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Une carte du monde centrée sur l'humain

Publié: 26 November 2007

Des chercheurs en environnement suggèrent que le facteur humain a une incidence plus importante sur la planète que « les forces naturelles »

Les écologistes accordent trop d'importance aux écosystèmes « vierges » de plus en plus rares et ne tiennent pas suffisamment compte de la grande influence du facteur humain sur l'environnement, selon des chercheurs de l'Université McGill et de l'University of Maryland, comté de Baltimore (UMBC).

Le professeur Erle Ellis de l'UMBC et le professeur Navin Ramankutty de McGill font valoir que le système actuel de classification des écosystèmes en biomes (ou en éco-communautés), notamment les forêts tropicales humides, les pâturages et les déserts, peut induire en erreur. Ils proposent plutôt un modèle entièrement nouveau de biomes « anthropiques » centrés sur le facteur humain, dans la parution du 19 novembre de la revue Frontiers in Ecology and the Environment.

« Les écologistes se rendent dans les régions éloignées de la planète afin d'étudier les écosystèmes vierges, mais personne n'étudie l'écosystème dans sa cour », indique Navin Ramankutty, professeur adjoint du département de géographie et du programme de sciences du système terrestre. « Il est temps de nous doter d'instruments dans notre cour, au propre comme au figuré, afin d'étudier ce qui se passe au niveau du fonctionnement de l'écosystème. »

Les systèmes de classification des biomes en place reposent sur des facteurs liés à l'environnement naturel comme les structures des plantes, les types de feuilles, la distance d'écartement des végétaux et le climat. Le système Bailey, créé dans les années 70, répartit l'Amérique du Nord en quatre biomes fondés sur le climat, à savoir : le climat polaire, le climat tempéré humide, le climat sec et le climat tropical humide. Le système national de classification écologique des terres du Fonds mondial pour la nature (FMN) identifie 14 biomes principaux, notamment la toundra, la forêt boréale, la forêt tempérée de résineux ainsi que le désert et l'arbustaie sèche. Quant à eux, les chercheurs Ellis et Ramankutty proposent un système de biomes anthropiques complètement nouveau appelé « anthromes », qui inclut de grands terrains résidentiels, des habitats groupés, des villages et des terres cultivées.

« Il y a plusieurs millions d'années, nous avons eu des cycles glaciaires et interglaciaires et le climat a connu des mutations profondes de même qu'il y a eu des revirements radicaux dans les écosystèmes », explique M. Ramankutty. « De nos jours, le facteur humain sur la planète se trouve presque à la même échelle. Près de 30 à 40 % de la surface terrestre du monde est actuellement utilisée uniquement pour cultiver des aliments et pour les animaux à pâturage à l'intention de la population humaine. »

Les chercheurs allèguent que les pratiques d'utilisation des terres pour les humains ont fondamentalement nuit à la planète. « Notre analyse s'est révélée très surprenante », mentionne M. Ramankutty. « Seul 20 % de la surface terrestre mondiale libre de glace est vierge. Le reste présente une influence anthropique. Ainsi, si vous étudiez un paysage vierge, vous étudiez vraiment uniquement environ 20 % du monde. »

« Si vous voulez vous orienter vers un avenir durable et réintégrer des écosystèmes, il vous faut accepter le fait que les humains sont là pour rester et que toute restauration doit comprendre des activités humaines », ajoute-t-il.

Vous trouverez une entrevue audio en ligne d'une durée de 10 minutes avec le professeur Ramankutty à l'adresse Web suivante : http://mediasite.campus.mcgill.ca/ramankutty.mp3.

Graphiques et cartes interactives des anthromes et une vue d'ensemble sur le sujet se trouvent au : www.eoearth.org/article/Anthropogenic_biomes.

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