Nouvelles

La parade des diamants mandarins révèle l’importance des interactions en face-à-face

Une étude de l’Université McGill remet en cause certaines croyances sur l’apprentissage et le développement
Publié: 21 August 2024

Une nouvelle étude sur les oiseaux chanteurs met en lumière le rôle important des interactions sociales dans l’apprentissage, et ses résultats pourraient s’appliquer au développement des humains.

Une équipe de recherche de l’Université McGill a découvert que les diamants mandarins privés d’expériences sociales précoces pouvaient quand même former des liens solides avec un partenaire plus tard au cours de leur vie. Une fois placées dans la même cage qu’un mâle, les femelles qui n’avaient jamais entendu un chant nuptial pouvaient rapidement développer une préférence pour la mélodie de leur partenaire.

Les résultats, publiés dans Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences, remettent en cause l’opinion répandue selon laquelle les expériences précoces sont essentielles au développement d’une préférence en matière de chant.

« Les jeunes humains deviennent sensibles à la langue qu’ils entendent le plus, c’est pourquoi les adultes, qui ont du mal à distinguer certains sons, trouvent difficile l’apprentissage d’une nouvelle langue. De même, pour parvenir à le percevoir correctement, les diamants mandarins femelles doivent entendre le chant d’individus de leur espèce quand elles sont jeunes. Notre étude révèle toutefois que des interactions sociales survenant plus tard au cours de la vie peuvent compenser en partie ce manque d’expérience », affirme Sarah Woolley, professeure agrégée au Département de biologie et auteure en chef de l’étude.

Un survol de la parade nuptiale des diamants mandarins

Les diamants mandarins sont de petits oiseaux chanteurs d’Australie, souvent monogames pour la vie. Le chant des mâles attire les femelles, et celles-ci forment leurs préférences en matière de chant en écoutant les adultes.

L’équipe de l’Université McGill a filmé cette parade nuptiale et séparé les diamants mandarins en deux groupes : les oiseaux élevés par leur mère et n’ayant jamais entendu de chant nuptial, et les oiseaux élevés par les deux parents. Les individus de chaque groupe ont ensuite été placés soit avec un mâle, soit avec une femelle. Dans ce dernier cas, ils ne pouvaient qu’entendre le chant des mâles à proximité, sans interagir avec eux.

Pour évaluer la préférence des diamants mandarins femelles en matière de chant, les chercheuses leur ont présenté des cordes qu’elles pouvaient tirer pour déclencher la lecture de différents chants par un haut-parleur. Il était entendu que plus une femelle tirait sur une corde en particulier, plus son affinité pour la mélodie correspondante était forte.

Fait à souligner, les femelles ne développaient une affinité pour le chant de leur partenaire que si les deux oiseaux cohabitaient : celles qui entendaient les mâles sans les voir ne développaient pas cette affinité. Le temps de qualité pourrait donc être déterminant dans la formation de liens solides, indiquent les chercheuses.

L’importance d’une interaction sociale directe

« Pensons à la différence entre les gens qui se parlent au téléphone et ceux qui passent du temps de qualité ensemble. L’interaction sociale directe permet aux diamants mandarins de tisser des liens plus étroits avec leur partenaire de vie, indique Erin Wall, titulaire d’un doctorat du Programme intégré en neurosciences et auteure principale de l’étude. Les femelles qui n’ont jamais vu un mâle ou interagi directement avec lui peuvent apprendre à connaître son chant, mais ne forment pas de préférence pour lui. Pour elles, il s’agit d’un chant destiné à courtiser une autre femelle ».

Animaux très sociaux aux comportements complexes en matière de communication, les diamants mandarins font souvent l’objet de recherches sur l’interaction sociale et l’apprentissage. L’équipe utilisera maintenant l’imagerie cérébrale pour analyser en profondeur les changements neuraux associés à la parade amoureuse.

Nous vivons dans un monde de plus en plus virtuel, et ces résultats, selon les chercheuses, pourraient ouvrir de nouvelles avenues de recherche sur le rôle des interactions en face-à-face dans l’apprentissage et les liens sociaux.

Back to top