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Changement de la biodiversité dans le monde : état des lieux

Selon une nouvelle étude internationale, les changements varient selon les écosystèmes et les régions
Publié: 17 October 2019

C’est dans les tropiques que la perte de biodiversité est plus marquée, avec des changements plus rapides dans les écosystèmes marins que dans les écosystèmes terrestres. C’est ce que révèle une nouvelle étude publiée dans la revue Science, pour laquelle on a cartographié la variation de la biodiversité marine et terrestre. Dirigée par des scientifiques de l’Université de St Andrews et menée en collaboration avec de grandes universités d’Europe, des États‑Unis et du Canada, dont l’Université McGill, cette étude avait pour objet l’obtention d’un consensus sur la variabilité des changements de la biodiversité. Les chercheurs ont constaté que les écosystèmes de la planète étaient le théâtre de changements tantôt favorables, tantôt défavorables. Autre constat : même si le nombre moyen d’espèces vivant dans les divers milieux étudiés est stable, de nombreuses régions enregistrent des gains ou des pertes d’espèces.

 

Variation de la biodiversité : perspective longitudinale

L’équipe internationale a examiné la variation longitudinale de la richesse et de la composition spécifique en rassemblant, puis en cartographiant, plus de 50 000 séries chronologiques issues d’études réalisées partout sur la planète et consignées dans BioTIME, base de données sur la biodiversité hébergée à l’Université de St Andrews. Elle a ainsi pu dresser un portrait géographique clair du changement de la biodiversité.

Par la suite, les scientifiques ont approfondi leur examen pour déterminer les lieux et les types d’organismes qui connaissaient l’évolution la plus rapide. Ce relevé géographique de la variabilité biologique nous permettra non seulement de mieux comprendre l’évolution de la diversité du vivant dans le monde, mais également d’orienter les priorités de conservation en ciblant les régions où des mesures de protection ou de restauration s’imposent.

 

Des pertes, mais non des pertes sèches

Comme le souligne la chercheuse principale, Maria Dornelas, Ph. D., de l’École de biologie de l’Université de St Andrews, « notre étude montre que la biodiversité est en évolution partout, mais qu’elle ne diminue pas partout. À certains endroits, elle se restaure et s’adapte. »

« Par les temps qui courent, s’il est question de biodiversité au bulletin de nouvelles, c’est souvent parce que la forêt amazonienne brûle ou qu’un épisode de mortalité massive est survenu dans les récifs coralliens », poursuit la chercheuse. « C’est tout à fait justifié, parce que ce sont là des nouvelles terrifiantes. Mais il n’en demeure pas moins qu’à de nombreux endroits, mine de rien, la biodiversité se restaure, ou alors c’est le calme plat. Notre étude documente ces faits et montre qu’ils ne sont pas contradictoires. »

« Nous savions que l’activité humaine perturbait la biodiversité de bien des façons et selon des schémas temporels divers, mais nous n’avions pas de véritable état des lieux à l’échelle de la planète. »

 

Variabilité géographique des changements

« Notre étude révèle que les changements de la biodiversité varient selon la zone géographique. L’assemblage des espèces dans un milieu donné change partout, mais ces changements interviennent plus rapidement dans les assemblages marins que dans les assemblages terrestres », explique Shane Blowes, auteur principal et chercheur au Centre allemand de recherche intégrative sur la biodiversité (iDiv).

Sarah Supp, professeure à l’Université Denison en Ohio, et coauteure principale de l’article, ajoute : « La variation de la biodiversité est un phénomène complexe, parce qu’on peut l’évaluer de bien des façons, notamment en dénombrant les espèces uniques et en précisant l’identité de ces espèces. Notre étude montre qu’à certains endroits, le nombre d’espèces a certes diminué, mais qu’ailleurs, il a augmenté ou est demeuré pour ainsi dire inchangé. Il y a toutefois une constante qui se dégage de tout cela, et c’est que presque partout, l’identité des espèces semble évoluer; c’est là un type de changement dont on doit absolument tenir compte dans l’élaboration des stratégies de conservation et de gestion, surtout là où le taux de renouvellement est élevé. »

« Notre étude est une description fort utile du changement de la biodiversité sur la planète, et elle fait ressortir l’importance de la surveillance de cette évolution », souligne la Pre Supp. « Qui plus est, elle nous encourage à intensifier le partage de données et à augmenter le nombre de sites d’observation à long terme afin d’élargir notre aire géographique, notamment dans les zones tropicales et en eau douce. »

Chercheur à l’Université McGill et coauteur de l’étude, le Pr Andrew Gonzalez conclut : « Nous assistons à une vaste réorganisation géographique de la biodiversité sur Terre en raison de l’activité humaine et des changements climatiques. Dans l’état actuel des connaissances, tout porte à croire qu’il en sera ainsi pendant encore des décennies. »

 

L’article « The geography of biodiversity change in marine and terrestrial assemblages » a été publié dans la revue Sciencehttps://science.sciencemag.org/cgi/doi/10.1126/science.aaw1620

 

À propos de l’Université McGill

Fondée à Montréal, au Québec, en 1821, l’Université McGill est l’un des plus grands établissements postsecondaires au Canada. Elle compte 2 campus, 11 facultés, 13 écoles professionnelles, 300 programmes d’études et quelque 40 000 étudiants, dont plus de 10 400 aux cycles supérieurs. Attirant des candidats originaires de plus de 150 pays, elle accueille 12 500 étudiants étrangers, ce qui représente 30 % de son corps étudiant. Plus de la moitié des étudiants ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 20 % sont francophones.

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