Des lectures pour l'été

Avec les vacances à nos portes, McGill dans la ville a demandé à quatre McGillois de discuter de leurs lectures estivales. Espérons qu'elles vous ispereront dans vos choix de lecture pour l'été.

Amélie Quesnel-Vallée, professeure agrégée au Département d’épidémiologie, de biostatistique et de santé au travail

La femme qui fuit, Anaïs Barbeau-Lavalette
En tant que sociologue, je suis fascinée par les grands changements sociaux et j’adore les lire à travers le prisme des vies individuelles qu’ils ont touchées. Ma mère et ma grand-mère ont vécu les chamboulements historiques évoqués dans ce roman, toutes deux en tentant, à leur façon, de se dégager du carcan social qui assujettissait les femmes, les confinant au rôle de mère au foyer (toutes deux ont été chefs de famille monoparentale occupant un emploi rémunéré). Je suis donc curieuse de lire le récit romancé de cette femme qui a si radicalement refusé ce carcan.

Treize à table, Collectif sous la direction de Chrystine Brouillet et de Geneviève Lefebvre
J’adore manger et cuisiner, donc j’ai hâte de me délecter de ces 13 nouvelles qui portent sur la nourriture!


Alain Farah, professeur agrégé au Département de langue et littérature françaises

Gomorra, Roberto Saviano
Ça fait très longtemps que j’ai envie de terminer Gomorra, un livre de Roberto Saviano, donc je vais me plonger là-dedans. Ce qui m’intéresse vraiment dans ce livre, c’est la démarche de Saviano. Il a fait un peu d’infiltration dans la mafia et j’avais été attiré par son œuvre, parce qu’il a un pied dans le journalisme et un autre dans la littérature, et j’aime beaucoup ce côté gonzo.

Le Proche-Orient éclaté, Georges Corm
Dans son livre, Corm tente d’expliquer pourquoi cette région du monde est si instable depuis tant d’années. Ça m’interpelle, parce que mes parents viennent de cette région et j’y ai fait beaucoup de voyages. Ça demeure hypertendu avec l’arrivée de quelqu’un d’aussi imprévisible que Donald Trump, qui joue un peu à l’apprenti sorcier avec ces structures-là; dans ce contexte, ça me fait du bien de lire quelque chose de presque scientifique. Ça va aussi me permettre d’avoir une vue d’ensemble de cette région du monde et je compte m’en servir pour alimenter un projet de roman que j’ai commencé il y a environ cinq ans.

La Douleur, Marguerite Duras
Comme j’ai été pas mal pris dans les commémorations de Mai 68 pour le travail, j’ai retrouvé la plume de Marguerite Duras. Je l’aime beaucoup. Pas que pour son œuvre romanesque, mais aussi pour sa participation aux événements de Mai 68. Son histoire est d’autant plus intéressante qu’elle a suivi une trajectoire fascinante lors de la Deuxième Guerre mondiale. En effet, pendant l’occupation, Duras fait partie du Groupe de la rue Saint-Benoît, une bande d’amis composée d’intellectuels communistes. Le mari de Duras, Robert Antelme, se fait arrêter par la Gestapo et il est déporté. Dans La Douleur, Duras explique comment elle a vécu l’occupation et se met en scène en tant que femme prête à aller assez loin, y compris à entretenir des relations très louches avec des gestapistes, dans le but de recueillir des informations pouvant l’aider à retrouver son mari.


Cynthia Lee, Service des relations avec les médias

In Search of a Better World:  A Human Rights Odyssey, Payam Akhavan

J’ai hâte de terminer la lecture de ce livre. Je connais le Pr Akhavan et je suis ses travaux depuis plusieurs années. Ce livre, sorte d’hybride entre les mémoires de ce professeur de l’Université McGill et un manifeste, est fascinant. La démarche du Pr Akhavan a changé ma conception du monde et me force à être plus attentive à ce qui se passe ailleurs sur la planète. Lorsque je l’ai entendu lors des conférences Massey l’an dernier, j’ai tout de suite su que je devais lire son livre!

Best Before:  The Evolution and Future of Processed Food, Niccola Temple

Je suis une vraie foodie et j’évite toujours – du moins j’essaie – la nourriture industrielle. Manger naturel et local, voilà ma devise. Après avoir lu ce livre,  j’espère que j’arriverai à me défaire complètement des aliments transformés.


Paul François, professeur agrégé au Département de physique

Chanson douce, Leïla Slimani

Ce livre, qui a remporté le prix Goncourt en 2016, raconte l’histoire d’une nounou qui tue les enfants qu’elle garde. Bon, c’est un peu glauque, mais j’aimerais quand même bien lire cette œuvre de la littérature francophone moderne.

Philip Roth

C’est un peu triste à dire, mais son décès, en mai, m’a donné envie de relire cet auteur. Ma femme m’a offert l’œuvre de Philip Roth publiée dans La Pléiade pour mon anniversaire, il y a six mois, où on trouve ses textes de jeunesse, un peu moins connus. J’ai envie de butiner à gauche et à droite et d’en lire quelques-uns. J’ai déjà lu les principaux écrits de Philip Roth et, pourtant, j’ai encore du mal à dire pourquoi j’aime tant cet auteur. Je ne vais rien dire de transcendant, mais j’aime bien sa description de l’Amérique juive, newarkaise, son côté très humain, très névrosé aussi, parce que je pense que tous les professeurs sont un peu névrosés (rires). J’aime bien The Human Stain, mais aussi The Plot Against America, où il imagine que Charles Lindberg devient président. Je vais peut-être le feuilleter pour voir les parallèles qu’on peut y trouver avec l’Amérique de Trump.

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