Le point sur le campement – 29 mai 2024

Aux membres de la communauté mcgilloise,   

Nous assistons avec consternation à la souffrance et à la violence qui affligent actuellement le Moyen-Orient. Comment, en effet, ne pas ressentir une profonde angoisse à la vue de ces milliers de vies innocentes fauchées? De nombreux membres de notre communauté sont touchés de façon très personnelle par ces pertes de vie. À vous toutes et tous, sachez qu’il y a des ressources à votre disposition : vous les trouverez à la fin du présent message.  

Cela dit, malgré l’ampleur et la gravité de la situation, il est faux de croire que tous les moyens sont bons lorsque vient le temps d’exprimer ses opinions. L’intimidation, le harcèlement et la discrimination sur notre campus sont inacceptables, quelles que soient les circonstances et les motivations géopolitiques.  

Je m’adresse à vous aujourd’hui pour faire le point sur le campement installé depuis maintenant un mois sur le campus inférieur. Dans les lignes qui suivent, il sera question des échanges que nous avons eus avec les campeurs et campeuses dans l’espoir d’en arriver à une solution pacifique, des offres que nous leur avons présentées et des principes qui guident l’Université dans la prise de décisions importantes pour l’ensemble de sa communauté.  

Nous avons rencontré à de nombreuses occasions les étudiantes et étudiants de l’Université représentant le campement et leur avons soumis, en toute bonne foi, les offres décrites plus loin dans le présent message. Lors de la dernière rencontre, ces personnes ont quitté la table. Depuis, des sympathisants des campeurs et campeuses ont eu recours à des tactiques inacceptables heurtant de plein fouet les valeurs et les principes de respect qui animent la quasi-totalité des membres de notre communauté universitaire.  

Dimanche, en soirée, une manifestation tenue dans les rues de Montréal s’est, une fois de plus, achevée au campement dressé sur le campus du centre-ville. Des manifestants ont suspendu un portrait d’un politicien israélien vêtu d’un vêtement à rayures évoquant un uniforme de prisonnier. Ce vêtement n’était pas sans rappeler l’uniforme qu’étaient forcés de revêtir les millions de Juifs et d’autres personnes marginalisées qui ont souffert et sont morts dans les camps de concentration pendant la Deuxième Guerre mondiale.  

Nous avons signalé l’incident au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), qui, nous dit-on, a assisté à l’événement sans intervenir. Pareille attitude nous consterne, et nous avons demandé au SPVM de prendre toutes les mesures autorisées par la loi. Par ailleurs, si les personnes responsables de ces actes font partie de la communauté mcgilloise, l’Université enclenchera sa procédure disciplinaire.  

Nombreuses sont les personnes qui, comme moi, sont profondément perturbées par cet événement ou les images qui ont circulé.  

L’événement survenu dimanche n’est pas un incident isolé; en effet, il s’inscrit dans l’escalade à laquelle nous avons assisté ces dernières semaines.  

Plus d’une fois, des manifestants masqués ont ciblé la résidence personnelle de membres de la haute direction. Dans un cas, ils sont demeurés sur place pendant des heures, porte-voix à la main, scandant des slogans intimidants, comme « vous ne pouvez pas vous cacher ». Par l’entremise de comptes de réseaux sociaux favorables au campement, on avait invité les manifestants à se présenter à cette résidence en qualifiant l’événement d’« activité familiale en plein air ».   

Des personnes masquées en provenance du campement ont suivi et harcelé un membre de la haute direction. Les bureaux d’une équipe de l’Université ont également été ciblés. On y a, en effet, dressé une table comportant des aliments avariés accompagnés d’une affiche sur laquelle figuraient le nom de chaque membre de l’équipe et des empreintes de main peintes en rouge, évoquant le sang. Une affiche portant la mention « Voici la nourriture que vous méritez » complétait le tableau.  

De nombreuses personnes se sont dites perturbées par les graffitis blasphématoires peints sur les immeubles. En outre, nous avons vu sur le campus d’autres graffitis et des affiches contenant des propos très proches de la discrimination et, dans certains cas, discriminatoires.   

Loin d’être pacifiques, ces gestes ont pour but de menacer, de contraindre et de faire naître la peur. C’est complètement inacceptable. Nous avons rapporté chacun de ces incidents à la police en lui demandant d’agir.   

Avant que les choses s’enveniment, nous avions entamé des discussions avec les étudiantes et étudiants de l’Université présents sur le campement et leur avions soumis des offres axées sur trois actions tangibles. Ces offres sont en adéquation avec la mission de l’Université ainsi qu’avec ses principes, à savoir : liberté académique, intégrité, responsabilité, équité et inclusion. 

  • Premièrement, étudier la possibilité de désinvestir dans des entreprises dont les revenus proviennent en grande partie du marché des armes. L’Université dispose d’une procédure permettant à n’importe quel membre de sa communauté de transmettre au Conseil des gouverneurs ses doléances au sujet des investissements; nous avons offert d’accélérer le processus d’examen et d’accompagner toute personne souhaitant entamer pareille procédure.
  • Deuxièmement, nouer de nouveaux liens avec des chercheurs et chercheuses ainsi qu’avec des établissements de Gaza et de Cisjordanie, et fournir un soutien d’urgence aux étudiants et aux chercheurs déplacés.
  • Troisièmement, accroître la transparence de McGill en publiant la liste des entreprises dans lesquelles l’Université possède des avoirs en actions inférieurs à 500 000 $, dans la mesure où la divulgation de cette information est permise. Déjà, l’information sur les placements supérieurs à cette somme détenus par l’Université sous forme d’actions ou de titres à revenu fixe est accessible au grand public.

Les appels au désinvestissement motivés par des questions géopolitiques – surtout lorsque les opinions au sein de notre communauté sont tranchées et polarisées – sont source de discorde et n’ont rien de rassembleur. D’expérience, nous savons que c’est en adoptant une position neutre sur les conflits géopolitiques que notre université accompagne le mieux l’ensemble de sa communauté, dont les 50 000 membres ont des opinions politiques, des identités, des origines et des croyances diverses, et embrassent des causes diverses.  

Par ailleurs, je suis fermement convaincu que l’Université McGill doit éviter de boycotter des établissements universitaires et de couper les liens avec des chercheurs et des étudiants pour des raisons géopolitiques. L’Université a pour mission de faire progresser le savoir, et non de le restreindre. La circulation des idées et les échanges universitaires libres de toute entrave : voilà un puissant levier pour œuvrer au mieux-être de notre monde.   

Les échanges avec les participants et participantes au campement n’ont pas été faciles. Dans de nombreux autres établissements, les responsables du campement ont mis leurs divergences de côté afin de trouver un terrain d’entente avec la direction. Or, à McGill, l’offre – pourtant comparable à celle d’autres universités qui sont parvenues à une entente – a été rejetée.   

J’invite les membres de la communauté mcgilloise à examiner de près les offres qui ont amené les étudiants et étudiantes d’autres universités à mettre fin pacifiquement à leur campement, puis à les comparer aux nôtres. Je demeure résolu à œuvrer pour le bien de tous les membres de notre communauté afin que nous puissions, ensemble, accomplir notre mission universitaire et trouver une solution à la situation actuelle qui soit à la fois raisonnable et conforme à nos principes.   

Cordialement,  


Deep Saini  
Recteur et vice-chancelier

 

Ressources pour les étudiants

  • Si vous avez besoin d’aide ou que vous vous inquiétez pour quelqu’un, veuillez communiquer avec le deanofstudents [at] mcgill.ca (Décanat à la vie étudiante) (du lundi au vendredi, de 9 h à 17 h).
  • Le Pôle bien-être étudiant offre des services de counseling aux étudiantes et étudiants qui sont à Montréal (du lundi au vendredi, de 9 h à 17 h).
  • Keep.MeSafe est une ressource accessible, par téléphone ou par message texte, en tout temps et partout dans le monde pour les étudiantes et étudiants en détresse ou aux prises avec un problème de santé mentale.
  • Si vous êtes au Québec, vous pouvez également communiquer avec Info-Social en composant le 811. Ce service est accessible en tout temps.

 

Ressources pour le corps enseignant et le personnel

 

 

 

 

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