Nouvelles

Ce que vos mouvements disent sur vos émotions

Les mouvements de la tête jouent un rôle important pour traduire les émotions de celui qui parle ou chante. Laissez votre tête parler.

Publié: 27 October 2015

Lorsque les gens parlent ou chantent, ils hochent, inclinent ou penchent souvent la tête pour renforcer leurs messages verbaux. Mais jusqu’à quel point ces mouvements de la tête sont-ils efficaces pour traduire les émotions?

Selon des chercheurs de l’Université McGill, à Montréal, ils sont très efficaces. Steven R. Livingstone et Caroline Palmer, du Département de psychologie de McGill, ont découvert que les gens interprétaient les émotions avec beaucoup d’exactitude en se basant uniquement sur les mouvements de la tête, et ce, même en l’absence de sons ou d’expressions faciales.

Selon les chercheurs, cette découverte suggère que l’information visuelle sur l’état émotionnel provenant des mouvements de la tête pourrait contribuer à la mise au point de systèmes automatisés de reconnaissance des émotions ou de robots capables d’interagir avec les humains. Des robots expressifs pourraient assumer de nombreuses fonctions, particulièrement lorsque les communications face à face sont importantes, comme c’est le cas au comptoir d’accueil des hôtels ou pour la prestation de soins aux personnes âgées.

Suivre le mouvement, pas le son

À l’aide d’appareils de capture du mouvement permettant de suivre les gestes de la tête, les professeurs Livingstone et Palmer ont enregistré des vocalistes pendant qu’ils parlaient ou chantaient en exprimant diverses émotions. Les chercheurs ont ensuite présenté ces vidéos à des spectateurs en coupant le son et en dissimulant les expressions faciales des chanteurs, de sorte que seuls les mouvements de leur tête demeuraient visibles. Ils ont ensuite demandé aux spectateurs d’identifier les émotions que les chanteurs tentaient d’exprimer.

« Nous avons découvert que lorsque les gens parlent, la façon dont ils bougent la tête est révélatrice des émotions qu’ils expriment. Nous avons également remarqué que les gens peuvent identifier les émotions de leur interlocuteur avec une remarquable précision en observant uniquement les mouvements de sa tête », précise la professeure Palmer, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en neuroscience cognitive de la performance.

Un pub bruyant, source d’inspiration pour la recherche

« Si les mouvements de la tête pour exprimer la joie et la tristesse étaient différents, ils étaient remarquablement similaires pour ce qui est de la parole et du chant, et ce, en dépit de différences au chapitre de l’acoustique vocale », affirme le professeur Livingstone, ancien boursier postdoctoral au laboratoire de la professeure Palmer et maintenant boursier postdoctoral à l’Université McMaster. « Bien que nos travaux aient porté sur des sujets qui s’exprimaient en anglais nord-américain, le fait d’axer nos observations sur les mouvements de la tête nous a permis d’étudier la communication émotionnelle dans des contextes où les interlocuteurs s’exprimaient en différentes langues. »

C’est dans un pub bruyant qu’est née l’idée de réaliser cette étude. « Un soir, à Montréal, je me trouvais dans un bar avec mes collègues du laboratoire », explique le professeur Livingstone. « C’était une soirée très animée, l’endroit était bondé, les lumières tamisées, et la musique jouait à tue-tête. À un moment donné, mon ami s’est mis à me parler; je savais qu’il était emballé par quelque chose, mais je ne comprenais pas ce qu’il disait et ne pouvais distinguer clairement son visage. J’ai soudain réalisé que c’était la façon animée dont il bougeait la tête qui m’a permis de saisir ce qu’il essayait de me dire. »

« Notre découverte pourrait mener à de nouvelles applications destinées à des situations où l’on ne peut percevoir les sons ‒ comme la reconnaissance automatique des états émotionnels en présence de foules ou de déficience auditive ‒, et qui reposent sur l’observation des mouvements de la tête lorsqu’une personne parle », ajoute la professeure Palmer. « Elle trouve également des applications dans les domaines de l’informatique et de la robotique, où l’ajout de mouvements expressifs de la tête pourrait contribuer à rendre les robots humanoïdes plus réalistes et approchables. »

Cette étude a été financée en partie par une bourse de recherche postdoctorale du programme FONCER du CRSNG octroyée au professeur Steven R. Livingstone, ainsi que par une chaire de recherche du Canada et une bourse du CRSNG octroyées à la professeure Caroline Palmer.

L’article « Head Movements Encode Emotions During Speech and Song" », par Steven R. Livingstone et Caroline Palmer a été publié dans la revue scientifique Emotion.  

DOI : http://dx.doi.org/10.1037/emo0000106

 

 

Back to top