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Une alimentation néfaste pour la santé et pour la planète

Une étude révèle que l’offre alimentaire canadienne ne répond pas aux lignes directrices durables en matière d’alimentation
Publié: 6 May 2024

À une époque où l’offre alimentaire est abondante et variée, la population canadienne mange-t-elle mieux qu’il y a cinquante ans? D’après un article récent publié par des chercheurs de l’Université McGill et de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), les personnes qui dépendent de l’offre alimentaire canadienne pour se nourrir manquent de choix sains et contribuent à la dégradation disproportionnée de l’environnement découlant des politiques canadiennes sur l’agriculture et la distribution des aliments.

Dans le cadre d’une étude inédite, l’équipe de recherche a examiné dans ses moindres détails l’offre alimentaire au Canada sur un intervalle de près de 60 ans. Elle a ensuite comparé ses constats aux recommandations du Guide alimentaire canadien et à celles de la Commission EAT-Lancet, reconnues à l’échelle mondiale. Cette analyse exhaustive fait ressortir une réalité importante, mais souvent négligée : les conséquences de la production et de la consommation d’un pays sur la santé et l’environnement.

Les répercussions inquiétantes d’une alimentation non équilibrée

« L’un des constats les plus frappants de l’étude est le déséquilibre évident dans l’offre alimentaire au Canada. En effet, la viande rouge et le sucre sont surabondants, alors que ce sont deux produits dont la consommation excessive est depuis longtemps associée à des problèmes de santé. À l’inverse, certains aliments plus sains sont offerts en quantité nettement insuffisante : les noix, les légumineuses et les légumes, par exemple », explique Vincent Abe-Inge, doctorant au Département de génie des bioressources de l’Université McGill et auteur principal de l’étude.

Les chercheurs tirent aussi la sonnette d’alarme au sujet des effets de ce déséquilibre sur l’environnement. L’étude montre que, quoiqu’ils ne constituent qu’une portion relativement faible de l’offre alimentaire, les produits d’origine animale sont responsables dans une proportion démesurée de la dégradation environnementale.

La production et la consommation d’aliments d’origine animale entraînent une augmentation de l’émission de gaz à effet de serre, de la consommation d’eau et de l’exploitation des terres, d’où l’urgence de définir une approche durable en la matière.

Une meilleure offre alimentaire pour un avenir meilleur

Selon les chercheurs, une chose est sûre : dans son état actuel, la chaîne d’approvisionnement canadienne a de profondes répercussions sur la santé et sur l’environnement. Du côté de la santé, la trop grande disponibilité de la viande rouge et du sucre est associée à une incidence croissante de l’obésité, des maladies du cœur et du diabète. Sur le plan de l’environnement, la dépendance trop importante aux aliments d’origine animale accélère les changements climatiques, la perte de la biodiversité et l’épuisement des ressources.

Les auteurs de l’étude préconisent des mesures stratégiques qui permettraient d’harmoniser l’offre alimentaire avec les recommandations en matière d’alimentation. Par exemple, ils proposent de taxer les aliments nuisibles à la santé pour décourager leur consommation excessive et d’investir dans la production alimentaire durable, notamment celle des aliments à base de végétaux. Ils espèrent que leurs conclusions trouveront une forte résonance auprès des décideurs politiques, des acteurs du secteur agroalimentaire et des consommateurs.

« Il est urgent d’adopter une approche globale axée non seulement sur la santé des populations, mais aussi sur celle de la planète. Si le Canada modifiait son offre alimentaire pour la rendre plus conforme aux recommandations, il ouvrirait la voie à un avenir plus sain et plus durable », conclut Vincent Abe-Inge.

L’étude

L’article « Uncovering the gap: Assessing the compliance of the Canadian food availability with dietary recommendations and its impact on the environment », par Vincent Abe-Inge, Ebenezer M. Kwofie, Stan Kubow, Valérie Orsat et John Ulimwengu, a été publié dans la revue Global Food Security.

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