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L’histoire génétique des Québécois d’ascendance française au gré du temps et de l’espace

Une équipe de recherche parvient pour la première fois à cartographier avec précision les liens génétiques unissant les Québécois d’ascendance française à l’aide d’archives généalogiques
The ice bridge on the St. Lawrence river between Québec and Lévis, Quebec, Canada, in 1892. Credit: Bibliothèque et Archives nationales du Québec / Le pont de glace sur le fleuve Saint-Laurent entre Québec et Lévis, Québec, Canada, en 1892. Photo : Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Image par Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
Publié: 25 May 2023

Nous avons tous des ancêtres communs. Certains ont vécu il y a quelques générations, alors que d’autres ont foulé la terre il y a plusieurs centaines de milliers d’années. Or, ces liens qui nous unissent se perdent souvent dans la nuit des temps. Ces liens généalogiques se retrouvent au centre d’une nouvelle étude menée à l’Université McGill. En se penchant sur la relation complexe unissant migration humaine et variation génétique, l’équipe de recherche est parvenue à dégager la structure génétique des Québécois d’ascendance française à partir d’une base de données généalogique réunissant plus de cinq millions de registres paroissiaux, dont certains sont vieux de 400 ans.

L’équipe, comprenant des chercheurs de l'Université du Québec à Chicoutimi et du Big Data Institute de l'Université d'Oxford, a élaboré une nouvelle méthode de simulation du génome en se basant sur des données généalogiques populationnelles remontant à l’arrivée des premiers colons français. La comparaison des données simulées à de véritables données génétiques a montré que la structure génétique de cette population était intrinsèquement liée à sa généalogie.

« Il s’agit de la première étude génétique, toutes populations confondues, à tracer un portrait étonnamment précis des liens génétiques d’un peuple à partir d’archives généalogiques », explique Simon Gravel, professeur agrégé au Département de génétique humaine de l’Université McGill et coauteur de l’étude.

Une structure populationnelle façonnée par les rivières et les montagnes

La base de données constituée par l’équipe de recherche a aussi permis d’étudier l’influence de certains événements historiques et de la topographie sur le génome de personnes d’ascendance canadienne-française de notre époque. Il a même été possible de faire un rapprochement entre les cours d’eau et les similarités génétiques. En effet, l’histoire coloniale européenne fut marquée par une croissance démographique rapide le long des berges du fleuve Saint-Laurent et de ses affluents.

« Cette étude raconte l’histoire génétique des Québécois d’ascendance française. Elle révèle entre autres que la structure populationnelle que l’on connaît aujourd’hui ne découle pas de celle de la population ancestrale en France. Elle a plutôt été façonnée par les événements survenus en Amérique du Nord au cours des quatre derniers siècles », poursuit le professeur Gravel. « Nous sommes même parvenus à expliquer l’apparition de l’effet fondateur dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean par la présence d’un cratère météorique dans la région de Charlevoix. »

Le dépistage de maladies génétiques facilité par des données ancestrales

En retraçant l’ascendance de millions de personnes à travers le temps et l’espace, l’étude a permis de faire le pont entre les liens familiaux et la population dans son ensemble, levant ainsi le voile sur la mosaïque complexe de la génétique humaine. « Non seulement nos découvertes nous ont permis de cartographier la riche histoire génétique de la population canadienne-française, mais elles nous offrent également la possibilité de mieux comprendre l’effet de la migration sur les variations génétiques et – à plus grande échelle – sur l’histoire de l’humanité », ajoute le professeur.

En partageant son modèle mathématique et les données simulées qui en découlent, l’équipe de recherche espère aussi contribuer à la découverte de variants responsables de maladies rares, et à l’amélioration des méthodes de diagnostic génétique.

L’étude

L’article « On the Genes, Genealogies, and Geographies of Quebec », par Luke Anderson-Trocmé, Dominic Nelson, Shadi Zabad, Alex Diaz-Papkovich, Ivan Kryukov, Nikolas Baya, Mathilde Touvier, Ben Jeffery, Christian Dina, Hélène Vézina, Jerome Kelleher, et Simon Gravel a été publié dans la revue Science. Une version française est disponible ici.


L’Université McGill

Fondée en 1821, à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat et se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Institution d’enseignement supérieur de renommée mondiale, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans trois campus, 12 facultés et 14 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 39 000 étudiants, dont plus de 10 400 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 000 étudiants internationaux représentant 30 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 20 % sont francophones.

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