Perturbations liées aux manifestations

À tous les membres de la communauté mcgilloise,

Durant les derniers jours, des personnes et des groupes de nos campus ont demandé à la haute direction de l’Université McGill qu’elle rompe ses liens avec des établissements israéliens et qu’elle mette fin à l’offre de cours et d’initiatives éducatives déployée en collaboration avec Israël. Dans ce contexte, le personnel dirigeant de l’Université a entendu de nombreux points de vue contradictoires exprimés à l’aide de propos catégoriques, et, dans bien des cas, dans des termes dénués de toute nuance.  

La violence et la perte de vies humaines provoquées par le conflit dévastateur qui sévit au Moyen‑Orient causent de vives inquiétudes chez une grande partie de la population. Pour bon nombre d’entre nous, cette situation préoccupante cause un profond sentiment de tristesse, de colère et de crainte. Cela est particulièrement vrai pour les membres palestiniens et juifs de la communauté mcgilloise. Ainsi, je réitère l’importance de mesurer pleinement la vaste portée de nos paroles et de nos gestes et de s’adresser à celles et ceux qui nous entourent en faisant montre de bienveillance et de sollicitude. J’appelle également les personnes qui en ressentent le besoin à s’adresser à l’une des ressources dont les coordonnées apparaissent à la fin de ce message.  

Dans ce contexte, il me semble nécessaire de soulever les points suivants, lesquels m’apparaissent comme étant de la plus haute importance.  

D’abord ­— et cela, la haute direction l’a exprimé de manière claire et ferme à plusieurs reprises, — : l’Université McGill ne procédera pas à une abolition unilatérale des liens en recherche et en enseignement qu’elle a noués avec des établissements d’enseignement israéliens. Par ailleurs, l’Université refuse de s’opposer à la liberté universitaire dont disposent les membres de sa communauté d’enseignement et d’intervenir quant à leur décision d’établir des liens ou de collaborer avec un établissement, en fondant sa décision sur le seul critère de l’endroit où se trouve cet établissement. Agir de la sorte serait entièrement contraire aux principes dont l’Université McGill s’est dotée.  

Ensuite, l’Université, et, de surcroît, le droit canadien et québécois, accordent aux membres de la communauté mcgilloise toute la latitude voulue pour qu’elles et qu’ils puissent exprimer leurs opinions politiques, et ce, même si sont prononcés et posés des mots et des gestes susceptibles d’être jugés offensants. Cela dit, cette latitude est assujettie à des limites. À ce titre, rappelons que l’on considère qu’une infraction est commise à l’égard du Code de conduite de l’étudiant(e) et procédures disciplinaires lorsque les paroles prononcées et les actions commises en vertu de la liberté d’expression et de réunion le sont sciemment en vue d’entraver les activités de l’Université, lesquelles incluent l’enseignement, la recherche et l’étude. Dans le cas de perturbations et d’inconduites exemptes de violence produites lors de manifestations, le protocole mis en place par l’Université appelle au déploiement d’efforts visant à désamorcer la situation par l’établissement d’un dialogue entre un(e) représentant(e) de l’Université et les occupant(e)s. Dans la plupart des cas, de telles mesures suffisent. En revanche, lorsque les manifestant(e)s et les occupant(e)s font obstruction à la tenue d’activités de l’Université, cette dernière n’hésitera pas à faire appel aux autorités civiles et à leur demander de prendre les moyens jugés nécessaires.  

Au cours des derniers mois, nos campus ont été le théâtre de nombreuses manifestations et protestations, toutes axées sur les mêmes demandes et menées dans le respect de la loi et des politiques édictées par l’Université McGill. La manifestation qui a eu lieu jeudi dernier devant le Pavillon Bronfman était d’un tout autre ordre : l’ensemble des cours qui devaient s’y tenir en présentiel ont dû être déplacés en ligne. Les manifestant(e)s avaient bloqué les points d’accès et fait parvenir au personnel enseignant des messages les informant que les cours normalement donnés à la Faculté de gestion Desautels étaient annulés pour la journée. Si les manifestant(e)s, selon les informations disponibles, n’ont pas prononcé de discours illégal, leurs gestes ont néanmoins empêché le déroulement des activités de l’Université, ce qui est inacceptable. Au fil de la journée, une contre-manifestation s’est organisée, ce qui a avivé les tensions.  

Dans ce cas, l’Université est parvenue à désamorcer la situation en s’appuyant sur le protocole mentionné précédemment. Il va toutefois sans dire que McGill ne peut mener à bien son rôle si elle est forcée de subir des interruptions soudaines qui font entrave au déroulement de ses activités. Une telle situation met en péril les droits de notre communauté, notamment ceux du corps étudiant, lequel peut légitimement s’attendre à évoluer au sein d’un environnement d’apprentissage pacifique. Ainsi, je tiens à préciser que dans le cas où l’Université devait de nouveau faire face à une situation où des gestes venaient en obstruer les activités ou qu’une infraction à l’égard de ses politiques était commise, elle procéderait rapidement à l’application du protocole traitant des perturbations sur le campus dont il est question aux lignes précédentes.  

Je reconnais que nous traversons une période de très vives tensions, et qu’il est fort difficile de voir au-delà de sa réalité lorsqu’il faut établir un dialogue autour d’une question extrêmement douloureuse et clivante. Et pourtant, nous devons, toutes et tous, tenter d’y parvenir, afin que sur le campus, les gestes que nous posons et les mots que nous employons témoignent de notre respect envers les uns et les autres et à l’égard de la mission de l’Université McGill.  

 

Ressources

Cordialement,  

Deep Saini
Recteur et vice-chancelier
Université McGill

Back to top