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L’eau potable des côtes plus vulnérable à la consommation d’eau qu’au changement climatique

Publié: 21 February 2012

Selon une étude menée par des géoscientifiques de l’Université de la Saskatchewan et de l’Université McGill de Montréal, l’activité humaine menace probablement plus les eaux souterraines du littoral utilisées pour l’alimentation en eau potable que ne le fait l’augmentation du niveau de la mer causée par le changement climatique.

Grant Ferguson, du Département de génie civil et géologique de l’Université de la Saskatchewan, et Tom Gleeson, du Département de génie civil de McGill, ont examiné des données de plus de 1 400 bassins hydrographiques côtiers. Ils ont constaté qu’à l’exception de zones littorales très plates qui peuvent être inondées d’eau de mer – rares en Amérique du Nord –, la plupart des aquifères côtiers sont relativement épargnés par l’augmentation du niveau de la mer.

Ce qui nuit à ces aquifères, c’est le pompage d’eau de puits pour l’eau potable, les besoins locaux et l’irrigation.

« Ces dernières années, l’essentiel des recherches concernait les effets du changement climatique sur les eaux souterraines côtières, mais ceux de l’augmentation de la demande d’eau pourraient être plus importants », dit le professeur Ferguson. « C’est particulièrement vrai dans les villes et municipalités côtières en expansion où les eaux souterraines sont souvent une importante source d’eau. »

Les aquifères sont des formations géologiques comme du sable ou du gravier qui sont saturées d’eau, à la manière d’une éponge. Les puits tirent de l’eau douce de ces aquifères, qui se reconstituent avec les eaux de surface comme la pluie et la fonte de la neige.

Or, les aquifères du littoral sont bordés sur un côté par de l’eau de mer qui peut migrer dans la formation – et dans les puits – si une quantité trop grande d’eau douce est puisée. De même, avec l’augmentation du niveau de la mer, l’eau de mer peut s’infiltrer dans la formation. À ce jour, seuls les problèmes liés au pompage ont été documentés au Canada.

« Comme les aquifères côtiers sont très vulnérables à l’augmentation de la demande d’eau, nous pouvons réellement concevoir des politiques éclairées », souligne le professeur Gleeson. « Nous pouvons réduire la consommation des eaux souterraines en zone littorale ou gérer l’utilisation des eaux souterraines de façon judicieuse. »

Mondialement, on estime qu’un milliard de personnes vivent en zone littorale et que nombre d’entre elles dépendent des eaux souterraines. Au Canada, environ 25 pour cent des habitants ont besoin des eaux souterraines, certaines régions étant presque totalement tributaires de la ressource.

L’article « Vulnerability of coastal aquifers to ground water use and climate change » (Vulnérabilité des aquifères côtiers à l’utilisation des eaux souterraines et au changement climatique) a été publié en ligne le 19 février dans Nature Climate Change. La recherche a en partie été réalisée grâce au soutien du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et de l’Institut canadien de recherches avancées (ICRA). Le professeur Gleeson est boursier junior de l’ICRA.

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