L’effet de notre propre identité sur notre perception des autres
Quelle incidence notre propre identité a-t-elle sur notre perception des autres? Une étude de l’Université McGill révèle que les personnes les plus susceptibles de faire l’objet de stéréotypes basés sur leurs identités de race et de genre, comme les femmes noires et les hommes asiatiques, seraient moins portées à entretenir certains stéréotypes à l’égard des autres.
Une équipe de recherche, dirigé par Jordan Axt, professeur adjoint au Département de psychologie de l’Université McGill, a analysé les déplacements de souris d’ordinateur de 1 300 participants et participantes pour déterminer si la notion de genre intervenait dans les stéréotypes visant les personnes de certaines races.
Dans le cadre d’études précédentes, des personnes à qui on avait demandé de classer par genre des photos de femmes noires et d’hommes est-asiatiques ont eu tendance à déplacer leur souris vers la mauvaise option avant de choisir la bonne. « Ces résultats révèlent une association très rapide, voire automatique et difficilement maîtrisable, entre la race et le genre », explique le Pr Axt.
C’est ce qu’on appelle l’effet « la race est genrée ».
Retrouve-t-on les mêmes stéréotypes aux États-Unis et en Chine?
Les études antérieures ont principalement sollicité la participation de personnes blanches dans un contexte nord-américain. Pour leur part, le Pr Axt et son équipe ont fait appel à des participants et participantes des États-Unis s’identifiant comme des personnes blanches, noires, est-asiatiques ou hispaniques. Ils ont ensuite comparé les données des participants et participantes des États-Unis s’identifiant comme est-asiatiques à celles des participants et participantes vivant en Chine et s’identifiant comme étant d’origine ethnique chinoise.
L’équipe cherchait à savoir si on retrouvait les mêmes associations entre la race et le genre dans divers groupes raciaux et dans d’autres cultures. Elle a découvert que l’effet « la race est genrée » était moins grand chez les hommes est-asiatiques et les femmes noires lorsque ces personnes devaient catégoriser selon le genre les membres de leur propre race, le même effet apparaissant chez les hommes d'Asie de l'Est aux États-Unis et en Chine.
« Nous avons constaté que pour les hommes noirs, l’effet était le même que lors des études précédentes, mais que chez les femmes noires, le lien entre “homme” et “noir” était plus faible. Le constat a été le même pour les hommes est-asiatiques, pour qui l’association entre “femme” et “asiatique” était moins évidente », précise le professeur.
Lutte contre les stéréotypes de race et de genre
L’équipe de recherche espère que cette étude fera ressortir l’importance de prendre en considération les multiples intersections entre les identités sociales, comme la race et le genre, dans l’analyse des modes d’expression des stéréotypes et des préjugés.
« Nous croyons également qu’il en découlera d’autres études sur les liens entre la race et le genre grâce auxquelles nous pourrons déterminer comment les stéréotypes apparaissent et trouver des façons de les atténuer. Et plus généralement, nous souhaitons attirer l’attention sur l’importance des différentes identités sociales sur le vécu d’une personne. »