Soixante-cinq bougies pour la Conférence Beatty

Un total de 92 conférencières et conférenciers, reconnus pour leur goût du risque, leur avant-gardisme, leur combativité ou leur aura légendaire, ont foulé la scène de la Conférence Beatty à l’Université McGill. La Conférence est désormais un événement annuel, mais avant 2005, jusqu’à cinq conférences pouvaient être prononcées chaque année. Voici une sélection des conférencières et conférenciers les plus marquants des sept dernières décennies, ainsi que les précieux souvenirs de certaines personnes présentes dans l’auditoire.
 


Margaret Atwood, qui prononce sa conférence Beatty, en 2017. Image : Owen Egan.

 


ICÔNES

Certains noms figurant sur la liste des 89 conférencières et conférenciers Beatty sautent immédiatement aux yeux. Jane Goodall, l’une des conservationnistes les plus appréciées au monde, a prononcé une conférence Beatty en 1979, seulement deux ans après avoir mis sur pied l’Institut Jane-Goodall, aujourd’hui devenu un organisme international. En 2019, elle est remontée sur la scène de la Conférence Beatty et est ainsi devenue la première conférencière à être invitée plus d’une fois à cet événement.

                            Jane Goodall
                              Jane Goodall prononce la conférence Beatty 2019. Image : Owen Egan et Joni DuFour.

L’icône de la culture populaire Margaret Atwood, autrice de plus de 50 livres, dont La servante écarlate et suivie par plus de deux millions de personnes sur Twitter, a donné la conférence Beatty de 2017. La légende du sport Arthur Ashe, le seul afro-américain à avoir remporté la victoire en simple à Wimbledon et à l’omnium des États-Unis, a prononcé sa conférence Beatty intitulée Living With AIDS (La vie avec le sida) en 1992, seulement quelques mois après avoir révélé son diagnostic au monde entier. L’icône de la médecine douce Deepak Chopra, l’un des 100 héros du siècle selon le magazine Time, a quant à lui foulé la scène de la Conférence Beatty en 2006.
 

Arthur Ashe
Arthur Ashe, qui prononce sa conférence Beatty, en 1992. Image : Archives de l’Université McGill.

 

LAURÉATES ET LAURÉATS DU PRIX NOBEL

Ces 13 lauréates et lauréats du prix Nobel, qui ont tracé la voie dans leur domaine respectif, sont montés sur la scène de la Conférence Beatty afin de transmettre leur expertise et leur savoir durement acquis à l’auditoire : le physiologiste Luc Montaigner, le chimiste Paul J. Crutzen, la défenseure des droits de la personne Shirin Ebadi, le physicien Richard Feynman, le biologiste Gerald Edelman, le pionnier du microcrédit Muhammad Yunus, le physicien C. N. Yang, la fondatrice du Mouvement de la ceinture verte Wangari Maathai, l’écrivain Saul Bellow, le fondateur de Médecins Sans Frontières Bernard Kouchner, le chimiste Rudolph A. Marcus, le biologiste Francis Crick et le politicien Mikhail Gorbachev.
 


Francis Crick, qui prononce sa conférence Beatty, en 1985. Il a reçu le prix Nobel en 1962 pour sa codécouverte de l’ADN.
Image : Bibliothèque de l’Université McGill.



ACTIVISTES

Ces conférencières et conférenciers Beatty ont braqué les projecteurs sur certains des problèmes les plus critiques de notre monde : l’écologiste Sandra Steingraber, Nancy Wexler, qui mène une croisade contre la maladie de Huntington, la défenseure des droits de la personne Shirin Ebadi, la figure de proue des soins palliatifs Cicely Saunders, le fondateur de Médecins Sans Frontières Bernard Kouchner, le chef de file du désarmement nucléaire Peter Ritchie Calder, la fondatrice du Mouvement de la ceinture verte Wangari Maathai et la féministe Barbara Ehrenreich.
 


Cicely Saunders, qui reçoit un doctorat honorifique de l’Université McGill avant de prononcer sa conférence Beatty, en 1997.
Image : Bibliothèque de l’Université McGill.

 


LÉGENDES DE LA MUSIQUE

Lors de sa conférence Beatty de 1975, le violoniste américain Yehudi Menuhin, considéré par plusieurs comme l’un des plus grands violonistes du 20e siècle, a déclaré : « Le violoniste doit deviner l’intention orale du compositeur, une entité vivante composée de textures, d’envolées, de notes basses et aiguës qui, par magie, dévoile son univers intime, son génie et son message. Il la recrée alors afin de la raconter au public ». Quatre autres musiciens ayant mené une carrière internationale ont foulé les planches de l’Université McGill à l’occasion de la Conférence Beatty : le pianiste autrichien Alfred Brendel, le compositeur français Pierre Boulez, le chef d’orchestre suisse Paul Sacher, ainsi que le compositeur et chef d’orchestre polonais Witold Lutoslawski.

 


Alfred Brendel, qui prononce sa conférence Beatty intitulée Does Classical Music Have to be Entirely Serious? (La musique classique doit-elle absolument être sérieuse?), en 2011. Image : Owen Egan.

 

UNE TABLE RONDE À L’OCCASION DE LA CONFÉRENCE BEATTY

L’ancien dirigeant soviétique Mikhail Gorbachev a donné sa conférence Beatty le 23 mars 1993. Il s’agissait de la première fois de l’histoire de l’événement qu’un conférencier partageait la scène. Sa conférence, intitulée The New World Order (Le nouvel ordre mondial) a pris la forme d’une table ronde. Il a discuté avec l’ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau et les professeurs mcgillois Reuven Brenner, Valentin Boss et Charles Taylor (qui a prononcé à son tour une conférence Beatty en 2017). Mikhaïl Gorbachev et Pierre Elliott Trudeau ont accepté de participer à la table ronde, à condition que l’événement ne soit pas devant public. La discussion a donc eu lieu en privé, sur le campus, et a été filmée afin d’être diffusée exclusivement dans les deux plus grands auditoriums de l’Université, soit les salles 132 et 126 du Pavillon Leacock. Les billets gratuits distribués à l’avance se sont envolés rapidement. Le jour de l’événement, plus de 800 personnes, dont 70 membres de la presse, ont rempli les deux salles.

 


Mikhaïl Gorbachev lors de la conférence de presse à la salle Redpath de l’Université McGill, avant de donner sa conférence Beatty, en 1993.
Image : Bibliothèque de l’Université McGill.

 

L’HISTOIRE SE RÉPÈTE

Jane Goodall et Charles Taylor ne sont pas les deux seules personnes dont le passé est lié à celui de la Conférence Beatty. En 1979, un boursier Rhodes de l’Université McGill nommé Marc Tessier-Lavigner a signé un article sur la conférence Beatty de Richard Feynman, dans le McGill Daily. Celui-ci a obtenu son baccalauréat ès sciences l’année suivante et est devenu un neuroscientifique et un entrepreneur reconnu mondialement. Il a aussi occupé le poste de recteur de l’Université de Stanford et prononcé la conférence Beatty de 2009.

Article signé par Marc Tessier-Lavigne dans l’édition du 5 novembre 1979 du McGill Daily. Image : Archive.org..

 

 

SOUVENIRS DE LA CONFÉRENCE BEATTY

Vous avez assisté à une conférence Beatty? Faites-nous part de votre expérience ici.

« En 1979, lors de la première visite de Jane Goodall à l’Université McGill, je travaillais à l’unité de gestion des installations, alors connue sous le nom Bâtiments et terrains. Jane Goodall et ses travaux revêtaient un grand intérêt pour moi. J’avais d’ailleurs lu tous ses livres. Je ne pouvais donc pas manquer l’occasion de me retrouver dans la même pièce qu’elle. Cette conférence s’est déroulée il y a un bon moment déjà, mais je me souviens de l’avoir écoutée parler des chimpanzés qui figuraient dans ses livres. J’avais devant moi la femme qui les connaissait réellement, qui vivait avec eux, qui les étudiait. C’était il y a 40 ans, mais j’ai toujours peine à croire que je me suis retrouvée en sa présence. Je l’admirais alors, je l’admire aujourd’hui et je l’admirerai toujours. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais c’est ainsi », – Lynne Paterson Wolak sur sa participation à la conférence Beatty de Jane Goodall, en 1979.

                             Han Suyin
                   L'auteur Han Suyin prononce la conférence Beatty en 1968. Image : Archives de l'Université McGill.

" « Bien qu’elle s’adressait à quelque 600 personnes, Roxane Gay a livré, dans une ambiance intimiste, un discours sur le féminisme et l’actualité qui était authentique, candide et empreint de son humour caractéristique », – Extrait de l’article d’Emma Carr, paru dans la McGill Tribune, sur la conférence Beatty de Roxane Gay, en 2018.
 


Roxane Gay, qui prononce sa conférence Beatty, en 2018. À sa gauche se trouve Nantali Indongo, animatrice radio à CBC Montreal et animatrice de la soirée. Image: Owen Egan.


« J’ai participé à l’organisation de la Conférence Beatty pendant plus de 15 ans, à partir du début des années 1990. À l’époque, mes responsabilités m’empêchaient de vraiment profiter de l’événement. J’étais seulement heureuse et soulagée qu’il ait enfin lieu. J’ai toutefois eu le privilège de rencontrer des personnes d’exception qui, de multiples façons, changeaient véritablement la face du monde. Ma carrière au sein de l’équipe Beatty a commencé avec la vedette de tennis et activiste Arthur Ashe, qui a prononcé sa conférence Living with AIDS (La vie avec le sida) seulement deux mois avant sa mort. Il avait alors 49 ans. J’ai aussi eu la chance de rencontrer cinq autres têtes d’affiche nobélisées de la Conférence, c’est à dire Mikhaïl Gorbachev, Bernard Kouchner, Wangari Maathai, Shirin Ebadi et Muhammad Yunus. Au cours des décennies, presque toutes les sphères de la réalisation humaine ont été représentées à la Conférence Beatty. En plus de leur conférence, les personnalités Beatty participaient à des séminaires, à des lectures et à des classes de maître, en plus de visiter des salles de cours et des installations de recherche, et de participer à de nombreuses activités se déroulant tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des campus de l’Université McGill. Je ne peux qu’être fière de ma participation à cet événement exceptionnel. » – Jennifer Towell sur l’organisation d’éditions précédentes de la Conférence Beatty.
 


L’ancienne membre du personnel de l’Université McGill, Jennifer Towell, en compagnie de Muhammad Yunus, en 2010. Image : Jennifer Towell
Image: Jennifer Towell.

 

THE ARCHIVES

L’histoire de la Conférence Beatty perdure de nos jours grâce aux archives de l’Université McGill, où la majorité du matériel et des renseignements figurant sur le présent site Web sont conservés et préservés. Les plus anciennes photographies de l’événement sont celles de la conférence donnée par l’économiste australien Douglas Copland, en 1961.

 


Douglas Copland (à gauche), rencontre les journalistes avant sa conférence Beatty, en 1961. Image : Bibliothèque de l’Université McGill.

 

Image principale de la section : Roxane Gay, qui prononce sa conférence Beatty, en 2018. Image : Owen Egan/Joni Dufour.

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