FoodMap : une aide alimentaire pour les Montréalais dans le besoin

Une plateforme d’échange d’informations met en relation les petites banques alimentaires et les donateurs de nourriture avec les personnes dans le besoin afin de réduire le gaspillage et la précarité alimentaires et de bâtir une société inclusive et durable

Deux doctorantes et un récent diplômé de McGill ont uni leurs efforts pour créer un programme de partage d’informations qui vise à mettre en relation les banques alimentaires et les donateurs de nourriture avec les Montréalais les plus défavorisés afin de réduire le gaspillage alimentaire. Au mois de décembre dernier, leur initiative, nommée FoodMap, s’est particulièrement distinguée au Défi étudiant du Bicentenaire sur le développement durable (impact200).

Lancé dans le cadre du Bicentenaire de l’Université McGill, impact200 vise à concrétiser les projets conçus par des étudiants afin de rendre notre monde meilleur et plus durable. Les propositions doivent porter sur les 17 objectifs de développement durable des Nations Unies (ONU), qui visent la protection de la planète, l’amélioration de nos vies et l’élimination de la pauvreté.

Au total, 44 équipes de trois à six personnes ont participé à impact200. Nous nous sommes récemment entretenus avec l’équipe du projet FoodMap.

 

Pouvez-vous nous parler de FoodMap?

Grâce à FoodMap, nous avons l’intention de réduire le gaspillage alimentaire, d’améliorer la sécurité alimentaire, et de contribuer à bâtir une société inclusive et durable. FoodMap est une plateforme en ligne grâce à laquelle :

  • De petites et moyennes banques alimentaires peuvent facilement gérer et partager leurs stocks, ainsi que gérer la logistique des dons.
  • De petites entreprises comme des restaurants et des supermarchés peuvent faire don de leurs excédents de nourriture en tout temps, en un simple clic.
  • Les citoyens qui le veulent peuvent se porter volontaires pour des postes bénévoles.

FoodMap permet tout cela en améliorant la communication entre banques alimentaires, donateurs de nourriture et citoyens. Notre plateforme est pour l’instant la seule à regrouper ces trois types d’acteurs.

En tant que groupe, nous voulons trouver une solution pour que les énormes quantités de nourriture gaspillées chaque année puissent contribuer à résoudre le problème croissant de la faim, que notre société a tendance à ignorer. Nous espérons également faire connaître le réseau de l’aide alimentaire et réduire la stigmatisation associée au recours aux banques alimentaires. Nous avons pour mission de bâtir une société bienveillante, généreuse et durable.

 

Combien de personnes compte votre équipe?

Notre équipe est composée de trois personnes : Zhe Li, Xining Chen et Zi Wang.

Zhe a obtenu un baccalauréat en génie chimique à McGill en 2018. Il travaille depuis plusieurs années dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration. Zhe a apporté au projet son point de vue professionnel sur le secteur alimentaire et a fait remonter de nombreuses suggestions très pertinentes des professionnels du secteur.

Xining est doctorante au Département de chimie de l’Université McGill. Elle est coprésidente de la Graduate Management Consulting Association de McGill. La résolution de problèmes est au cœur du travail de Xining, ce qui nous est très utile quand nous rencontrons des difficultés. Xining apprécie également les arts visuels; c’est elle qui s’occupe du design graphique du projet.

Zi est, elle aussi, doctorante au Département de chimie de l’Université McGill. Elle est la présidente de la Chinese Graduate Student Association de McGill. Excellente communicatrice, elle s’est chargée de contacter de nombreuses banques alimentaires et organisations, et de bâtir un réseau solide. Ces partenariats nous ont permis d’atteindre nos objectifs.

 

Sur lesquels des 17 objectifs de développement durable de l’ONU le projet FoodMap porte-t-il?

Notre projet recoupe plusieurs objectifs de développement durable, dont : Faim « zéro », Villes et communautés durables, Consommation et production responsables, Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques et Partenariats pour la réalisation des objectifs.

D’une part, le gaspillage alimentaire est un véritable problème, surtout pour les denrées périssables. Dans le cas de ces denrées, qui doivent être utilisées rapidement, l’absence de système logistique coordonné est l’un des principaux obstacles aux dons. Par conséquent, la nourriture invendue dont la date de péremption est proche finit souvent au rebut, même si elle est parfaitement propre à la consommation. Dans le même temps, la distribution de nourriture est inégale dans les sociétés, comme le prouve le recours croissant aux banques alimentaires.

D’autre part, la communication des renseignements entre les petites et moyennes banques alimentaires, les donateurs de nourriture et les communautés s’avère compliquée. Les petits donateurs de nourriture ne disposent pas des ressources nécessaires au développement de plateformes logistiques efficaces pour coordonner leurs efforts, et les citoyens en mauvaise passe sont rarement informés à temps de la disponibilité de ressources locales. Ces difficultés de coordination peuvent causer un gaspillage involontaire de nourriture, que l’usage de la plateforme FoodMap pourrait permettre d’éviter.

Grâce à FoodMap, nous visons à réduire le gaspillage alimentaire à Montréal en simplifiant la récupération des denrées vouées au rebut et par là même à réduire les émissions de CO2. Par notre démarche, nous luttons contre les problèmes de précarité alimentaire existants et ceux qui ont émergé du fait de la COVID-19 en organisant la redistribution de nourriture de manière coordonnée et efficace.

Les retombées de notre projet ne se borneront pas à l’aide à la redistribution de ressources alimentaires. Nous collaborons étroitement avec de nombreux partenaires – banques alimentaires, restaurants ainsi qu’organisations universitaires et communautaires – dans l’espoir de mieux faire connaître le réseau d’aide alimentaire et de réduire la stigmatisation associée au recours aux banques alimentaires. Nous sommes convaincus qu’à l’avenir, les gens feront plus attention au gaspillage alimentaire et commenceront à consommer et à traiter la nourriture de manière plus responsable.

 

Comment l’initiative est-elle née?

C’est notre collègue Zhe, chef dans un restaurant, qui est à l’origine de l’idée. Zhe constatait que les restaurants devaient parfois se débarrasser de denrées périssables invendues et encore propres à la consommation, mais disponibles en trop faible quantité pour être récupérées par de grands distributeurs de dons alimentaires. Au même moment, nous prenions conscience de la précarité alimentaire et de l’explosion des besoins en dons de nourriture au fil de nos lectures d’articles de presse et de notre participation à des ateliers sur le développement durable, particulièrement pendant la pandémie. C’est à ce moment qu’est née l’idée de coordonner les deux problèmes pour les résoudre.

Depuis, nous avons échangé avec les exploitants de nombreuses banques alimentaires, ainsi qu’avec divers propriétaires de restaurants montréalais, qui ont bien reçu la présentation de notre projet de plateforme d’échange d’informations en temps réel. Ces dialogues ont été l’occasion d’écouter les besoins et les inquiétudes de ces acteurs et nous ont inspirés tout au long de notre processus. Ils nous ont permis de transformer notre idée initiale en un plan concret et pratique. Notre idée n’a cessé d’évoluer.

Nous avons à cœur de réduire le gaspillage de nourriture et la précarité alimentaire tout en bâtissant une société inclusive et durable. FoodMap est notre solution.

 

Où en est votre initiative en ce moment?

FoodMap est désormais un organisme à but non lucratif en bonne et due forme.

Nous lançons FoodMap sur le site www.foodmap.ca. Nous sommes en cours de débogage des divers modules fonctionnels du site Internet et avons commencé la mise en ligne des modules prêts pour les tests bêta. De nombreux organismes caritatifs montréalais nous ont exprimé leur intérêt pour FoodMap, dont la Mission Saint-Michael’s, la banque alimentaire Love Burgundy, People’s Potato, Midnight Kitchen et Resilience Montreal. Par ailleurs, quelques restaurants et épiceries ont manifesté le désir de faire des dons, comme Fairmount Bagel, Yaourti et Poulet Rouge.

Nous rédigeons actuellement des demandes de financement en vue de soutenir et d’améliorer notre service.

Nous travaillons également à étendre notre réseau : plus nous fédérons d’organisations caritatives et de donateurs, mieux FoodMap s’acquittera de sa mission.

 

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