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Derrière les traces de dinosaures : un écosystème de la taille d’un continent

Publié: 19 April 2010

Des chercheurs mcgillois découvrent une première preuve indiquant qu'un climat chaud  et modéré a permis la formation d'une communauté de dinosaures homogène et très vaste étendue aux quatre coins de l'Amérique du Nord

Des chercheurs de l'Université McGill ont dévoilé les mystères entourant les habitudes peu connues de dinosaures, en découvrant que l'ensemble de l'intérieur occidental de l'Amérique du Nord a déjà été occupé par une seule communauté de ces mammifères. Selon une analyse statistique du tracé fossilifère, les dinosaures étaient aptes à conjuguer avec différents modèles environnementaux et leur présence ne se serait pas limitée à certains espaces géographiques restreints, contrairement à ce que l'on croyait jusqu'à présent.

Ces données ont été mises au jour par deux chercheurs de l'Université McGill : le professeur Hans Larsson et le doctorant Matthew Vavrek. À l'aide de renseignements puisés dans la Base de données en paléobiologie (http://www.paleodb.org/), les chercheurs ont découvert une différence minimale entre les espèces répertoriées dans les différentes régions nord-américaines. Cette différence est suffisamment faible pour conclure à la présence d'une seule faune homogène. Les informations colligées revêtent une importance considérable, car elles confirment la possibilité que la superficie des écosystèmes de dinosaures ait été équivalente à celles de continents. L'article traitant de cette recherche paraîtra dans le numéro du 19 avril du journal Proceedings of the National Academy of Sciences.

L'équipe de McGill s'est concentrée sur la diversité alpha, soit le nombre d'espèces dans une région donnée, plutôt que sur la diversité bêta, qui traite des différences répertoriées entre les espèces occupant deux régions distinctes. Les travaux menés indiquent une faible biodiversité bêta parmi ces dinosaures, présentant des valeurs comparables à celle d'espèces qui vivent aujourd'hui au sein de climats homogènes, mais à de plus petites échelles géographiques. « Il s'agit de données importantes, car il existe peu d'espèces analogues actuellement répertoriées au sein de mégafaunes terrestres complètes et vivant dans un climat d'une stabilité similaire. Ces données fournissent une perspective éclairante quant à l'ampleur des communautés qui existaient à l'époque. À l'issue d'une collecte de données sur les dinosaures en Amérique du Nord qui s'est échelonnée sur plus d'un siècle, l'on a conclu que l'on pouvait trouver, dans une région occidentale nord-américaine donnée, environ 16 catégories d'espèces, tout juste avant leur extinction massive », a expliqué le professeur Larsson, titulaire d'une chaire de recherche du Canada en macroévolution.

Disparus depuis longtemps, les dinosaures sont bien plus que des fossiles, car l'étude de leur espèce ouvre la voie à une mégafaune d'une extrême complexité qui répondait aux besoins de leur environnement. Et bien que ces mammifères n'existent plus, ils nous permettent de comprendre l'écologie où vit l'espèce animale contemporaine. « Malgré leur apparence, les dinosaures possédaient des caractéristiques qui, sur le plan écologique, s'apparentent largement aux mammifères de notre époque. En plus d'avoir colonisé et dominé de très vastes étendues, ils bénéficiaient d'une latitude beaucoup plus grande que ce que l'on peut imaginer », a précisé Matthew Vavrek.

En examinant un créneau temporel, soit la dernière époque stratigraphique du Maastrichtien (il y a 71-65 millions d'années) ainsi que l'ensemble des espèces connues de dinosaures ayant occupé la région intérieure occidentale d'Amérique du Nord, le duo de chercheurs a conclu à l'absence de multiples régions fauniques. « Nos résultats indiquent une faible diversité bêta et soutiennent la présence d'une seule communauté sur l'ensemble de la région intérieure occidentale. La présence d'un écosystème étendu est vraisemblablement attribuable au climat homogène que connaissait cette région à l'époque. L'aspect le plus intéressant lié à ces résultats est la possibilité qui nous est désormais donnée de poser encore plus de questions relativement à l'ampleur d'une telle communauté animale. Ont-ils migré? Existait-il une quantité adéquate de flux génétiques entre les populations régionales? Ou leur présence s'explique-t-elle par une combinaison de ces deux possibilités? Dans quelle mesure cette vaste communauté mégafaunique a-t-elle influencé les autres animaux et les plantes à l'échelle régionale et continentale? Nous n'avons qu'effleuré l'écologie du monde des dinosaures », a conclu le Hans Larsson.

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