimestre d’échange dans l’une des 160 universités partenaires, alors que d’autres veulent élargir leurs horizons le temps d’un stage international ou d’un programme d’études sur le terrain outre-mer. Dans cette entrevue, Juan Fernández González nous parle de son expérience d’étudiant en architecture à Venise

Pourquoi avez-vous fait un échange et pourquoi avez-vous choisi cet endroit?

J’ai fait un échange en 2018, pour étudier l’architecture à Venise, à l’Istituto Universitario di Architettura di Venezia (Iuav). Je suis fasciné par Venise depuis que je suis enfant! J’avais envie de me perdre dans un labyrinthe de canaux, où les ponts sont des lieux de rencontre et où les rues sont plus étroites que deux parapluies l’un à côté de l’autre. Je voulais tomber amoureux d’une ville et de ses habitants, alors j’ai acheté un billet pour arriver à Venise le jour de la Saint-Valentin.

Quel événement a le plus marqué votre échange?

J’ai tellement de beau souvenirs de mon échange, avec les gens que j’y ai rencontrés, les places que j’ai découvertes, et les choses que j’ai apprises. Cependant, l’évènement qui m’a probablement le plus marqué est la Biennale d’architecture de Venise, l’exposition d’architecture la plus distingué (et la plus belle, selon moi) du monde!

Pourquoi étiez-vous si fasciné par la Biennale d’architecture?

J’avais une fascination pour la Biennale bien avant mon échange. Je voulais tout absorber comme une éponge, et je voulais en faire partie de n’importe quelle façon. À Venise, la Biennale semblait être partout! Près de l’eau, je voyais des affiches de la Biennale dans les vaporetti (bateaux). À mon université d’accueil, les professeurs n’avaient que de bons mots pour la Biennale. Dans les résidences étudiantes, le bureau d’entrée était rempli de dépliants de la Biennale. Plus ce grand évènement approchait, plus la ville semblait vivante.

Avez-vous trouvé une façon de participer à la Biennale?

Oui, j’ai eu cette chance extraordinaire! Pendant quelques semaines, j’ai envoyé des courriels, je suis allé aux bureaux de la Biennale et j’ai parlé à beaucoup de monde. Je voulais offrir mon aide mais personne ne semblait en avoir besoin… Fatigué, mais encore optimiste, je suis retourné sur le site internet du pavillon canadien (https://www.unceded.ca/), et j’ai lu le nom d’un des participants : Patrick Stewart. Je le connaissais! Il avait été conférencier à McGill. Soudainement, j’ai vu une nouvelle possibilité. J’ai envoyé un courriel au professeur Peter Sealy, qui avait invité Patrick Stewart à McGill, en lui expliquant ma situation. Grâce à toute son aide et à beaucoup d’autres courriels de ma part, les choses ont commencé à fonctionner, comme par magie! J’ai rencontré Tamara Andruszkiewicz, la directrice du pavillon canadien, dans un café, et je suis devenu son aide bénévole. J’étais super content!

Comment avez-vous aidé l’équipe canadienne?

J’ai fait plein de trucs différents : j’ai fait des livraisons aux invités canadiens, j’ai été agent à l’entrée du pavillon canadien, j’ai aidé les aïeuls des Premières Nations pendant le lancement de l’évènement, entre autres. J’ai de très beaux souvenirs de mes courses à travers Venise avec mon chariot de métal!

Que voulez-vous dire par « courses à travers Venise avec [votre] chariot de métal »?

Un jour, j’ai dû aller chercher les livrets de l’exposition du pavillon canadien. On dirait une tâche facile… mais ça a été toute une aventure! J’ai couru à travers les rues remplies de touristes. J’ai esquivé des Vénitiens buvant des Spritz près du canal. J’ai franchi une multitude de ponts entre des petites îles, en levant le lourd chariot de métal. J’ai fini par arriver à l’imprimerie et j’ai pris les livrets. Sur le chemin du retour vers le pavillon, j’ai pris un vaporetto(bateau). Tout était très calme et je suis arrivé à l’heure. J’aurais peut-être dû prendre le vaporetto à l’aller aussi...

Avez-vous senti un lien avec McGill et le Canada même en étant aussi loin?

Certainement! Quand je le pouvais, je portais fièrement mon t-shirt d’architecture de McGill. Je me sentais comme un ambassadeur de McGill! J’ai aussi vécu un moment spécial pendant lequel j’ai senti une forte connexion avec le Canada. Pendant que j’accueillais des gens au pavillon canadien, le chaud soleil de Venise sur mon visage et l’eau calme des canaux tout près, beaucoup de choses me sont passées dans la tête. Cet échange m’a permis de me questionner sur mon identité. À Venise, mes amis italiens m’appelaient « le Mexicain », mes amis français m’appelaient « le Québécois », et mes amis latino-américains m’appelaient « le Canadien ». Je sentais que mon identité était tout ça ensemble. C’était assez drôle. Au moment où je souhaitais la bienvenue à des étrangers avec un « buongiorno, hello, bonjour », dans cet évènement international, je me sentais comme un ambassadeur canadien.

Qu’est-ce qui a été le plus inspirant pendant la Biennale?

Il y a eu tant de choses inspirantes… Simplement marcher dans les expositions et regarder des idées fascinantes, des bâtiments, des gens et des lieux incroyables me donnait une grande dose d’inspiration. Quelques fois, en regardant certains projets, je me suis senti assez émotif et j’ai eu des papillons dans le ventre.

J’ai aussi eu la chance de rencontrer des personnes incroyables, dont certains de mes héros de l’architecture. L’un d’entre eux était Douglas Cardinal, qui dirigeait l’exposition canadienne UNCEDED: Terres en récit. En courant avec mon chariot en métal, j’ai failli heurter Peter Zumthor, lauréat du Prix Pritzker, sans le blesser, heureusement! On a pris une photo devant un magnifique mur en brique, qu’il avait choisi. J’ai aussi marché brièvement avec Jean Nouvel, également lauréat du Prix Pritzker, et j’ai rencontré Sir David Adjaye. Je ne pouvais pas croire que tout cela était en train d’arriver!

Diriez-vous que c’était une occasion qui arrive une fois dans une vie, ou pensez-vous avoir une autre chance de participer à la Biennale?

Je crois que c’était, certainement, une chance unique, mais une chance qui va se répéter d’une façon ou d’une autre! L’expérience de la Biennale m’a grandement marqué. Mon badge de la Biennale est accroché à la porte de ma chambre, et j’utilise encore mon marque-pages de la Biennale.

En mai 2020, je vais aider l’équipe du pavillon canadien encore une fois! J’avais dit à Tamara que, si possible, j’aimerais assister à toutes les Biennales. J’imagine que j’irai parfois pour fournir mon aide, et parfois pour apprendre et trouver de l’inspiration. Peut-être que j’aurai un jour la chance de présenter mon travail à la Biennale, quand je serai architecte. C’est l’un de mes rêves.

Qu’attendez-vous le plus de votre prochain voyage à Venise?

Je veux aller dans les endroits qui ont de l’importance pour moi, et les endroits que je n’ai pas encore eu la chance de voir. Je veux passer du temps avec des amis qui vivent encore là, parler italien, dessiner les détails architecturaux de Scarpa et les églises de Palladio au lever du soleil, manger des gelati et me perdre dans les rues désertes pendant la nuit.

Dessin de Juan; vue du clocher de la basilique Saint-Georges-Majeur de Palladio
Dessin de Juan; vue du clocher de la basilique Saint-Georges-Majeur de Palladio

Quant à la Biennale, j’ai très hâte de voir ce que les autres pays et architectes vont présenter, et comment mon université d’accueil, Iuav, va contribuer à l’événement. J’ai une affection particulière pour le projet canadien de 2020, Édifices et Artifice (https://impostorcities.com/). Il sera présenté par Thomas Balaban Architect (T B A) et David Theodore, qui est aussi professeur à McGill. Je vais porter fièrement mon t-shirt d’architecture de McGill encore une fois, avec ou sans mon chariot de métal.

 

Pour en savoir plus sur les possibilités d’apprentissage à l’étranger, visitez le site McGill Abroad. (Facebook et Instagram : @mcgillabroad)

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