À l’une des étapes de sa production, le café de Colombie que l’on boit est expédié dans des sacs en fibres de fique. À l’heure actuelle, seuls 4 % de cette plante de la famille des aloès qui pousse dans les Andes sert à la fabrication des sacs. Les 96 % restants sont jetés comme déchets toxiques, ce qui constitue un risque important pour la santé des gens qui extraient les fibres de la plante.
Récemment, des chercheurs des universités McGill et Yale ont présenté un atelier sur la chimie verte financé par l’ONU à Medellín, en Colombie. Parmi les nombreuses techniques de chimie verte ou durable évoquées, l’une d’elles décrivait aux participants une méthode de séparation des fibres et des fluides de fique non seulement durable, mais aussi potentiellement lucrative.
Chao-Jun Li, chercheur en chimie verte à McGill, a montré aux participants qu’en utilisant des techniques mécaniques et non chimiques pour séparer les fibres des fluides, les agriculteurs pourraient réduire les risques pour leur santé ainsi que l’empreinte carbone du traitement des fiques. Cela générerait également de nouvelles sources de revenu potentiel ainsi que des emplois pour la transformation des fluides en pesticides ou en produits cosmétiques biologiques.
« De tels changements à petite échelle peuvent entraîner une véritable transformation du domaine, avec des répercussions économiques considérables », selon Chao-Jun Li. Il voit à la fois un besoin immense et le potentiel non moins important de la chimie verte pour apporter ces changements à des pays à revenu intermédiaire comme la Colombie.
« Quand on apporte ce type de connaissances à un pays en développement, la créativité de l’industrie s’en trouve stimulée, puisque tout est à construire. Pensez à l’adoption du téléphone cellulaire dans les pays d’Afrique ou en Inde, poursuit-il. Dans les pays disposant de peu d’infrastructures, on a la possibilité d’apporter une sorte de pensée clé en main pouvant transformer l’économie afin de la rendre plus efficace : toute la société en bénéficie. »