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Pénuries d’hydroxychloroquine : quand l’enthousiasme pour un éventuel remède affecte les patients

Enquête nationale auprès des rhumatologues révèle que la majorité ont rapporté des difficultés à obtenir ou à renouveler ce médicament
Publié: 25 June 2020

Face à l'optimisme initial du public et des scientifiques quant à l'utilisation de l'hydroxychloroquine (HCQ) comme traitement potentiel de la COVID-19, les professionnels de la santé ont exprimé leurs inquiétudes quant à la pénurie de ce médicament peu coûteux, largement utilisé dans le traitement de plusieurs maladies rhumatismales telles que l'arthrite. Une nouvelle enquête nationale auprès des rhumatologues, menée par des chercheurs du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), montre que la plupart d'entre eux ont rapporté des difficultés à obtenir ou à renouveler ce médicament.

Les trois quarts des répondants (76 %) étaient préoccupés par la pénurie de HCQ, tandis que 60 % avaient été contactés par des pharmacies ou des patients au sujet de difficultés d’accès ou de renouvellement de l’HCQ. Le problème était beaucoup plus apparent au Québec, où 90 % des rhumatologues ont signalé des problèmes d’accès à l’HCQ. En moyenne, les rhumatologues québécois ont signalé environ 10 fois plus de patients affectés que dans les autres provinces (médiane de 50 patients par médecin au Québec contre 5 dans le reste du Canada). Au total, 531 rhumatologues canadiens ont été contactés entre le 14 et le 24 avril 2020, et 134 ont répondu à l’enquête dont les résultats ont été publiés dans la revue Annals of the Rheumatic Diseases.

Les auteurs notent que « l’expérience substantiellement différente des rhumatologues québécois peut en outre être une conséquence non intentionnelle des stratégies systémiques d’atténuation pour gérer les pénuries imminentes de HCQ de façon proactive ». Les autorités sanitaires québécoises ont restreint l’accès à l’HCQ pour toutes les indications excepté le lupus érythémateux systémique (LED) (ainsi que pour les femmes enceintes et les enfants), afin de protéger ces groupes vulnérables.

« En limitant l’accès à l’HCQ à ces seuls groupes, le médicament est devenu indisponible pour tous les autres patients. Avec 1 % de la population québécoise atteinte de polyarthrite rhumatoïde, dont beaucoup prennent de l’HCQ, cette restriction a énormément affecté les patients atteints de maladies rhumatismales et leurs soignants », explique l’auteure principale du texte, la Dre Evelyne Vinet, scientifique au programme Maladies infectieuses et immunité en santé mondiale de l’IR-CUSM et professeure agrégée au Département de médecine de l’Université McGill. « Les impacts cliniques des pénuries pour ces patients restent inconnus et méritent une attention particulière ».

L’étude

L'étude Hydroxychloroquine shortages during the COVID-19 pandemic par Arielle Mendel, Sasha Bernatsky, Carter Thorne, Diane Lacaille, Sindhu R Johnson, et Evelyne Vinet a été publié dans la revue Annals of the Rheumatic Diseases.

DOI : http://dx.doi.org/10.1136/annrheumdis-2020-217835

L’Université McGill

Fondée en 1821 à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Établissement d’enseignement supérieur renommé partout dans le monde, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans deux campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 étudiants internationaux représentant 31 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.

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