Mesurer la créativité, un mot à la fois
Pouvez-vous penser à trois mots qui n’ont aucun lien entre eux? Ou encore à quatre, cinq ou même dix mots? D’après une équipe internationale formée de chercheurs de l’Université McGill, de l’Université Harvard et de l’Université de Melbourne, cet exercice simple, qui consiste à nommer des mots non apparentés et à mesurer la distance sémantique qui les sépare, pourrait devenir une méthode objective de mesure de la créativité.
Publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences, l’étude repose sur l’utilisation du test d’association divergente (Divergent Association Task ou DAT). Ce test de quatre minutes mesure un aspect du potentiel créatif.
Le DAT a été mis au point par Jay Olson, nouvellement titulaire d’un doctorat du Département de psychiatrie de McGill, qui s’est inspiré d’un jeu de son enfance qui consistait à penser à des mots sans lien entre eux. Jay Olson s’est demandé si un exercice similaire pourrait devenir un moyen simple et élégant de mesurer la pensée divergente, c’est-à-dire la capacité d’envisager différentes solutions à un problème ouvert.
Si la créativité et sa nature ont déjà fait l’objet d’études, on connaît néanmoins très peu de choses sur le processus lui-même.
« La créativité est un élément fondamental de la vie humaine », explique Jay Olson, qui est maintenant boursier postdoctoral à Harvard. « Plus nous comprendrons la complexité de la créativité, plus nous pourrons la faire éclore dans toutes ses formes. »
Une méthode simple et facile de mesurer la créativité
Les chercheurs ont demandé à des participants de nommer dix mots aussi différents que possible les uns des autres. Ils ont ensuite utilisé un algorithme de calcul pour estimer la distance sémantique moyenne entre les mots. Plus le lien entre les mots était fort – comme pour les mots « chat » et « chien » – plus la distance sémantique était courte, comparativement à des mots ayant des liens moins forts, comme pour les mots « chat » et « livre ».
Lors d’une première étude, l’équipe a fait ressortir des correspondances de modérées à fortes entre la distance sémantique et les résultats de deux méthodes de mesure de la créativité souvent utilisées – le test de pensée divergente et le test de pensée convergente. Pour une autre étude, elle a fait appel à 8 500 participants de 98 pays et a découvert que la distance sémantique fluctuait très peu en fonction de variables démographiques, ce qui laissait entendre que cette mesure pouvait être utilisée pour diverses populations.
Globalement, la correspondance entre la distance sémantique mesurée par le DAT et les résultats obtenus au moyen des méthodes de mesure de la créativité connues était au moins aussi étroite que la correspondance entre les résultats obtenus par ces méthodes. Pour bon nombre de mesures de la créativité classiques, il faut consacrer beaucoup de temps et avoir recours à des méthodes de notation subjectives, ce qui complexifie les évaluations multiculturelles et à grande échelle.
« Notre test ne mesure qu’une infime partie d’un type de créativité, précise Jay Olson, mais nous pouvons évaluer la créativité de groupes plus nombreux et plus diversifiés en faisant preuve de plus d’impartialité. Nous pourrons ainsi mieux comprendre cette capacité humaine fondamentale. »
L'étude L’article « Naming unrelated words predicts creativity », par Jay A. Olson, Johnny Nahas, Denis Chmoulevitch, Simon J. Cropper et Margaret E. Webb, a été publié dans Proceedings of the National Academy of Sciences. |
L’Université McGill
Fondée en 1821 à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Établissement d’enseignement supérieur renommé partout dans le monde, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans deux campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 étudiants internationaux représentant 31 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.