Quand votre système immunitaire freine vos ardeurs

La rencontre amoureuse : un risque acceptable?

Il y a de cela une dizaine d’années, des psychologues évolutionnistes avançaient que l’humain s’est doté au fil du temps d’un mécanisme de défense de première ligne contre la maladie, c’est-à-dire un système immunitaire comportemental. Ce système pourrait s’armer inconsciemment à divers degrés lorsqu’on perçoit un risque de maladie, à tort ou à raison. Si les microorganismes sont invisibles à l’œil nu, l’humain est néanmoins en mesure de déceler des indices de présence de pathogènes (par exemple une toux, des odeurs désagréables ou des lésions cutanées), qu’ils existent ou posent ou non de véritables risques pour la santé. Des scientifiques ont avancé l’hypothèse selon laquelle l’activation du système immunitaire comportemental se traduit par des préjugés et des attitudes et comportements d’évitement envers les personnes affichant des signes de maladie.

Et qu’en est-il dans nos vies amoureuses, alors que deux besoins — tisser des liens avec un partenaire éventuel et se protéger de la maladie — entrent en concurrence ? Des scientifiques de McGill se sont penchés sur la question, en étudiant l’activation du système immunitaire comportemental chez de jeunes Montréalais célibataires hétérosexuels, dans le cadre de véritables rencontres éclair (speed dating) et de rencontres en ligne expérimentales.
Les résultats sont probants… et pas très heureux.

« Nous avons constaté qu’un système immunitaire comportemental qui s’arme peut freiner les interactions sociales », explique Natsumi Sawada, titulaire d’un doctorat en psychologie de l’Université McGill et auteure principale de l’étude sur la question récemment publiée dans le Personality and Social Psychology Bulletin. « Nous ne nous attendions pas à ce que ce soit le cas en situation de rencontre amoureuse, qui suppose généralement une motivation à tisser des liens. Les résultats donnent à penser qu’au-delà de l’impression et du sentiment mutuels conscients ou inconscients, d’autres facteurs moins évidents, par exemple la peur de la maladie, peuvent influencer nos interactions. »

Pour lire les résultats de l’étude « Activation of the Behavioral Immune System: Putting the Brakes on Affiliation », de Natsumi Sawada et coll. : http://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0146167217736046#.
Cette recherche a été financée par des subventions du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et du Fonds de recherche du Québec – Société et culture.

 

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