Prochaines étapes : mise à jour sur le campement du campus inférieur

Aux membres de la communauté mcgilloise,  

Plusieurs pas importants ont été franchis depuis que l’Université McGill a soumis sa plus récente proposition aux membres de la communauté occupant le campement.  

Ce campement, dressé depuis plus d’une cinquantaine de jours maintenant, a été le théâtre d’une série d’incidents totalement inacceptables qui ont commandé l’intervention des forces de l’ordre.  

Dans un esprit d’ouverture et de transparence, je vous ai fait part de la proposition amendée présentée aux occupants et occupantes du campement le 10 juin dernier, y compris la suggestion de nommer une tierce partie objective, qui agirait comme médiatrice. Des propositions similaires ont mené au démantèlement pacifique de campements érigés sur le campus d’autres universités.  

Le 14 juin, les représentants mcgillois des campeurs et campeuses ont communiqué avec nous par courriel afin de nous signaler le refus, à la fois, de l’offre et de la possibilité d’amorcer une médiation.  

Malgré nos tentatives renouvelées pour discuter de bonne foi, les représentants du campement ont maintenu que leurs demandes ne feraient pas l’objet de négociations, tout en accusant l’Université de ne pas vouloir engager de véritable dialogue.  

Comme il apparaît évident que les pourparlers sont dans une impasse, nous les suspendons et entendons plutôt évaluer dès maintenant les prochaines étapes en vue de concrétiser nos engagements, en consultation avec la communauté mcgilloise élargie. Parallèlement, nous élaborerons et mettrons en place des mesures pour asseoir davantage l’inclusion, la stabilité et la cohésion au sein de notre campus.  
 

Nos engagements

L’Université McGill demeure résolue à promouvoir les actions concrètes reflétant ses valeurs, ses principes et sa mission principale. Notre plus récente proposition témoignait de la foi que nous avions, et que nous avons toujours, dans les mesures avancées, telles qu’elles sont exposées ci-après.

  1. Examiner la possibilité de désinvestir dans des entreprises de fabrication d’armes  
    L’Université McGill entend se pencher immédiatement sur la possibilité de désinvestir dans des entreprises qui tirent la majeure partie de leurs revenus directs de la production d’armes militaires, sans égard au lieu où elles exercent leurs activités.
     
  1. Soutenir financièrement les universitaires en situation de crise  
    L’Université McGill constituera un fonds pour accueillir deux universitaires directement touchés par la crise actuelle au Moyen-Orient. Cette initiative sera entreprise sous les auspices du réseau Scholars at Risk (SAR), dont fait partie l’Université depuis 2010. Le réseau SAR offre un soutien d’urgence aux étudiantes et étudiants ainsi qu’au personnel enseignant dont la vie est menacée par un conflit armé ou une urgence humanitaire.
     
  1. Faire preuve d’une transparence accrue au chapitre des investissements  
    Bien que l’Université McGill divulgue déjà l’ensemble de ses participations directes et de ses placements en titres à rendement fixe supérieurs à 500 000 $, nous comptons désormais divulguer, dans la mesure du possible, les placements inférieurs à ce montant.

Bien que notre proposition ait été rejetée, ces mesures seront mises en place, parce que nous sommes d’avis qu’elles auront des retombées positives. Les membres de la communauté élargie de l’Université nous ont d’ailleurs encouragés en ce sens.

 

Statut du campement  

Ce campement constitue une occupation non autorisée et illégale de la propriété de l’Université McGill. Il contrevient non seulement aux politiques de l’établissement, mais il est également à la source de comportements inquiétants, dont les suivants :

  • gestes d’intimidation et de harcèlement à l’endroit de membres de la population étudiante, du personnel et du corps professoral;
  • publication sur les réseaux sociaux d’un message où apparaissent des individus masqués, armés de fusils d’assaut, et invitant la population à participer à un « programme d’été révolutionnaire pour les jeunes »;
  • entrée illégale, par la force, au Pavillon de l’administration James;
  • pendaison de l’effigie d’une personnalité politique au portail Roddick;
  • diffusion de propos incendiaires, provocateurs et souvent perçus comme étant antisémites, par la parole ou au moyen d’affiches et de graffitis, autour du campement et sur tout le campus, dans le but d’intimider et de blesser autrui.

Malgré nos tentatives de discussion avec les personnes qui représentent le campement, nous constatons des agissements de plus en plus répréhensibles. Par ailleurs, les dépenses entraînées par la situation ne font qu’augmenter, et nos activités s’en trouvent perturbées. Pensons notamment aux cérémonies de collation des grades qui n’ont pas pu avoir lieu sur le campus inférieur de l’Université McGill.  

L’Université a récemment proposé d’annuler les mesures disciplinaires à l’encontre des étudiants, étudiantes et membres du personnel qui ont pris part au campement avant le 15 juin, des mesures qui ont trait uniquement à la participation au campement, et non à toute autre forme d’inconduite. Notre proposition ayant été rejetée, ces personnes se verront donc imposer l’ensemble des sanctions prescrites par nos politiques. Nous sommes aussi à explorer les mesures légales à notre disposition pour recouvrer les coûts associés aux dommages que nous avons subis.  

Bien que nous aurions souhaité que les discussions aboutissent à une solution différente, toutes les parties sont tenues de faire preuve de bonne foi à la table de négociation.

Prochaines étapes

Notre communauté est grandement préoccupée par les répercussions négatives qu’engendrent les propos clivants ainsi que les gestes illégaux et intimidants perpétrés par un groupe restreint d’individus. Bon nombre de notre communauté se sont sentis rejetés, voire menacés. Chez nos étudiants, nos professeurs et nos employés juifs, on constate une grande vulnérabilité, causée par les mots et les gestes qu’ils ont ressentis, à juste titre, comme antisémites. Leurs inquiétudes quant au climat sur le campus et à l’insécurité sont partagées par la majorité des personnes – sans égard à leur identité ou à leur vécu – qui, avec raison, insistent pour que l’Université soit un espace où le dialogue et les échanges se fassent dans le respect de la loi et de l’autre, et qui rejettent toute forme d’expression qui verse dans la haine et l’intolérance.  

Aucune université n’est outillée pour gérer, à elle seule, le démantèlement d’un campement et les situations dangereuses causées par une telle occupation. Les circonstances que nous vivons actuellement vont bien au-delà de notre établissement; elles émanent plutôt d’un problème beaucoup plus profond et grave, qui concerne la société civile dans son ensemble.  

C’est pourquoi nous sommes et resterons en constante communication avec les autorités publiques de tous les paliers de gouvernement, et, plus particulièrement avec les forces de l’ordre, insistant sur leur vigilance et leur soutien et les appelant à nous prêter main-forte.

Rebâtir notre communauté

L’Université McGill est un lieu d’apprentissage ouvert à la discussion et propice à l’épanouissement personnel et professionnel de ses membres. Cet été, nous entendons travailler de concert avec la population étudiante, le corps professoral et le personnel pour élaborer de nouvelles initiatives ayant pour objectif de rétablir les échanges constructifs de même qu’un climat sain et respectueux sur notre campus.  

Dans cette optique, nous invitons les membres de notre communauté à :

  • nous aider à ressouder notre communauté en participant à des initiatives visant à cibler les échanges constructifs; de plus amples renseignements sur ces initiatives vous seront communiqués à l’automne;
  • participer aux consultations tenues par le Comité du développement durable et de la responsabilité sociale du Conseil des gouverneurs visant à examiner nos placements dans des entreprises de fabrication d’armes;
  • nous faire part de leurs idées concernant le soutien que l’Université pourrait apporter aux membres de la population étudiante, du personnel et du corps professoral rendus vulnérables par la crise qui sévit au Moyen-Orient et ses répercussions sur notre campus.

Tant que la paix et la stabilité n’auront pas été rétablies, toute discussion réfléchie et respectueuse est impossible. Pour que nous puissions soutenir un climat sécuritaire, et véritablement inclusif, le campement doit être démantelé et toute forme d’expression et d’assemblée qui contrevient à la loi et aux politiques de l’Université doit cesser.  

Je sais que nous vivons une période difficile, et je m’engage à vous tenir régulièrement au courant des développements. Je vous remercie de votre engagement indéfectible envers notre communauté. Je suis persuadé qu’ensemble, nous parviendrons à traverser la tempête, et que nous en sortirons grandis.  

Cordialement,  

Deep Saini 
Recteur et vice-chancelier

 

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