À l’Université McGill, les stages d’été en recherche ne se déroulent pas tous dans des laboratoires de science! En effet, grâce aux Bourses de stage en recherche de la Faculté des arts (connues sous l’acronyme anglais « ARIA »), des dizaines d’étudiants au premier cycle de la Faculté des arts sont rétribués pour faire de la recherche sous la direction d’un membre du corps professoral dans des domaines divers, de l’anthropologie aux arts visuels.
L’étudiant reçoit une bourse de 2 500 $ et un versement de contrepartie de 2 500 $ de son directeur de stage, pour un total de 5 000 $. Le stagiaire fait de la recherche qualitative et quantitative qui exige rigueur, discipline et initiative, contribuant grandement du même coup aux travaux du professeur.
Depuis le lancement du programme, en 2010, 490 étudiants ont reçu une bourse ARIA, pour un total de 1,8 million de dollars provenant en partie de dons de diplômés mcgillois.
Une expérience précieuse
Pour les étudiants, l’élément le plus intéressant de ce programme est l’acquisition d’une précieuse expérience de recherche susceptible d’ouvrir des perspectives professionnelles.
C’est exactement ce que le stage ARIA a apporté à Malicka Ouedraogo, étudiante de troisième année en psychologie.
« Ce stage m’a permis de savoir si les études supérieures étaient faites pour moi », dit-elle. Malicka a mené son travail de recherche sur l’affirmation des valeurs noires (The Importance of Affirming Black Values) sous la direction de la Pre Régine Debrosse, de l’École de travail social de la Faculté des arts. Les deux femmes se sont rencontrées à l’automne 2021 par l’entremise du programme de mentorat de l’Association des diplômés noirs de McGill, et la Pre Debrosse a encouragé Malicka à demander une bourse ARIA.
Une passion est née
« La démarche de recherche interdisciplinaire de la Pre Debrosse a éveillé mon intérêt pour la psychologie sociale, le développement de l’enfant et l’identité raciale. Je me suis découvert une passion pour la recherche », explique Malicka, qui se dirige vers des études aux cycles supérieurs en psychologie clinique.
« C’était beau de voir son intérêt pour la recherche s’épanouir au fil de l’été, se remémore la Pre Debrosse. J’ai trouvé ça gratifiant de la voir réaliser et interpréter des analyses statistiques de plus en plus complexes, alors qu’au début de l’été, elle n’avait jamais utilisé un logiciel comme SPSS… Elle a fait des progrès fulgurants! »
Pendant son stage, Malicka a appris à coder des données à l’aide de SPSS Statistics – suite logicielle utilisée pour la gestion de données et l’analyse statistique poussée – ainsi qu’à réaliser et à interpréter des analyses de variance, pour ensuite situer les résultats par rapport à l’ensemble des données publiées sur le sujet.
« Des compétences comme celles-là diminuent notablement le niveau de difficulté de nombreux cours sur les méthodes de recherche et la statistique », se réjouit Malicka.
Voyage de recherche au Népal
Taarini Andlay, étudiante de deuxième année en développement international, a travaillé à son étude sur la satisfaction professionnelle des Népalaises (Women’s Job Satisfaction in Nepal: A Sociological Analysis using a Human Development Lens) sous la direction de la Pre Sarah Brauner-Otto, du Département de sociologie. Après avoir suivi le cours SOCI 234: Population and Society de la Pre Brauner-Otto, Taarini lui a présenté son projet ARIA.
« Mon principal champ d’intérêt est le développement en Asie du Sud, précise l’étudiante. Lorsque j’ai appris que la Pre Brauner-Otto faisait de la recherche au Népal, je me suis dit que je ne pouvais pas laisser passer une si belle occasion. »
Taarini s’attendait à apprendre à se servir d’un logiciel de statistique et à réaliser une revue de la littérature sur un sujet sociologique lié au travail des femmes au Népal. Mais une surprise de taille l’attendait : son stage ARIA a débuté par un voyage au Népal, où elle a fait de la recherche préliminaire contextuelle.
« Ce séjour dans un institut de recherche du Népal m’a permis de me familiariser avec le protocole institutionnel, souligne-t-elle. En faisant des entrevues avec des résidents qui parlaient népalais, j’ai découvert comment contourner la barrière de la langue grâce à des interprètes et comment me comporter sur le terrain. »
« Taarini est une jeune femme drôlement brillante et très consciente des multiples conflits et incohérences qui sévissent dans le monde qui l’entoure, commente la Pre Brauner-Otto. Nous avons eu de nombreuses conversations profondes sur notre étude, sur les retombées concrètes de la recherche – notamment en Inde, son pays d’origine – et sur divers enjeux de société. »
Tout comme Malicka, Taarini a appris à se servir d’un logiciel de statistique et à organiser un ensemble de données en alliant logique et créativité, compétences qui seront très certainement indispensables pour la suite de son parcours universitaire.
« En travaillant avec des données, en recodant des variables et en passant des commandes dans un logiciel de statistique, je me suis rendu compte que j’aimais bien travailler avec des chiffres et les analyser, confie Taarini. J’ai pris conscience de l’importance de la collecte de données pertinentes et des réelles retombées qu’elles peuvent avoir dans la vie des gens lorsqu’elles servent de base à l’élaboration de politiques. Tellement que j’envisage de faire carrière en politiques publiques, plus précisément en conception et en recherche, une chose à laquelle je n’avais jamais pensé auparavant! »
Un encadrement stimulant
Les rencontres régulières avec le directeur ou la directrice de stage sont un aspect fondamental du programme ARIA. Ainsi, Taarini et Malicka s’assoyaient avec leur directrice de stage une fois par semaine pour faire le point sur leurs progrès et parler des problèmes auxquels elles se heurtaient. « Pendant tout mon stage, la Pre Debrosse m’a bien accompagnée et n’a pas été avare de son temps, se remémore Malicka. Le soutien émotionnel qu’elle m’a apporté m’a motivée à aller plus loin dans mon apprentissage et à atteindre mes objectifs. »
Le témoignage de Taarini va dans le même sens. « Du début à la fin de mon stage, la Pre Brauner-Otto m’a tellement encouragée et a répondu patiemment à mes questions, dit-elle. J’ai eu des conversations vraiment enrichissantes avec elle sur toutes sortes de sujets et j’ai énormément appris en écoutant son point de vue sur des questions fondamentales. Je lui suis profondément reconnaissante de m’avoir solidement épaulée et d’avoir accepté de travailler avec moi à une étude ARIA pendant l’été! »
Pleins feux sur la recherche de premier cycle
Vers la fin de leur travail de recherche, les boursiers ARIA doivent présenter leurs résultats sous forme d’affiches. Ces affiches sont exposées lors de l’événement annuel Recherche de premier cycle à la Faculté des arts, qui se tient habituellement à l’automne.
Le programme ARIA a été créé il y a 12 ans par Christopher Manfredi, fait observer Anne Turner, directrice du Programme de stages de la Faculté des arts. Aujourd’hui principal par intérim de l’Université, le Pr Manfredi était alors doyen de la Faculté des arts et estimait que l’offre de recherche au premier cycle était maigre dans sa faculté, en particulier pour les étudiants désireux d’embrasser une carrière universitaire. Il a donc fondé le programme, financé en grande partie par des dons et par les subventions de recherche des professeurs participants. Le programme reçoit également l’appui financier de l’Association étudiante de la Faculté des arts et du Fonds de développement du doyen de la Faculté des arts de l’Université McGill.