Rencontres Otium

Reproduction d'une toile médiévale représentant une rencontre entre clercs

Co-organisées par l'AGELF et l'ADELFIES, les rencontres Otium ont pour but d'offrir des conférences destinées en premier lieu aux étudiant.e.s du premier cycle et préparées par des étudiant.e.s des cycles supérieurs.

2018

 

Analyse littéraire et critique génétique du récit L’amélanchier de l’écrivain québécois Jacques Ferron

Julien Vallières | Université McGill, 13 mars 2018

Nous mettrons à profit les recherches récentes menées en vue de la préparation d’une nouvelle édition du livre. Interrogeant les conditions de la filiation, L’amélanchier fond un projet autobiographique, de nature romanesque, par lequel il se rattache à une constellation de textes publiés au cours de la décennie qui suivit sa parution, en 1970, à un projet vieux de quelques années, celui d’écrire un pamphlet sur la médecine psychiatrique. Une attention particulière sera accordée à cette double origine qui confère au texte un caractère hybride, pas tout à fait roman, sans, non plus, devoir être lu comme un essai, d’où la désignation de récit choisie par l’écrivain.

Julien Vallières est coordonnateur de la Société des amis de Jacques Ferron, chercheur associé au Centre de recherche sur l’atelier de L’Arche et son époque et assistant de recherche au Groupe de recherche sur les médiations et les institutions. Il est responsable d’une nouvelle édition de L’amélanchier de Jacques Ferron publiée en janvier 2018 chez Bibliothèque québécoise. Étudiant au Département de langue et littérature françaises de l’Université McGill, il prépare un mémoire de maîtrise sur Ringuet et les poètes du Quartier Latin de Montréal. Il s’intéresse à l’histoire de la philosophie au Québec au vingtième siècle et à l’insolite dans la littérature québécoise.​

 

« Par tous les moyens, même artistiques » : le mouvement situationniste et la littérature québécoise (1958-1981)

Guillaume Bellehumeur | Université McGill, 27 février 2018

 

Rencontres des années antérieures

« La contre-culture, le Movement et la production des postures littéraires : Nouveaux espaces pour la critique » (Simon-Pierre Label-Hogue) | Université McGill, 31 octobre 2017

« La littérature autochtone dans l’espace francophone » (Rachel Baker) | Université McGill, 16 janvier 2017

Cette séance sera une brève initiation à la littérature autochtone dans l’espace francophone ; elle s’adresse aux étudiant.e.s qui connaissent peu ou pas du tout la littérature autochtone et ses auteur.e.s, mais aussi aux étudiant.e.s qui désirent devenir profs de Français et qui souhaiterons inclure des œuvres autochtones dans leur cours de littérature. Je présenterai un survol des auteur.e.s et des œuvres publiés depuis les années 70, en posant des questions telles que : Comment lire la littérature autochtone ? Quelles approches critiques utiliser ? Quelles sont les particularités de la littérature autochtone au Québec par rapport à celles du Canada anglophone ? Enfin, quelles sont les questions méthodologiques et les enjeux éthiques soulevés par l’étude de la littérature autochtone dans l’espace francophone ?

Je commencerai par un aperçu des œuvres publiées depuis Je suis une maudite sauvagesse (1976) d’An Antane Kapesh (Innu) avant de passer aux auteur.e.s contemporain.e.s comme Joséphine Bacon (Innu), Virginia Pésémapéo Bordeleau (Cri), Natasha Kanapé Fontaine (Innu) et Samian (Innu) qui demandent peut-être une approche interdisciplinaire. Je signalerai aussi les bandes dessinées et les romans graphiques, sans oublier les productions théâtrales et filmiques.

Je présenterai ensuite des extraits de Kuessipan, le roman de Naomi Fontaine (Innu) qui fait l’objet de mon travail de maîtrise, et nous aborderons enfin le champ critique actuel, et je proposerai des pistes potentielles pour des jeunes chercheur.es. Par exemple : le nombre croissant d’œuvres traduites ou publiées en éditions bilingues, voire trilingues, invite aux études portant sur la traduction. Un autre aspect propre au Québec, c’est le grand nombre de recueils de correspondances entre des écrivains autochtones et non-autochtones. Comment étudier cette forme épistolaire, et que nous apprend cette forme ? Qu’est-ce que ces échanges polyphoniques nous apprennent sur l’entreprise de réconciliation et son état actuel?

« De pierre qui ne pense point à marbre qui se fait chair : notes sur la sensibilité des Lumières » (Philippe Robichaud) | Université McGill, 14 avril 2016 

À l’âge classique, un principe domine : celui selon lequel l’individu prendrait conscience d’idées innées par l’exercice de la raison. Le sujet pouvait ainsi se dégager de ses illusions, nécessairement liées aux sens. Le dualisme cartésien n’a que faire des corps matériels : le res extensa, pauvre cire molle ou pierre qui ne pense point (R. Descartes, Méditations métaphysiques), est subordonné au res cogitans, siège de la conscience. Dans un mouvement opposé, Locke, dont l’œuvre est traduite en français dès 1700, puis Condillac dans l’Essai sur l’origine des connaissances humaines (1746), défendent la thèse contraire. Pour ces héritiers d’Épicure et de Lucrèce, « toutes nos connaissances directes se réduisent à celles que nous recevons par nos sens » (J. L. D’Alembert, Discours préliminaire de l’Encyclopédie). Plutôt que de trancher, l’empirisme des Lumières opèrera un brouillage de la nette division classique entre corps et âme. Ainsi la « sensibilité générale de la matière » chez Diderot : délaissant les inertes rocailles de Descartes, il faut désormais « que la pierre sente. » (Le Rêve de D’Alembert)

La séance esquissera les contours d’un vade-mecum de la sensibilité au siècle des Lumières.

Luba Markovskaia (doctorante au DLLF) | Université McGill, 22 mars 2016

Le récit de vie, selon l’époque où on l’écrit, a des visées, des modalités et des enjeux différents. Si on a parfois tendance, à des fins didactiques, à tracer une grande ligne continue depuis les Confessions de saint Augustin jusqu’à l’autofiction, en passant par les Essais de Montaigne, les Confessions de Rousseau, les Mémoires de Chateaubriand et les autobiographies du XXe siècle, il demeure évident que l’écriture de soi au IVe siècle est radicalement différente de celle de la Renaissance ou de l’époque romantique.
Cette conférence explorera les particularités de l’écrit du for privé au XVIIIe siècle, d’autant plus passionnant et difficile à cerner que la période des Lumières a connu de grandes œuvres « autobiographiques » hors du commun : les Confessions et les Rêveries de Rousseau, l’Histoire de ma vie de Casanova, Monsieur Nicolas de Restif de la Bretonne. Nous verrons comment, dans ces textes inclassables, s’est tissée la trame de ce qu’on appellera au siècle suivant l’autobiographie.

« La biofiction: essai de définition générique » (Miruna Craciunescu) | Université McGill, 17 février 2016 

Tout comme l’autofiction et l’autobiographie, la biofiction est un genre littéraire qui a fortement marqué la production littéraire contemporaine. Appartenant à la catégorie plus vaste du « récit de vie », le roman biofictif se propose généralement de relater une existence tenue pour réelle. Aussi ce sous-genre littéraire partage-t-il avec celui du roman historique une même difficulté épistémologique, née de l’adoption partielle des contraintes de l’écriture historiographique au sein d’un type de récit dont la réussite ne dépend en aucun cas de son « effet de réel ». Dès lors, la question se pose de savoir si le caractère fondamentalement hybride de la biofiction suffit à en faire un genre littéraire à part entière. Comment peut-on s’affranchir du paradigme suranné qui oppose « l’Histoire à la fiction » en définissant les caractérisations génériques de ce type de récits?
Bien que ce phénomène ait fortement marqué la production littéraire contemporaine, le genre biofictif n’a pas encore fait l’objet d’une analyse générique approfondie susceptible de produire une définition qui fasse l’objet d’un consensus au sein de la critique contemporaine. C’est pourquoi je me propose de présenter, d’une part, une synthèse des travaux portant sur la biofiction, afin de mieux mettre en lumière, d’autre part, les problèmes auxquels se heurtent encore les critiques lorsqu’ils cherchent à définir ce genre.

Introduction à Katalin Molnár : le poème pédagogique ''en fransè simpl'' comme politique de la langue et de la littérature » (Félix-Antoine Lorrain) | Université McGill, 13 janvier 2016 

Katalin (ou Kati en performance) Molnár est une écrivaine hongroise active au sein de la communauté poétique française des années 1990. Son œuvre expérimente notamment des formes « anormales » du français, issues de traductions « incorrectes » de sa langue maternelle et detranscriptions phonétiques du français parlé. Imprégnée de son expérience humiliante de l’apprentissage du « bon » français, la recherche poétique de Molnár la mène à élaborer un système orthographique et morphosyntaxique qui concurrence la norme prévalente, justifications grammaticales et tableaux d’équivalences à l’appui. Cette pédagogie d’une nouvelle norme linguistique, inventée à partir d’une variante dépréciée du français et revendiquée comme poétique récusant le primat de l’écrit sur le parler, renouvelle la critique de la langue conventionnelle sans la rapporter à une supposée langue ordinaire/utilitaire dont la poésie aurait pour mission de compenser le défaut, la médiocrité. Au contraire, en plaçant le lecteur instruit en situation d’apprenti des rudiments de la communication, les poèmes de Katalin Molnár acquièrent une valeur politique, proche du manifeste : ils parodient les discours sur la langue française et la poésie (ou la littérature) en renversant les relations de pouvoir instaurées par ces deux ordres culturels qui minorent les sujets considérés vulgaires, pauvres, simples, populaires, autant de catégories investies. Chez « Kati », les ignorants deviennent les maîtres, à preuve la revue poéziprolétèr et la konférans pour lé zilétré que j’aimerais présenter en guise d’introduction à son œuvre.

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