Géoingénierie ou atténuation – une introduction

L'évaluation scientifique la plus récente du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évaluation du climat (GIEC 2007) conclut qu'il est très probable que la température planétaire moyenne sera, en 2100, de 1,4ºC à 4,8ºC supérieure à celle de 1850. En outre, la principale cause de ce réchauffement est l'augmentation des gaz à effet de serre (GES) découlant de la combustion de carburants fossiles et de modifications à l'utilisation du territoire. En signant la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), le 12 juin 1992, le Canada et plus de 153 autres pays s'engageaient à « stabiliser (...) les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique. » Bien qu'une « perturbation anthropique dangereuse » ne soit pas définie, il y a consensus sur le fait que les concentrations de GES dépassant 500-550 ppmv d'équivalent-dioxyde de carbone (CO2) seraient dangereuses, et de nombreux climatologues estiment que même des concentrations plus faibles seraient dangereuses. La concentration de CO2 en août était de 385 ppmv et son taux annuel d'augmentation est de l'ordre de 2,5 à 3,0 ppmv/année. Or, pour stabiliser les concentrations de GES à 400 ppmv eq CO2, soit la limite inférieure associée à des changements climatiques dangereux, les émissions de GES devraient être réduites de l'ordre de 70 % à 90 % par rapport aux émissions actuelles et ce, dès aujourd'hui!

Depuis la ratification de la CCNUCC, et bien que ces pays aient proposé, soit dans le cadre d'accords internationaux comme le Protocole de Kyoto ou sur une base individuelle, de nombreuses stratégies de réduction des émissions de GES, dans les faits, très peu de pays ont fait des avancées significatives en matière de réduction des émissions - en fait, la plupart des pays ont plutôt connu des augmentations notables de leurs émissions. Les émissions du Canada, par exemple, sont de 25 % supérieures à la cible établie dans le Protocole de Kyoto. Les signataires de la CCNUCC se réuniront à Copenhague en décembre de cette année dans le cadre de leur 15e congrès annuel, mais les rencontres préliminaires et les commentaires généraux suggèrent que l'atteinte des réductions nécessaires dans un avenir rapproché est fort peu probable.

L'augmentation soutenue des concentrations de GES, combinée à l'incapacité de mettre au point des stratégies efficaces de réduction des émissions de GES, a mené certains chercheurs à proposer des interventions directes sur le cycle du carbone et le système climatique planétaires. Ces propositions définissent collectivement la « géoingénierie » et comprennent deux approches différentes, à savoir, la capture et l'enfouissement du CO2 et la gestion du rayonnement solaire incident. La proposition de la géoingénierie, ne serait-ce que comme mesure palliative dans l'attente de la mise au point de stratégies efficaces d'atténuation des émissions, a soulevé de nombreuses inquiétudes de nature scientifique, sociale et éthique. Est-ce que notre compréhension du système terrestre nous permet de savoir comment gérer le système planétaire? Comment évaluer l'efficacité des approches proposées? Quels sont les risques associés à la géoingénierie? Quels sont les effets secondaires possibles? La géoingénierie propose-t-elle des solutions réalisables sur le plan scientifique, économique et social? Quelles sont les conséquences géopolitiques et éthiques de la géoingénierie? De nombreuses questions scientifiques relatives à la géoingénierie sont abordées dans un rapport publié en 2008 - J. J. Blackstock et coll., Climate Engineering Responses to Climate Emergencies (Novim, 2009) et les questions de nature scientifique ou plus générale sont au centre d'un récent rapport (1er septembre 2009) de la Royal Society (R.-U.) intitulé Geoengineering the Climate: Science, governance and uncertainty.


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