Innover dans l’enseignement en temps de COVID-19

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Comment Maha Daoud a su relever le défi de l’enseignement à distance en pleine pandémie

Avec la pandémie qui s’est déclarée, les établissements d’enseignement ont dû revoir en un temps record leur façon de considérer l’enseignement et l’apprentissage. Partout sur le globe s’est rapidement imposé le même constat : il faudrait repenser les méthodes d’instruction en ligne pour préserver la motivation des étudiants. Possiblement plus difficile encore, il fallait répondre aux besoins des apprenants adultes aux origines diverses et aux professionnels qui allient études et travail à temps plein. 

Comme bien d’autres instructeurs à travers le monde, Maha Daoud, conseillère en ressources humaines agréée et coordonnatrice du milieu des programmes de RH à l’École d’éducation permanente de McGill, s’inquiétait de l’effritement de la connexion humaine qui s’établit lors des interactions en personne avec ses étudiants. Mais malgré ses problèmes logistiques apparents, l’environnement d’enseignement en ligne présente aussi une myriade de nouvelles possibilités pour capter l’attention des étudiants. Maha est donc retournée à la planche à dessin pour déterminer quelles difficultés présenterait ce nouveau format d’instruction et trouver des stratégies créatives pour les solutionner une à une afin d’offrir l’enseignement dynamique, cordial et de première qualité qui l’a toujours caractérisée. 

Nous avons discuté avec elle des outils et des stratégies qu’elle a employés pour convertir au numérique ses cours aux adultes tout en assurant à ces derniers la meilleure expérience possible dans leur cheminement personnel et professionnel. 

Pourquoi est-ce qu’il vous paraissait important de repenser la manière de donner les cours après le virage numérique? 

Lorsque la pandémie a frappé et que nous avons dû passer à l’enseignement à distance, j’ai réalisé que bêtement copier l’approche en personne ne répondrait pas aux besoins des étudiants : beaucoup se connectent en classe à partir de fuseaux horaires différents, certains doivent travailler à temps plein tout en s’occupant des enfants à la maison, etc. 

À quels grands problèmes est-ce que vous vous attendiez? Comment les avez-vous réglés? 

Ce qui a changé, c’est ma façon de communiquer avec les étudiants. Avant la pandémie, lorsque je leur enseignais en personne, je faisais la plupart de mes annonces par courriel. Mais depuis le passage à l’enseignement à distance le semestre dernier, j’essaie autant que possible de maintenir le contact avec eux. Avant chaque session, j’enregistre une brève vidéo de mon bureau à domicile où je les accueille chez moi et leur fais savoir que même pour moi, les frontières entre les espaces personnel et professionnel se sont brouillées, et donc que je comprends l’épreuve qu’ils traversent. Je leur demande également d’allumer leurs caméras pour établir une connexion personnelle au lieu de simplement parler à un écran vide. Cette façon de faire m’a aidée à bâtir une relation de confiance où la collaboration et le respect sont les mots d’ordre. 

Ces derniers mois, mes classes ont souvent coïncidé avec des points de presse gouvernementaux : mes étudiants arrivaient au cours fraîchement ébranlés par l’annonce des nouvelles restrictions ou des derniers bilans... Pour les mettre à l’aise et les aider à se concentrer sur la matière, je leur demandais d’écrire leurs états d’âme avant que nous entamions le cours. À la fin de la séance, je leur demandais à nouveau comment ils se sentaient. La plupart avaient meilleur moral, maintenant qu’ils avaient pu se concentrer sur autre chose pendant quelques heures. 

J’ai aussi instauré une « zone libre de jugement » : tout le monde a le droit de poser des questions, et aucune ne sera jugée ridicule. Plusieurs en profitent pour me faire part de leurs interrogations sur leur situation professionnelle. Dans nos cours de RH, nous traitons de toutes sortes de dilemmes éthiques, et les étudiants sont libres de soumettre des cas vécus au groupe. Si une question est particulièrement épineuse ou ne se rapporte pas vraiment à la matière, je les invite à fixer une rencontre individuelle avec moi pour l’explorer en profondeur. 

Comment avez-vous réinventé vos cours en version numérique? 

J’ai ajusté la durée, le format et I’horaire de mes cours. Avant, je faisais alterner les séances de théorie, d’étude de cas et de travail en équipe, mais maintenant, j’ai adapté mon modèle à l’apprentissage à distance. Au lieu d’avoir des classes sur Zoom de 18 h à 21 h, j’enregistre la théorie de manière asynchrone pour que les étudiants puissent absorber la matière selon leurs propres rythme et horaire. 

J’ai aussi intégré à mon cours un manuel électronique qui s’accompagne de plusieurs questionnaires et vidéos; les étudiants peuvent ainsi lire l’ouvrage et vérifier leurs réponses en simultané. Ils voient les notions théoriques à leur rythme, et lorsque nous nous réunissons en temps réel, j’essaie de rendre l’instruction interactive en les faisant discuter des sujets et réfléchir aux questions en petits groupes. 

Comme j’ai des élèves des quatre coins du monde – Londres, Émirats arabes unis, Liban, etc. – qui suivent mes cours, j’ai dû faire des concessions vu leurs fuseaux horaires. Par exemple, pour les présentations de groupe, je leur permets de préenregistrer leur partie s’ils ne peuvent être des nôtres pendant la séance. Je publie aussi les minitests pendant une semaine sur myCourses pour leur donner amplement le temps d’y répondre. 

Enfin, j’ai établi un système de mentorat pour les séances d’étude de cas. Les étudiants sont mis par deux et agissent à tour de rôle comme mentor de l’autre au cours du semestre. Cette méthode leur apprend à collaborer ainsi qu’à bâtir et à renforcer la relation avec leurs pairs. 

Que faites-vous d’autre pour que vos étudiants aient la meilleure expérience possible? 

J’essaie de rendre mes cours aussi intéressants que possible et de me montrer ouverte envers mes étudiants pour qu’ils soient à leur tour à l’aise de s’ouvrir à moi. J’essaie de leur remonter le moral et de les épauler dans leurs épreuves sur le plan de la santé mentale en leur présentant des ressources et en les conseillant sur la pratique de la pleine conscience. Je me fais également disponible hors des heures de cours, si jamais ils ont besoin de plus.  

Quelle a été la réaction des étudiants à votre nouvelle approche? 

Une étudiante m’a dit que cette nouvelle approche dépassait ses attentes par rapport à l’apprentissage en ligne. Beaucoup ont pris le temps de m’écrire personnellement pour me dire à quel point ils avaient aimé le format du cours ainsi que les activités en ligne et les interventions des conférenciers invités.

À propos de Maha Daoud 

Conseillère en ressources humaines agréée qui a l’expérience du milieu de l’enseignement, de la consultation et de la formation, Maha Daoud travaille actuellement à l’École d’éducation permanente de McGill en tant que chargée de cours et coordonnatrice du milieu des programmes de RH. Elle a comme responsabilité première de mettre les programmes à jour pour qu’ils puissent répondre aux besoins du marché du travail. Elle doit aussi faire le lien entre les formateurs, les étudiants et le département afin de conserver les normes d’enseignement et d’aider les étudiants à atteindre leurs objectifs professionnels. 

Pour en savoir plus sur les programmes de gestion des ressources humaines à l’École d’éducation permanente de McGill, visitez mcgill.ca/scs-hr

 

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