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Retracer les origines de l’autisme

Publié: 29 August 2017

Les anomalies apparaissent d’abord dans les réseaux cérébraux intervenant dans le traitement des informations sensorielles

Les origines de l’autisme demeurent un mystère. Quelles sont les régions du cerveau touchées par le désordre et à quel moment les premiers signes de cette dernière se manifestent-ils? Les résultats d’une nouvelle étude publiée dans la revue Biological Psychiatry permettent maintenant aux scientifiques de mieux comprendre les mécanismes pathologiques de l’autisme et le moment où le désordre commence à prendre forme dans le cerveau humain. Forts de ces nouvelles connaissances, les spécialistes pourront intervenir plus rapidement et obtenir de meilleurs résultats chez les enfants autistes.

Les scientifiques ont eu recours à un type d’imagerie par résonance magnétique (IRM) appelé « IRM de diffusion » afin de mesurer la connectivité cérébrale chez 260 nourrissons à l’âge de 6 et de 12 mois. Ces enfants étaient exposés à un risque faible ou élevé d’autisme. En mesurant la longueur et la force des connexions entre diverses régions du cerveau, les chercheurs ont estimé l’efficacité des réseaux, paramètre qui permet de déterminer dans quelle mesure chaque région est connectée aux autres. Les résultats d’une étude précédente réalisée chez des enfants de 24 mois avaient permis de conclure que l’efficacité des réseaux chez les enfants autistes était plus faible dans les régions du cerveau intervenant dans le langage et d’autres comportements liés à l’autisme. La présente étude visait à déterminer la précocité de l’apparition de ces anomalies.

John Lewis, auteur principal de l’étude et chercheur à l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal de l’Université McGill et au Centre Ludmer en neuroinformatique et santé mentale, a découvert que des altérations de l’efficacité des réseaux existaient déjà chez des nourrissons de six mois chez qui un diagnostic d’autisme avait par la suite été posé. Ces altérations touchaient le cortex auditif. Il a également découvert que l’importance des altérations observées à six mois était corrélée à la gravité des symptômes autistiques à 24 mois. Lorsque les enfants vieillissaient, l’importance des altérations de l’efficacité observées dans les régions cérébrales responsables de la vision et du toucher ainsi que dans un plus grand nombre de régions intervenant dans l’audition et le langage était également corrélée à la gravité des symptômes.

Il est important de déceler les tout premiers signes de l’autisme, car le diagnostic peut alors être posé avant l’apparition des modifications du comportement, ce qui permet d’intervenir plus rapidement et d’accroître les chances d’obtenir de meilleurs résultats. Le fait d’avoir découvert que les dysfonctionnements neuronaux liés à l’autisme surviennent d’abord dans les régions du cerveau qui participent au traitement des informations sensorielles permet aux chercheurs de restreindre le nombre de facteurs et de mécanismes génétiques susceptibles de causer le désordre. La présence de signes neurologiques dès l’âge de six mois permet également d’exclure certains facteurs environnementaux des causes possibles du désordre.

« Notre objectif était de déterminer le moment et l’endroit où les altérations de l’efficacité des réseaux cérébraux se manifestent en premier lieu », souligne John Lewis. « Les résultats que nous avons obtenus indiquent qu’il existe des anomalies dès l’âge de six mois dans le cerveau des nourrissons qui présenteront plus tard un trouble du spectre de l’autisme, et que ces anomalies précoces touchent les régions participant au traitement des informations sensorielles et non dans les régions intervenant dans les fonctions cognitives supérieures. Nous espérons que les résultats de notre étude permettront de mieux comprendre les mécanismes à l’origine du trouble du spectre de l’autisme et de mettre au point des interventions efficaces. »

Ces travaux ont été réalisés dans la foulée de l’Infant Brain Imaging Study (IBIS), une initiative conjointe coordonnée par des chercheurs de l’Institut neurologique de Montréal et de quatre établissements cliniques situés aux États-Unis visant à réaliser une étude longitudinale reposant sur l’analyse de données comportementales et d’imagerie cérébrale obtenues chez des nourrissons exposés à un risque élevé d’autisme.

Ces travaux ont été financés par une subvention des Instituts nationaux de la santé des États-Unis, par le Programme de recherche en neurodéveloppement de la Fondation Azrieli en partenariat avec la Fondation Brain Canada grâce au Fonds canadien de recherche sur le cerveau (soutenu financièrement par Santé Canada) ainsi que par des subventions d’Autism Speaks, de la Simons Foundation, de la Fondation canadienne pour l’innovation, du gouvernement du Québec, du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, du Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies et de la Fondation Marcelle et Jean Coutu.

À propos de l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal (le Neuro)

L’Institut et hôpital neurologiques de Montréal, le Neuro, est un chef de file mondial dans le domaine de la recherche sur le cerveau et des soins de pointe. Depuis sa création en 1934 par le célèbre neurochirurgien Dr Wilder Penfield, le Neuro connaît une croissance inégalée qui en fait le plus grand établissement de recherche et de soins cliniques spécialisé en neurosciences au Canada, et l’un des plus importants sur la scène internationale. L’intégration féconde de la recherche, des soins aux patients et de la formation par les plus éminents spécialistes à l’échelle mondiale placent le Neuro dans une position unique en matière de connaissance et de traitement des affections du système nerveux. En 2016, le Neuro est devenu le premier institut au monde à adhérer complètement à la philosophie de la science ouverte, ce qui a donné naissance à l’Institut de science ouverte Tanenbaum. L’Institut neurologique de Montréal est un institut de recherche et d’enseignement de l’Université McGill. L’Hôpital neurologique de Montréal fait partie de la mission en neurosciences du Centre universitaire de santé McGill.

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