Branchés mais déconnectés
C’est bien connu, le fait d’être accro de la télé est néfaste pour la santé. De nombreuses maladies, dont le diabète et les maladies cardiovasculaires, sont liées à l’inactivité physique. Il s’avère maintenant que les jeunes hommes ayant souffert de dépression à un jeune âge pourraient se révéler particulièrement susceptibles de devenir sédentaires plus tard au cours de leur vie et, notamment, de passer beaucoup de temps en ligne chaque jour.
Dans le cadre d’une étude réalisée à Montréal, des chercheurs ont demandé à 761 adultes âgés de 20 ans (en 2007-2008) chez qui on avait décelé des symptômes de dépression, de noter quatre ans plus tard (en 2011-2012), alors qu’ils étaient âgés de 24 ans, le nombre d’heures de loisir qu’ils passaient devant la télé ou un écran d’ordinateur (pour jouer ou naviguer sur Internet). Les chercheurs ont découvert une différence frappante entre les jeunes hommes et les jeunes femmes.
« Nous sommes partis du principe selon lequel la dépression précoce pouvait transformer une personne en accro du petit écran, la clouant à son fauteuil devant la télé ou son écran d’ordinateur, affirme la Dre Nancy Low, du Département de psychiatrie de l’Université McGill et l’une des auteurs de l’étude. Cependant, nous ne nous attendions pas à observer une différence aussi marquée entre le comportement des hommes et celui des femmes. »
Les chercheurs ont constaté que les jeunes hommes passaient en moyenne quatre heures de plus par semaine en ligne ou devant le téléviseur. Ils ont également constaté que le nombre total d’heures passées devant un écran d’ordinateur ou de télévision dépassait 21 heures par semaine, soit plus de trois heures par jour. Cela représente plus du double du temps d’écran recommandé par la Société canadienne de physiologie de l’exercice pour les enfants et les adolescents.
Cette information inquiète particulièrement les chercheurs pour deux raisons : la sédentarité est en hausse chez les jeunes et celle-ci influe sur leur comportement ultérieur; en outre, comme on n’a pas demandé aux sujets combien de temps ils passaient à utiliser leur téléphone cellulaire ou intelligent et leur tablette électronique, ni combien de temps ils consacraient à la lecture, les chercheurs estiment que les loisirs sédentaires occupent une plus grande place que ces données ne le laissent croire.
Les chercheurs doivent maintenant examiner de quelle façon les hommes et les femmes utilisent ce temps passé en ligne. Selon eux, il est probable que les jeunes femmes se servent de l’ordinateur principalement pour interagir au plan social et pour communiquer (des activités qui aident à composer avec la dépression), tandis que les hommes passent plus de temps à s’adonner à des activités individuelles, comme le jeu ou la recherche d’informations sur l’actualité (des activités qui peuvent contribuer à éviter le problème).
« Cette étude révèle que les jeunes hommes ayant déjà souffert de dépression sont plus susceptibles que les jeunes femmes de se retrouver dans un cercle vicieux où la dépression entraîne plus tard un comportement plus sédentaire qui, à son tour, peut contribuer à l’apparition de problèmes de santé, dont la dépression, affirme la Dre Low. Il s’agit maintenant de déterminer la meilleure façon d’intervenir tôt dans le processus. Ce qui suscite notre intérêt en ce moment est la façon dont le temps passé en ligne et l’utilisation d’outils comme les applications mobiles peuvent mieux contribuer à aider les jeunes à composer avec la dépression et à devenir plus actifs physiquement. »
Pour lire l’article Symptoms of depression are longitudinally associated with sedentary behaviors among young men but not among young women publié dans Preventive Medicine, visitez le http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S009174351300457X.
Pour communiquer directement avec la Dre Low : nancy.low [at] mcgill.ca