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Juin, mois de la sensibilisation aux lésions cérébrales

Publié: 1 June 2018

Alain Ptito, du Neuro, interpelle le public sur les dangers des commotions cérébrales

Par Victor Swoboda

Chaque jour au pays, plus de 400 personnes en moyenne sont victimes d’une commotion cérébrale ou d’une autre forme de lésion cérébrale.

Dans un cas sur trois, le traumatisme touche un enfant ou une jeune personne durant la pratique d’un sport ou d’une autre activité physique. Les accidents de la route et les chutes sont également des causes fréquentes de lésion cérébrale. Le risque est lié au fait que de nombreuses victimes ne sont pas conscientes de la gravité de leur blessure et négligent de se soumettre à un examen. Bien que la population soit de nos jours plus sensibilisée aux commotions cérébrales que durant les années 1970, les athlètes et le grand public continuent trop souvent d’ignorer les signes distinctifs de ce traumatisme.

Le Pr Alain Ptito, chercheur en neurosciences cognitives au Neuro et directeur du Département de psychologie du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), veille à ce que chaque personne qui subit une lésion cérébrale reçoive un diagnostic et, au besoin, un traitement adéquat. Ses travaux de recherche portent sur la mise au point d’outils diagnostiques capables de fournir des données objectives dans l’évaluation de la gravité des lésions cérébrales.

« Plus de la moitié des structures cérébrales ont une forme de composante visuelle, c’est pourquoi bon nombre de personnes se plaignent de trouble de la vue à la suite d’une commotion cérébrale », indique le Pr Ptito, qui est conseiller scientifique auprès de Saccade Analytics, une société montréalaise qui a conçu un appareil servant à évaluer la réponse de la tête et des yeux dans l’exécution de tâches élémentaires chez une personne ayant subi une lésion cérébrale. Cette entreprise a été fondée en 2016 par Henrietta « Mimi » Galiana, professeure au Département de génie biomédical de l’Université McGill, qui avait auparavant élaboré des modèles d’analyse de la coordination de la tête et des yeux.

Ce test, qui fait appel à un casque de réalité virtuelle semblable à ceux dont on se sert dans les jeux vidéo et qui peut être réalisé en quelques minutes seulement, demande au patient de suivre des cibles de la tête et des yeux. Les données sont ensuite téléchargées et traitées, puis un rapport affichant différentes mesures clés est produit pour indiquer comment certaines régions de cerveau possiblement lésé ont répondu aux tâches demandées durant le test.

« Cet appareil a l’avantage d’être portable », mentionne le Pr Ptito. « On peut l’utiliser aux abords d’un terrain de football ou d’une patinoire pour effectuer le test sans délai et comparer ensuite les résultats aux valeurs de référence. Si l’athlète présente des signes de commotion cérébrale, la décision est sans équivoque : il ne doit pas retourner au jeu. »

Le Pr Ptito voit cet appareil comme un outil diagnostique complémentaire, et non comme un test autonome.

« Si les troubles visuels sont fréquents à la suite d’une commotion cérébrale, une personne peut être victime d’une lésion cérébrale sans présenter de tels symptômes. Le cas échéant, on doit procéder à un examen approfondi afin de s’assurer que le patient se porte bien. »

Le Pr Ptito mène également un programme de recherche auprès d’athlètes universitaires, qui sont invités à se soumettre à une épreuve d’imagerie fonctionnelle par résonance magnétique (IRMf) avant et après leur match. Des capteurs insérés dans le casque des athlètes permettent de colliger des données, de comparer la force des chocs survenant durant un match, et de signaler une lésion cérébrale éventuelle.

« Si un athlète subit une commotion cérébrale, et que nous ne sommes pas en mesure d’établir s’il peut retourner au jeu ou non, il pourrait aggraver sa blessure », souligne le Pr Ptito. « Nous devons trouver un moyen d’appuyer toute recommandation à cet égard sur des données objectives. En fait, nous cherchons à établir une corrélation entre la force d’impact et la variation des activations observées à l’IRMf. »          

Dans le cadre de ses travaux de recherche sur les traumatismes cérébraux, le Pr Ptito poursuit également la mise à l’essai d’un dispositif expérimental appelé « stimulateur portable de neuromodulation », ou PoNSMC. Cet appareil émet une stimulation électrique qui se rend au cerveau du patient en empruntant les nerfs de la langue, un organe très sensible dont la représentation cérébrale est importante. Le signal atteint la protubérance annulaire (en anglais : pons), une structure située dans la partie supérieure du tronc cérébral qui participe au contrôle de la respiration, de l’ouïe, du goût et de l’équilibre. En outre, la protubérance annulaire favorise la communication entre différentes régions du cerveau. Nous espérons qu’en stimulant la plasticité cérébrale, nous pourrons atténuer, voire régler, certains problèmes associés aux lésions cérébrales, comme les pertes d’équilibre.

Le Pr Ptito est en étroite communication avec le médecin des Canadiens de Montréal, le Dr David Mulder, éminent spécialiste en traumatologie et chirurgien au CUSM. Le chercheur souhaiterait pouvoir étendre ses tests à tous les joueurs du CH et à d’autres équipes de la LNH avant le début de la saison, afin d’obtenir des données de référence auxquelles on pourrait comparer les résultats d’examen chez un joueur qui aurait subi une commotion cérébrale.

D’ici là, le Pr Ptito mène la charge en faveur de la création d’une clinique des commotions cérébrales au Neuro, dont le personnel serait formé sur la détection et le traitement des lésions cérébrales.

Symptômes de traumatisme cérébral

Une personne qui a subi une commotion cérébrale peut ressentir divers symptômes : céphalées, confusion[ÉBM1] , étourdissements, dilatation des pupilles, perte d’équilibre, tintement d’oreilles, vomissements, trouble de l’élocution, nausées et fatigue. Dans certains cas, le patient peut souffrir d’amnésie temporaire et même ne plus se souvenir de l’origine du traumatisme.

Les symptômes peuvent survenir immédiatement après le choc, le lendemain ou même des jours plus tard. La personne atteinte peut devenir irritable et plus sensible au bruit ou à la lumière vive, avoir de la difficulté à dormir ou à se concentrer, se sentir déprimée et éprouver une perte de goût ou d’odorat.

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