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Nouvelles

La musique transcende les cultures

Certains aspects de notre réaction à la musique sont universels
Publié: 7 January 2015
À certains égards, la musique touchera exactement de la même façon un Pygmée de la forêt tropicale congolaise et un hipster montréalais. Des chercheurs de l’Université McGill, l’Université Technique de Berlin et l’Université de Montréal ont tiré cette conclusion après avoir fait entendre de la musique à une communauté de Pygmées Mbenzélé vivant dans la forêt tropicale sans radio, télévision, ni électricité. Après leur avoir présenté des pièces provenant de leur propre culture et du répertoire occidental, les chercheurs ont comparé leurs réactions à celles de Canadiens habitant au cœur de Montréal.

Dans un article récent publié dans Frontiers in Psychology, les chercheurs relatent que les deux groupes ont présenté des réponses différentes sur l’effet que produisaient sur eux des pièces précises, mais que leurs réponses subjectives et physiologiques laissent croire que l’effet excitant ou apaisant de la musique serait universel. 

Des émoticônes aident à mesurer les émotions

Les chercheurs ont fait jouer 19 courts extraits musicaux (11 occidentaux et 8 pygmées) de 30 à 90 secondes à quarante Pygmées du Congo et à quarante Canadiens, à Montréal. Étant donné que tous les Pygmées Mbenzélé chantent régulièrement lors de cérémonies, les Canadiens recrutés pour l’étude étaient tous des musiciens amateurs ou professionnels.

Les pièces occidentales ont été choisies de sorte à évoquer une vaste gamme d’émotions : du calme à la fébrilité, de la joie à l’anxiété ou la tristesse. Elles comprenaient des morceaux orchestraux et des extraits de trois films populaires (Psycho, La guerre des étoiles et La liste de Schindler). Les pièces pygmées étaient toutes des chansons polyphoniques plutôt rythmiques, généralement exécutées lors de cérémonies pour apaiser une personne en colère ou en deuil, réconforter un enfant en pleurs ou porter chance aux chasseurs à leur départ du village.

Les chercheurs ont utilisé des émoticônes formant une échelle allant d’un visage souriant à un visage boudeur, pour amener les participants à indiquer les émotions suscitées chez eux par la musique. Les participants devaient également indiquer si la musique les apaisait (visage aux yeux fermés) ou les excitait (yeux ouverts). Pendant que les participants écoutaient la musique, les chercheurs mesuraient leur rythme cardiaque, le rythme de leur respiration et la moiteur de leurs paumes afin d’obtenir un portrait exhaustif de leur réaction.

« Notre constat majeur est que des auditeurs de groupes très différents réagissent de façon similaire à l’effet stimulant ou apaisant de la musique, explique Hauke Egermann, actuellement affilié à l’Université Technique de Berlin, mais qui a participé à l’étude dans le cadre d’un postdoctorat à l’Université McGill. Cela s’explique probablement par certains éléments fondamentaux de la musique comme le tempo (ou rythme), le registre (aigu ou grave) et le timbre, mais nous devrons approfondir la recherche. » 

La fonction remplie par la musique pourrait influencer la réponse émotionnelle

La principale différence entre les deux groupes étudiés est que les auditeurs canadiens ont affirmé ressentir une plus grande gamme d’émotions en écoutant la musique occidentale que les Pygmées n’en ont ressenti à l’écoute des pièces, tant occidentales que pygmées. Cette différence découle probablement des divers rôles que joue la musique dans chaque culture.

« Les Pygmées considèrent que les émotions négatives perturbent la relation harmonieuse qu'ils doivent entretenir avec la forêt et qu’elles sont donc dangereuses, mentionne Nathalie Fernando, de la Faculté de musique de l’Université de Montréal, qui documente la performance musicale chez les Mbenzélé depuis 10 ans. Si un bébé pleure, les Mbenzélé chantent une chanson que les occidentaux pourraient qualifier de joyeuse. Si les hommes ont peur de partir à la chasse, il en est de même. En général, dans cette culture, la musique sert à évacuer les émotions négatives. Il n’est donc pas étonnant que les Mbenzélé se sentent bien ou évaluent positivement la production de toute musique, quelles qu’elles soient. »

« On essaie depuis longtemps de déterminer si notre réaction à la musique est fondée sur notre culture ou sur des éléments universels de la musique elle-même, ajoute Stephen McAdams, de l’École de musique Schulich de l’Université McGill. Nous savons désormais qu’il s’agit d’un peu des deux. »

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