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Vous ressentez de l’insécurité dans votre couple? Votre biologie y est peut-être pour quelque chose

Selon une nouvelle étude, le système opioïde de notre corps influencerait les liens affectifs que nous créons dans une relation amoureuse
Publié: 6 July 2020

Si vous tentiez de décrypter vos sentiments lors de vos interactions quotidiennes avec votre partenaire, que découvririez-vous? C’est l’exercice auquel se sont prêtés environ 100 couples montréalais pendant trois semaines, dans le cadre d’une étude réalisée par des chercheurs de l’Université McGill. Ces travaux visaient à déterminer si une variante génétique du système opioïde assez répandue, puisqu’elle touche environ un quart de la population, pouvait être liée au sentiment d’insécurité dans les relations amoureuses. Les résultats de l’étude, publiés dans la revue Molecular Psychiatry, indiquent qu’ils pourraient effectivement être corrélés, dans certains cas.

Les chercheurs ont découvert que les personnes chez qui on observe la variation génétique du système opioïde (responsable du contrôle de la douleur et de la sensation de récompense) ont tendance à ressentir davantage d’insécurité dans leurs rapports avec leur partenaire lorsque ce dernier adopte à leur égard un comportement plus belliqueux, sarcastique ou méprisant qu’à l’habitude.

Querelles et sentiment d’insécurité au quotidien

Pendant environ trois semaines, les partenaires de près de 100 couples hétérosexuels montréalais vivant en concubinage ont noté dans un journal toutes leurs interactions de 5 minutes ou plus. Ils y ont relevé leurs propres comportements, notamment lorsqu’ils ont adopté une attitude belliqueuse, distante ou sarcastique, et ont évalué leur ressentià la suite de ces interactions. Les participants devaient soumettre leur rapport sur une base quotidienne, et ce, sans en discuter avec leur partenaire. En moyenne, chacun d’eux a fait état de trente interactions par jour. Les chercheurs ont d’abord procédé à un échantillonnage de salive pour repérer les personnes porteuses de la variante génétique, puis ils ont comparé les résultats aux renseignements que leur ont fournis les participants.

Des rapports difficiles sources de souffrance

« Des travaux antérieurs ont démontré la présence de la variante génétique chez les primates non humains présentant un attachement mère-enfant de type anxieux, et chez les humains en proie à un sentiment de rejet social, a expliqué Jennifer Bartz, auteure en chef et professeure au Département de psychologie de l’Université McGill. Toutefois, personne ne s’est jamais penché sur l’influence de ce gène dans les interactions quotidiennes au sein du couple. Ce genre d’expériences nous permet de mieux saisir les soubassements biologiques de l’attachement et étaye l’hypothèse selon laquelle le mécanisme de l’attachement chez l’humain pourrait dépendre du système opioïde. »

Ces travaux s’inscrivent dans une littérature plus vaste, laquelle indique qu’au cours de notre évolution, il est possible que nous ayons « emprunté » des mécanismes primitifs de régulation de la douleur pour adapter notre attachement aux personnes de notre entourage, dont notre alimentation et notre survie dépendent. Ceci explique sans doute pourquoi nous ressentons une douleur viscérale lorsque ces liens étroits sont compromis.

Une sensibilité exacerbée face aux querelles

« Nous savons que les personnes réagissent différemment face aux querelles avec leurs proches. Ces travaux laissent à penser que ces écarts s’expliqueraient en partie par une variante génétique du système opioïde, ont indiqué Kristina Tchalova et la Pre Gentiana Sadikaj, coauteures principales de l’étude. D’un point de vue clinique, ils indiquent que le lien entre le stress social ou la perte sociale et un fonctionnement psychologique inadapté pourrait constituer un facteur de risque. Il faudra poursuivre les recherches pour déterminer si les personnes porteuses de cette variante génétique sont davantage susceptibles de développer des problèmes psychologiques en réponse à des facteurs de stress interpersonnel. »

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L’article « Variation in the μ-opioid receptor gene (OPRM1) and experiences of felt security in response to a romantic partner’s quarrelsome behavior », par K. Tchalova, G. Sadikaj, D. S. Moskowitz et coll., a été publié dans la revue Molecular Psychology.

https://doi.org/10.1038/s41380-019-0600-4

À propos de l’Université McGill

Fondée en 1821 à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Établissement d’enseignement supérieur renommé partout dans le monde, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans deux campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 étudiants internationaux représentant 31 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.

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