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L’analyse des réseaux routiers montre une tendance inquiétante à l’étalement urbain

Des interventions en matière de politiques sont nécessaires pour freiner l’étalement et veiller au développement durable des villes nouvelles et en croissance
Publié: 14 January 2020

Une nouvelle étude réalisée par l’Université McGill et l’Université de la Californie à Santa Cruz révèle que les rues des villes sont de moins en moins connectées, une tendance mondiale favorisant l’étalement urbain et décourageant l’utilisation des transports en commun.

Publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences, l’étude retrace pour la première fois l’histoire mondiale de l’étalement en le mesurant en fonction de la connectivité locale des réseaux routiers. Les recherches étaient fondées sur des données accessibles au grand public sur OpenStreetMap, le Wikipédia des cartes, et des données obtenues par satellite.

« Nous voulions emprunter une approche systématique pour trouver les villes – qui ne sont peut-être pas très connues à l’étranger – où l’étalement empire rapidement », a affirmé Christopher Barrington-Leigh, coauteur de l’étude et professeur agrégé à l’Institut des politiques sociales et de la santé de McGill. « Nous souhaitions également trouver les villes qui s’efforcent, souvent discrètement, de croître de manière efficace et interconnectée depuis des décennies. »

Fruit de sept années de collaboration, l’étude montre que dans de grandes parties du monde, la croissance urbaine récente aboutit de plus en plus à des réseaux routiers inadaptables et déconnectés. Par ailleurs, on observe à l’échelle planétaire une hausse des différentes formes de quartiers privés.

M. Barrington-Leigh et son collaborateur Adam Millard-Ball, professeur agrégé au Département d’études environnementales de l’Université de Californie à Santa Cruz, ont créé un indice de la déconnectivité rues-réseau pour établir une carte mondiale de la connectivité des rues. Leurs données montrent que le sud-est de l’Asie compte maintenant certaines des villes les plus étendues de la planète, et cet étalement ne fait que s’aggraver. Les réseaux routiers quadrillés favorisent quant à eux une forme urbaine efficace et dense en Bolivie, en Argentine et au Pérou. Pour leur part, l’Allemagne, le Danemark et le Royaume-Uni ont réussi à maintenir un niveau moyen de connectivité des rues grâce aux voies piétonnières et cyclables, offrant ainsi une meilleure connectivité aux moyens de transport non motorisés.

Parallèlement à la publication de l’étude, les auteurs ont lancé une carte interactive en ligne, où les utilisateurs peuvent explorer la connectivité des rues partout dans le monde.

Des études antérieures ont montré que l’accessibilité accrue offerte par les réseaux routiers quadrillés facilite le recours à la marche, au vélo et aux transports en commun, tandis que les culs-de-sac ont tendance à encourager l’utilisation de véhicules motorisés personnels. Ainsi, selon M. Barrington-Leigh, les urbanistes doivent tenir compte de la connectivité à l’échelle locale lorsqu’ils conçoivent et planifient de nouvelles rues afin de rehausser la durabilité des villes.

« Les rues et les routes sont essentiellement la pierre angulaire permanente qui façonne les autres dimensions de la forme urbaine et l’utilisation des terrains, soutient-il. Les responsables des politiques devraient s’inspirer de villes comme Tokyo et Buenos Aires pour limiter l’étalement urbain. Notre trajectoire actuelle fait en sorte que les choix qui restreignent la connectivité pourraient être un obstacle à la résilience et faire en sorte que l’utilisation de l’énergie, les émissions de CO2 et les effets sur la santé ainsi d’autres aspects de nos modes de vie perdurent pendant un siècle, voire au-delà. »

La méthodologie utilisée pour construire l’index et la carte est décrite dans une étude récemment publiée dans PLOS.


À propos de l’étude

“Global trends towards urban street-network sprawl”, par Christopher Barrington-Leigh et Adam Millard-Ball a été publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences.

Cette étude a reçu une aide financière du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et du programme de bourses Hellman, ainsi qu’une subvention de recherche pour le corps professoral de l’Université de Californie à Santa Cruz.

L’Université McGill

Fondée en 1821, à Montréal, au Québec, l’Université McGill est l’un des principaux établissements d’enseignement supérieur du Canada. Elle compte deux campus, 11 facultés, 13 écoles professionnelles, 300 programmes d’études et au‑delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs. L’Université accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 étudiants internationaux représentant 31 % de sa population étudiante. Au‑delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.

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