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Transport collectif postpandémique : risque de « spirale infernale »

Une étude mcgilloise démontre le besoin d’investir de manière soutenue dans le service d’autobus montréalais
Publié: 13 June 2024

Une nouvelle étude de l’Université McGill prévient que les compressions dans les services de transport collectif pourraient enclencher une « spirale infernale » et mener à terme à un effondrement du système de transport.

L’équipe de recherche entend par cette expression un cercle vicieux où les compressions de service causées par les déficits budgétaires, générant une baisse de l’achalandage, entraîneraient d’autres compressions, lesquelles généreraient à leur tour une baisse encore plus marquée de l’utilisation, et ainsi de suite.

« Les voyageurs sont plus sensibles aux baisses de service qu’avant la pandémie », explique Ahmed El-Geneidy, co-auteur de l’étude et professeur à l’École d’urbanisme de l’Université McGill. « Ce que nos conclusions démontrent, c’est que les agences de transport doivent maintenir l’offre pour stopper le déclin de l’achalandage. »

L’étude de cas de Montréal

De 2018 à 2022, l’équipe de recherche a analysé les données de 169 lignes d’autobus de la Société de transport de Montréal (STM) – à l’exception des périodes où les restrictions de la santé publique étaient en place – afin de cerner les tendances pré et postpandémiques, et de déterminer le mode de transport le plus populaire.

Les conclusions de l’étude, publiée dans la revue Transportation Research Record, révèlent que l’achalandage dans les transports est très élastique, ce qui signifie que les baisses de services produisent rapidement un effet dissuasif sur les voyageurs. En outre, les risques liés à une réduction des services sont d’autant plus grands que cette élasticité s’est accrue après la pandémie.

Ce changement est probablement dû au fait que nombre de voyageurs ont investi dans d’autres modes de transport pendant la pandémie et disposent ainsi d’une solution de rechange au transport collectif en cas de détérioration du service, expliquent les chercheurs. De plus, il s’avère que les voyageurs sont particulièrement sensibles aux réductions de service sur les lignes dont la fréquence est la plus élevée.

Le marketing à la rescousse

L’équipe de recherche a étudié les lignes « 10 minutes max » et constaté que le marketing de la STM a permis de stimuler l’achalandage.

« Le fait de positionner certains itinéraires comme offrant un service fréquent est une bonne façon pour les sociétés de transport de rendre leur système plus convivial. En effet, les usagers savent ainsi que ces lignes sont fiables et qu’ils n’auront pas à consulter les horaires », explique Ahmed El Geneidy.

Les spécialistes souhaitent que leur étude serve d’appel à l’action pour les décideurs politiques : il est nécessaire d’investir dans le transport collectif pour en assurer la durabilité, et favoriser la résilience et l’équité à long terme.

L’étude
L’étude « If You Cut It Will They Ride? Longitudinal Examination of the Elasticity of Public Transport Ridership in the Post-Pandemic Era », par Paul Redelmeier et Ahmed El-Geneidy, a été publiée dans la revue Transportation Research Record.

L’Université McGill

Fondée en 1821 à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Établissement d’enseignement supérieur renommé partout dans le monde, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans trois campus, 12 facultés et 14 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 39 000 étudiants, dont plus de 10 400 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 000 étudiants internationaux représentant 30 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 20 % sont francophones.

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