2. Chronologies des événements

(Les heures sont indiquées entre parenthèses et sont approximatives.)

Dans l’après-midi du 10 novembre, une grande manifestation contre la hausse des droits de scolarité au Québec avait lieu au centre-ville de Montréal. De vingt mille à trente mille manifestants défilaient pacifiquement dans les rues de la ville, leur destination ultime étant le bureau de Montréal du premier ministre du Québec. Des douzaines de policiers contrôlaient les foules, bloquaient les rues et assuraient la sécurité des manifestants.

Entre-temps, deux des occupants du cinquième étage sont entrés dans le pavillon James (à 15 h). Ils se sont cachés dans des toilettes pendant environ une heure. La plupart des autres manifestants s’étaient rassemblés à l’angle de la rue University et de l’avenue des Pins, attendant un signal leur indiquant que la manifestation contre la hausse des droits de scolarité avait atteint l’angle des rues McGill College et Sherbrooke, à proximité du bureau du premier ministre Charest. Vers 16 h, ils ont reçu leur signal et se sont rendus jusqu’à la porte arrière du pavillon James. La porte arrière n’était pas verrouillée. Ils ont été rejoints dans le vestibule donnant sur la porte arrière par les deux manifestants qui s’étaient cachés à l’intérieur. Ce groupe de quatorze personnes (douze hommes et deux femmes) a ensuite emprunté l’escalier nord. On allègue que tous les occupants étaient des étudiants de McGill, mais je n’ai pas été en mesure de confirmer ce fait.

Au cinquième étage, le groupe a traversé le côté sud du pavillon pour entrer dans l’aire de réception. Il n’y avait personne au bureau de la réception. La plupart des occupants se sont placés, dans l’aire de réception, de façon à ne pas être vus par les membres du personnel qui se trouvaient dans le bureau du vice-principal exécutif (16 h 06). Deux ou trois occupants, craignant d’être reconnus, ou préoccupés par les conséquences néfastes possibles de leurs agissements, s’étaient couvert la tête avec des bandanas, des capuchons ou des chapeaux. L’un d’eux, à visage découvert, portait une bannière repliée, qui ressemblait à une longue perche à laquelle un morceau de tissu aurait été attaché. Un autre, qui était également à visage découvert, a frappé dans la vitre de la porte du vice-principal exécutif. Comme je l’ai déjà mentionné plus haut, l’accès au bureau du vice-principal exécutif est contrôlé par carte. Un membre du personnel du vice-principal exécutif a ouvert la porte. L’occupant a annoncé qu’il s’agissait d’une « occupation pacifique » et il s’est placé ou a placé son pied de façon à empêcher la fermeture de la porte. Le membre du personnel a tenté de fermer la porte. Plusieurs occupants ont offert une résistance et ont maintenu la porte ouverte. Il n’y a pas eu de contact physique direct entre les occupants et le membre du personnel, bien que la porte ait heurté cette personne lorsque les occupants sont entrés dans la zone d’accès réservé et que celle-ci ait subi une ecchymose au bras. Les occupants n’ont pas touché aux membres du personnel du vice-principal exécutif ou de la principale.

Je tiens à souligner ici que l’occupation du cinquième étage du pavillon James n’était pas un événement spontané. Certains comptes rendus laissent entendre qu’elle était planifiée depuis trois semaines, mais je n’ai pas été en mesure de confirmer ce fait. Cependant, deux éléments laissent clairement entendre qu’il y a eu une certaine planification. Premièrement, les occupants sont arrivés au cinquième étage en portant une grande bannière, d’environ 2,5 mètres sur 3,5 mètres, fixée à une hampe de bambou. Elle portait l’inscription : « 10 nov. Occupons McGill ». Cette bannière avait été réalisée à l’avance dans le but précis de l’arborer à une fenêtre du cinquième étage; elle n’aurait pas pu être utilisée facilement dans une manifestation. Deuxièmement, au moins un des occupants du cinquième étage, accompagné d’une autre personne, était venu au pavillon James le 8 novembre 2011 pour reconnaître les lieux. L’un des occupants m’a également confié qu’ils avaient vu le plan de la zone d’accès réservé avant l’occupation.

Je veux également souligner qu’au moment où les occupants sont entrés de force dans la zone d’accès réservé, la principale Heather Munroe-Blum n’était pas à son bureau : elle avait pris un vol Toronto-Montréal à 16 h 01. Cependant, Susan Aberman (chef de cabinet de la principale), trois membres du personnel de la principale et deux membres du personnel du vice-principal exécutif travaillaient dans la zone d’accès réservé. Le vice-principal exécutif Anthony Masi, qui est le plus haut responsable des études après la principale, et dont le bureau est situé dans la zone d’accès réservé, présidait alors une réunion du Comité des politiques universitaires (CPU) au troisième étage du pavillon James. Le vice-principal exécutif adjoint, Morton Mendelson, dont le bureau est situé au sixième étage du pavillon James, assistait également à cette réunion. Le vice-principal (administration et finances) Michael Di Grappa était à son bureau, à l’autre extrémité du cinquième étage. Le vice-principal aux relations externes, Olivier Marcil, se trouvait également dans son bureau, au cinquième étage. Pierre Barbarie, le directeur adjoint de la sûreté universitaire (Service de sécurité), se trouvait au portail Roddick, avec la plus grande partie de l’équipe de gestion des opérations, afin de surveiller l’évolution de la manifestation contre la hausse des droits de scolarité.

Lorsque les occupants ont ouvert la porte du bureau du vice-principal exécutif, au moins dix d’entre eux ont pénétré dans la zone d’accès réservé. Trois ou quatre occupants sont restés dans l’aire de réception. Le dernier occupant à entrer dans la zone d’accès réservé tenait la bannière. Quelques occupants portaient des bandanas, des chapeaux ou des capuchons, tandis que d’autres étaient à visage découvert. Personne ne s’est assis. Les dix occupants entrés dans la zone d’accès réservé se sont déplacés de bureau en bureau, passant des bureaux du vice-principal exécutif à celui de Susan Aberman. Au moins trois occupants sont entrés dans le bureau de la principale, à un moment ou à un autre. D’après un compte rendu non confirmé, un occupant entré dans le bureau de la principale a été vu en train de parcourir des documents de la principale. Des occupants ont ouvert une fenêtre en façade de l’immeuble et ont fait flotter la bannière qu’ils avaient apportée. Certains ont tenté de déplacer des meubles à des fins indéterminées, mais ils ont rapidement abandonné cette idée. Au moins un occupant a écrit sur Twitter que le bureau de la principale avait été occupé.

Tandis qu’ils se déplaçaient, les occupants répétaient à voix haute qu’il s’agissait d’une « occupation pacifique » et que les membres du personnel étaient libres de rester ou de partir. Collectivement, ils ont refusé de discuter de toute revendication ou demande avec les membres du personnel du cinquième étage. Les occupants ont placé une chaise contre la porte du bureau du vice-principal exécutif afin de la maintenir ouverte. Ils circulaient entre l’aire de réception et la zone d’accès réservé et ils ont commencé à aménager cet espace. Trois occupants se tenaient aux portes du corridor et maintenaient leur poids contre elles.

En moins de trois minutes, six appels ont été faits au Centre opérationnel de sécurité de McGill (no 3000) depuis différents points du cinquième étage (entre 16 h 05 et 16 h 08). Au moins deux appels provenaient de membres du personnel du vice-principal exécutif. Un appel provenait d’un membre du personnel du vice-principal Olivier Marcil. Un appel pourrait avoir été fait par un membre du personnel de la principale. Au cours de l’un des appels, on a dit au Service de sécurité de McGill que les occupants constituaient « un vaste groupe, qu’ils bloquaient les portes et qu’il s’agissait vraiment d’une urgence ». Un membre du personnel de la principale a appuyé sur le bouton d’alarme, ce qui a immédiatement fait allumer un voyant lumineux au Centre opérationnel de sécurité.

Du point de vue du Service de sécurité, un signal provenant d’un bouton d’alarme exige une intervention immédiate. Deux membres de l’équipe de sécurité qui se trouvaient à l’intérieur du pavillon Ferrier ont été immédiatement dépêchés au cinquième étage du pavillon James (à 16 h 06). Le contrôleur a fait part de la situation à M. Chris Carson, membre le plus haut gradé du groupe de gestion des opérations. Depuis le cinquième étage du pavillon James, Susan Aberman a téléphoné au directeur adjoint, Sûreté universitaire (Service de sécurité), Pierre Barbarie. M. Barbarie s’est rendu du portail Roddick au pavillon James en compagnie de M. Carson et d’autres membres de l’équipe de gestion des opérations. Le pavillon James a été placé en accès par carte uniquement (à 16 h 08). Un membre du personnel du vice-principal exécutif a tenté de joindre celui-ci par courriel, mais le vice-principal exécutif n’a pas reçu le message, car son téléphone cellulaire se trouvait dans son bureau et il présidait alors une réunion du Comité des politiques universitaires (CPU) au troisième étage.

Le vice-principal Marcil et au moins un membre de son personnel, ayant vu et entendu les occupants envahir le cinquième étage, se sont rendus aux portes du corridor. Trois occupants maintenaient déjà les portes fermées en s’arcboutant contre elles et ont continué à bloquer l’entrée. Le vice-principal Marcil a pu constater que les occupants avaient pénétré dans la zone d’accès réservé. Après avoir frappé à la porte et n’avoir pu se rendre dans l’aire de réception, le vice-principal Marcil, le membre de son personnel et un membre du personnel de garde sont entrés dans la zone d’accès réservé par l’issue de secours (à 16 h 08). Étant donné que les occupants ont bloqué les portes donnant sur le corridor pendant la plus grande partie de l’occupation, l’issue de secours a été empruntée plusieurs fois par les membres du personnel et de l’équipe de sécurité au cours de l’heure suivante pour se rendre dans la zone d’accès réservé.

Entre-temps, à l’extérieur du pavillon James, un petit groupe de manifestants se déplaçait du portail Roddick au pavillon James (à 16 h 08). Il semblerait que ce déplacement et d’autres semblables, par la suite, avaient été demandés par les occupants afin d’organiser une manifestation au square James pendant l’occupation. La présence de manifestants devant le pavillon James pourrait avoir été planifiée avec les occupants du cinquième étage avant l’occupation, mais je n’ai pas été en mesure de l’établir avec certitude. Il est avéré que les occupants du cinquième étage étaient en contact avec les manifestants qui se trouvaient à l’extérieur du pavillon James par téléphone cellulaire et par Twitter tout au long de la fin de l’après-midi du 10 novembre.

À l’intérieur de la zone d’accès réservé du cinquième étage, un membre du personnel a commencé à filmer les occupants à l’aide de son téléphone cellulaire. Ce membre du personnel a arraché le chapeau d’un occupant. Cet occupant (ci-après appelé « l’occupant A ») portait également un bandana. L’occupant A a crié qu’il s’agissait de voies de fait (à 16 h 09). Le membre du personnel a continué à filmer les occupants dans la zone d’accès réservé et l’aire de réception, en les raillant et en leur disant qu’ils devraient s’inquiéter des conséquences de leurs actes. Plusieurs occupants se sont couvert la tête et le visage ou ont tenté d’éviter de se faire filmer.

Les membres de l’équipe de sécurité (l’équipe des relations communautaires et trois agents de Securitas) ont gravi l’escalier sud, et les occupants les attendaient aux portes de l’escalier. Six ou sept occupants sont sortis de la zone d’accès réservé pour bloquer l’accès à l’aire de réception. Au moins trois occupants portaient un bandana et un chapeau ou un capuchon. Les membres de l’équipe de sécurité ont avisé les occupants qu’ils avaient reçu un signal d’alarme et qu’ils devaient se rendre à l’aire de réception. Les occupants leur ont physiquement bloqué l’accès à l’aire de réception et ont répété à voix haute qu’il s’agissait d’une « occupation pacifique » (à 16 h 10).

À ce moment, des rapports provenant du canal radio de l’équipe de sécurité indiquaient que davantage de manifestants se dirigeaient vers le pavillon James, depuis le portail Roddick (à 16 h 10).

À l’intérieur du pavillon James, trois membres du groupe de gestion des opérations sont arrivés aux portes donnant sur le corridor du cinquième étage. Trois occupants continuaient de bloquer ces portes. Les trois membres du groupe de gestion des opérations ont voulu se frayer un chemin vers l’aire de réception, en tentant de forcer les portes, mais en vain. Ils ont alors décidé de pénétrer dans la zone d’accès réservé par l’issue de secours (à 16 h 11). Entre-temps, le vice-principal Michael Di Grappa a rencontré Pierre Barbarie au quatrième étage du pavillon James, où ils ont discuté de la situation (à 16 h 12).

Un membre du groupe de gestion des opérations, qui se trouvait alors à l’intérieur de la zone d’accès réservé, a retiré la chaise qui maintenait ouverte la porte du bureau du vice-principal exécutif et a tenté de refermer la porte. Plusieurs occupants qui se trouvaient dans l’aire de réception sont retournés dans la zone d’accès réservé pour maintenir ouverte la porte du bureau du vice-principal exécutif (à 16 h 12). Depuis le palier de l’escalier sud du cinquième étage, trois membres de l’équipe de sécurité se sont frayé un chemin parmi les occupants qui bloquaient l’accès aux portes de l’escalier, et sont entrés dans l’aire de réception. La plupart des occupants se sont rassemblés dans l’aire de réception; il y avait beaucoup de cris et de tension dans la pièce.

Un membre de l’équipe de sécurité surveillait la scène par les vitres des portes donnant sur le corridor, en présence de deux membres du personnel. Lorsqu’un membre du personnel a dit « qu’il faudrait probablement appeler la police », le membre de l’équipe de sécurité a appelé le Centre opérationnel de sécurité. Il a avisé le contrôleur qu’il faudrait appeler la police. Le contrôleur a fait le 911 et informé les services de police qu’il se trouvait de quinze à vingt manifestants à l’intérieur du pavillon James, que l’équipe de sécurité de McGill était sur place et qu’il était possible que davantage de manifestants arrivent (à 16 h 12). Dans la mesure où je peux le vérifier, il s’agit du seul appel fait au 911 pour demander de l’aide aux services de police par un membre de l’équipe de sécurité ou les autorités de McGill au cours de l’après-midi et de la soirée du 10 novembre.

Pierre Barbarie, qui se trouvait toujours au quatrième étage du pavillon James, a été prévenu du fait que la police avait été appelée. Il a envoyé un agent de Securitas à la rencontre des policiers au portail Milton et a donné comme directive de faire attendre les policiers à l’extérieur du pavillon James jusqu’à ce qu’il les autorise à y entrer (à 16 h 12).

Entre-temps, un membre de l’équipe de sécurité a fermé la porte du bureau du vice-principal exécutif et celle-ci s’est automatiquement verrouillée. Deux membres de l’équipe de sécurité sont restés dans l’aire de réception avec douze des occupants. Au moins cinq autres membres de l’équipe de sécurité se trouvaient dans la zone d’accès réservé. Seulement deux occupants (l’occupant A, déjà mentionné, et l’occupant B, un autre d’entre eux) sont restés dans la zone d’accès réservé (à 16 h 12). Alors que l’occupant A portait un chapeau et un bandana, l’occupant B était à visage découvert. L’occupant A s’est précipité dans le bureau de la principale et s’est assis à son bureau. L’occupant B se tenait debout dans le bureau de la principale. Les deux occupants se sont fait dire à voix haute de quitter les lieux. L’occupant B a précisé qu’il souffrait d’ostéoporose et il a dit d’une voix forte de ne pas lui toucher. Un membre de l’équipe de sécurité a empoigné son blouson et l’a bousculé pour le faire sortir du bureau de la principale, et lui faire traverser la suite du vice-principal exécutif jusqu’à la porte de celui-ci. Les autres occupants qui se trouvaient dans l’aire de réception se sont rassemblés à la porte du bureau du vice-principal exécutif. Il y a eu beaucoup de cris et de bousculades (à 16 h 13). L’occupant B a été refoulé, toujours debout, dans l’aire de réception, et la porte du bureau du vice-principal exécutif a été refermée.

Alors qu’on expulsait l’occupant B de la zone d’accès réservé, l’occupant A a refusé de quitter le bureau de la principale. Il s’est assis dans le fauteuil de la principale pendant soixante à quatre-vingt-dix secondes. Un membre de l’équipe de sécurité a alors fait basculer le fauteuil et l’occupant A est tombé sur le sol. Un membre de l’équipe de sécurité a tiré l’occupant A par le bras et l’a traîné sur le sol à l’extérieur du bureau de la principale, en traversant la suite du vice-principal exécutif. L’occupant A a réussi à se libérer de la poigne de l’agent de sécurité et s’est assis contre le mur à proximité de la porte du bureau du vice-principal exécutif, mais toujours dans la zone d’accès réservé. Trois membres de l’équipe de sécurité l’ont alors soulevé, l’un d’entre eux en tenant son dos, et les deux autres, en tenant ses pieds. La porte du bureau du vice-principal exécutif a été ouverte. Une fois de plus, les occupants se sont rassemblés à la porte. Et il y a eu encore beaucoup de cris et de bousculades (à 16 h 14). Trois membres de l’équipe de sécurité ont transporté l’occupant A par l’embrasure de la porte. Il s’est agrippé au cadre de porte et s’est énergiquement opposé à son expulsion. Au milieu de tout ce brouhaha, l’occupant A a été déposé sur ses pieds dans l’aire de réception, mais il semblait avoir perdu l’équilibre et il est tombé vers l’avant, comme s’il avait été poussé par-derrière. La porte du bureau du vice-principal exécutif a ensuite été refermée. L’occupant A est resté sur le sol quelques minutes, hors d’haleine.

À 16 h 14, l’occupation de la zone d’accès réservé était terminée; elle avait duré huit minutes. Je n’ai découvert aucune preuve convaincante du fait qu’il y ait eu des coups de poing ou de pied, que ce soit par les occupants ou par les membres de l’équipe de sécurité. Il y a eu beaucoup de bousculades, et il est indéniable que les membres de l’équipe de sécurité ont eu recours à la force pour expulser deux des occupants de la zone d’accès réservé. L’un d’eux a été poussé hors de la zone, sur ses pieds. L’autre a été transporté. Je n’ai recueilli aucun élément probant du fait que la force ait été utilisée contre l’un des douze autres occupants. Cependant, l’équipe de sécurité a joué des coudes pour se rendre dans l’aire de réception, et les occupants s’y sont opposés activement (au moins l’un d’entre eux en levant les mains dans les airs). Aucun des occupants du cinquième étage n’a été touché par qui que ce soit après 16 h 14.

De 16 h 14 à 17 h 35, les quatorze occupants sont restés dans l’aire de réception. Les membres de l’équipe des relations communautaires étaient avec eux, et se tenaient près du bureau de la réception. L’un des agents de Securitas se tenait près des portes de l’escalier. Trois occupants bloquaient toujours de leur poids les portes donnant sur le corridor. Pendant cette période, personne n’a dit aux occupants qu’ils étaient détenus, et aucun des occupants n’a été retenu physiquement par qui que ce soit. Un membre de l’équipe de sécurité a dit aux membres du groupe qu’ils pouvaient et qu’ils devraient quitter les lieux. Comme il se trouvait trois membres de l’équipe de sécurité dans l’aire de réception avec les occupants, il se peut qu’il ait été ambigu pour les occupants de savoir s’ils étaient autorisés à partir. Par la suite, l’un des occupants m’a dit qu’à ce moment-là, il n’avait pas songé à quitter les lieux.

Quoi qu’il en soit, dans les trente minutes qui ont immédiatement suivi l’expulsion des deux occupants de la zone d’accès réservé, plusieurs occupants ont fait les cent pas dans l’aire de réception, tout en communiquant avec le monde extérieur. De multiples messages électroniques ont été envoyés, disant que les membres de l’équipe de sécurité étaient ou avaient été violents et qu’ils faisaient ou avaient fait usage d’une force excessive. Un occupant a écrit sur Twitter : « Des étudiants violemment assaillis par des gardiens de sécurité à l’OCCUPATION DU BUREAU DE LA PRINCIPALE ». Une occupante a fait un appel téléphonique au cours duquel elle disait qu’elle participait à l’occupation du cinquième étage du pavillon James, que les gardiens de sécurité avaient été violents, et que les occupants avaient obtenu le numéro pour accorder une entrevue en direct à CKUT. L’entrevue n’a pas eu lieu à ce moment.

À 16 h 18, de vingt à trente manifestants se tenaient devant la porte avant du pavillon James. Davantage de manifestants se sont détachés du groupe principal au portail Roddick pour se diriger vers le pavillon James (à 16 h 19). Plusieurs manifestants ont tiré sur la porte avant du pavillon James Building, tentant de forcer la serrure magnétique. Une trentaine de manifestants se trouvaient à la porte arrière du pavillon James, tentant, eux aussi, de pénétrer dans l’immeuble (à 16 h 19).

Un membre du personnel du vice-principal exécutif a essayé, deux autres fois, de joindre celui-ci (par courriel et par téléphone cellulaire), mais sans succès (à 16 h 15 et à 16 h 19). Le vice-principal Di Grappa a composé le numéro du téléphone cellulaire du vice-principal exécutif adjoint Mendelson (à 16 h 19). Prévenu de l’occupation, le vice-principal exécutif adjoint a quitté la réunion du Comité des politiques universitaires (CPU) qui se déroulait au troisième étage du pavillon James. Le vice-principal exécutif Masi n’a pas été mis au courant de la situation et a continué à présider la réunion. Le vice-principal exécutif adjoint Mendelson s’est rendu au cinquième étage et est entré dans l’aire de réception depuis la porte donnant sur l’escalier (à 16 h 22). Les occupants se tenaient debout, faisaient les cent pas, téléphonaient et envoyaient des messages textes. Seulement deux ou trois occupants couvraient encore leur visage ou leur tête. Le vice-principal exécutif adjoint Mendelson a discuté avec les occupants jusqu’à 16 h 28, puis a quitté l’aire de réception. Il est ensuite descendu au quatrième étage, il a remonté l’escalier nord, puis est entré dans la zone d’accès réservé par l’issue de secours.

À 16 h 24, un agent de Securitas a signalé qu’un groupe de manifestants avait tenté de pénétrer dans le pavillon Leacock et a confirmé que toutes les portes de ce pavillon avaient été verrouillées. D’après d’autres rapports, les manifestants avaient tenté d’entrer dans le pavillon James par la porte sud-ouest. D’autres avaient sauté dans les puits des fenêtres du rez-de-chaussée du pavillon James (à 16 h 28). On entendait beaucoup de cris à l’extérieur de chacune des portes du pavillon James et la tension croissait.

À l’intérieur, dans l’aire de réception, les occupants continuaient à communiquer avec le monde extérieur à l’aide leurs téléphones. Certains cassaient la croûte. L’ambiance semblait plus détendue (de 16 h 29 à 16 h 44). L’un des occupants a accordé une interview téléphonique à CKUT (de 16 h 37 à 16 h 44). L’interview n’a pas été diffusée avant 17 h 50.

À la manifestation contre la hausse des droits de scolarité, à l’angle des rues McGill College et Sherbrooke, des gens dans la foule invitaient les autres à « occuper McGill ». Un agent de sécurité a signalé qu’un groupe de gens, entrant par le portail Milton, s’était joint au groupe du square James (de 16 h 30 à 16 h 35).

Au portail Roddick, deux policiers dans une autopatrouille ont rencontré des membres de l’équipe de sécurité et ont déclaré qu’ils répondaient à un appel fait au 911 (environ 20 minutes auparavant). Accompagnés d’un membre de l’équipe de sécurité, les deux policiers (l’un à pied, et l’autre, en voiture) se sont déplacés du portail Roddick à la zone située en face du pavillon McConnell de génie, puis du côté est du pavillon James (à 16 h 36). Deux autres policiers, arrivés en voiture sur le campus par le portail Milton, sont venus à leur rencontre, après avoir téléphoné au COS de McGill pour se renseigner sur l’itinéraire. Cette deuxième autopatrouille avait été demandée par la police en renfort de la première. Un membre de l’équipe de sécurité a conduit les quatre policiers à la porte arrière du pavillon James. Là, une trentaine de manifestants ont bloqué la porte et formé une chaîne humaine pour interdire l’accès à l’immeuble. Les policiers et le membre de l’équipe de sécurité sont entrés dans le pavillon James par l’Annexe, après qu’un manifestant eut échoué sa tentative de bloquer cette porte. Ils se sont rendus au cinquième étage et sont entrés dans la zone d’accès réservé par l’issue de secours (à 16 h 45). Les policiers n’ont pas été en contact avec les occupants à ce moment.

Craignant une occupation simultanée de plusieurs immeubles, les membres de l’équipe de sécurité de McGill ont placé les pavillons Dawson, Leacock ainsi que le Musée Redpath en mode d’accès par carte uniquement (à 16 h 37). À l’entrée principale du pavillon James, des manifestants en colère ont exigé d’entrer, disant qu’ils avaient été informés du fait que les occupants du cinquième étage avaient été battus et étaient détenus contre leur gré par l’équipe de sécurité de McGill. La tension montait. À ce moment, il a été estimé qu’environ cent vingt manifestants étaient rassemblés entre la porte principale et la porte sud-ouest. Les trois membres de l’équipe de sécurité qui se tenaient à l’entrée principale du pavillon James étaient cloués à cet emplacement. Environ une douzaine de manifestants se tenaient très près de l’entrée principale, formant une chaîne humaine (à 16 h 43).

À l’intérieur du pavillon James, un membre du personnel du vice-principal exécutif s’est rendu à la réunion du Comité des politiques universitaires (CPU) pour prévenir le vice-principal exécutif de la situation qui prévalait au cinquième étage (à 16 h 46). Le vice-principal exécutif a immédiatement quitté la réunion, s’est rendu au cinquième étage par l’escalier nord et est entré dans la zone d’accès réservé par l’issue de secours. Il n’a pas parlé à des occupants et n’en a pas rencontré. Les quatre policiers se trouvaient déjà dans le bureau de la principale, en compagnie des dirigeants de l’équipe de sécurité, de Susan Aberman, du vice-principal Di Grappa, du vice-principal Marcil et du vice-principal exécutif adjoint Mendelson (à 16 h 48). À un certain moment au cours de la discussion, les policiers ont avisé le vice-principal exécutif du fait que les forces policières seraient en mesure d’expulser les occupants si les dirigeants de l’Université le désiraient. Le vice-principal exécutif était convaincu que la situation pouvait être résolue sans que la police expulse les occupants.

Vers 16 h 45, les membres du personnel de la principale et du vice-principal exécutif ont tenté de quitter les lieux par la porte arrière du pavillon James, accompagnés par un membre de l’équipe de sécurité, mais toutes les issues étaient bloquées par des manifestants. Les membres du personnel sont retournés à la zone d’accès réservé (à 16 h 49). Plusieurs personnes travaillant aux divers étages du pavillon James et qui s’apprêtaient à quitter les lieux pour le reste de la journée, étaient confuses à propos de ce qui se passait à l’intérieur et à l’extérieur de l’immeuble (ou n’en avaient pas entendu parler) et se demandaient si elles devaient rester à leur bureau ou tenter de partir. Ceux qui ont essayé de partir se demandaient s’il y avait une sortie qui était sûre.

À l’angle des rues McGill College et Sherbrooke, une personne munie d’un mégaphone a annoncé l’occupation des locaux de McGill et a invité les manifestants à participer à un rassemblement de soutien. D’importants groupes de manifestants se sont détachés de la foule et se sont rendus sur le campus. Une personne a appelé le Service de sécurité de McGill et a demandé, en français : « Où se trouve le pavillon James? » (à 16 h 49).

À 16 h 49, après s’être fait dire par des gens qui se trouvaient à l’extérieur du pavillon James que la police était entrée dans l’immeuble, les occupants du cinquième étage se sont assis en cercle en se tenant par les bras. Les trois occupants qui bloquaient les portes du corridor depuis le début de l’occupation ont quitté leur poste et ont rejoint les autres dans le cercle.

Au même moment, un membre du personnel qui travaille au pavillon James est sorti par la porte sud-ouest, malgré la présence d’un nombre important de manifestants à l’extérieur. En sortant, il s’est fait insulter par les manifestants et il a été frappé au cou par un petit objet. Une fois ouverte, la porte sud-ouest (une porte automatique) est demeurée ouverte assez longtemps pour que quelques manifestants puissent se glisser à l’intérieur. Il y a eu une brève lutte entre eux et un gardien de sécurité qui tentait de maintenir la porte fermée. Les manifestants ont fini par avoir le dessus, et le gardien est tombé par terre. De vingt à trente manifestants se sont alors rués dans cette zone. L’un des manifestants, qui se trouvait à l’avant du groupe, est entré violemment en collision avec un membre de l’équipe de sécurité qui venait d’arriver pour bloquer l’accès au deuxième étage. Le manifestant est tombé par terre (à 16 h 49). Le membre de l’équipe de sécurité a empêché ce groupe de s’avancer dans le corridor du deuxième étage. Ces manifestants (« les occupants du deuxième étage ») se sont assis par terre (à 16 h 51). À l’extérieur, le groupe de manifestants a continué à grossir dans l’espace situé entre l’entrée principale et la porte sud-ouest.

À ce moment, plusieurs immeubles se trouvant dans le périmètre du campus principal avaient été mis en mode d’accès par carte uniquement. Le Centre opérationnel de sécurité de McGill commençait à recevoir des appels de membres de la communauté de McGill qui éprouvaient de la difficulté à entrer dans les divers pavillons ou à en sortir. Plusieurs personnes ont signalé être incapables de se rendre à leur bureau ou à leur laboratoire. Une personne a signalé avoir été coincée dans la cage d’escalier située entre le pavillon des Arts et le pavillon Ferrier, sans accès à une sortie possible.

Vers la même heure (16 h 50), un groupe de dix à quinze policiers à bicyclette est entré sur le campus par le portail Milton. D’après l’ensemble de l’information dont je dispose, je ne peux pas expliquer avec certitude la présence de ce groupe de policiers à bicyclette. Une chose est sûre : à ce moment, de vastes contingents de policiers se trouvaient déjà à proximité du campus de McGill, car ils surveillaient la manifestation contre la hausse des droits de scolarité à l’angle des rues McGill College et Sherbrooke. Il est possible que les quatre policiers qui ont répondu à l’appel fait au 911 concernant l’occupation du cinquième étage aient fait part à leur supérieur de ce qu’ils avaient vu au square James. Il est également possible (en fait, il s’agit de l’explication la plus plausible, d’après l’information dont je dispose) que la police ait considéré le nombre croissant de manifestants au square James comme une conséquence de la manifestation contre la hausse des droits de scolarité qui avait lieu à l’angle des rues Sherbrooke et McGill College. Quoi qu’il en soit, aucun élément probant ne vient étayer la thèse selon laquelle ce groupe de policiers à bicyclette aurait été invité sur le campus par des membres de l’équipe de sécurité ou par des membres de l’administration de l’Université. Cela dit, il est établi que lorsque les policiers sont arrivés, un membre de l’équipe de sécurité de McGill leur a parlé et leur a décrit la situation en leur disant qu’il y avait « 15 occupants au cinquième étage du pavillon James, et de 15 à 20 autres occupants au deuxième étage du pavillon James ».

Six ou sept policiers à bicyclette se sont dirigés vers la foule rassemblée devant le pavillon James. Les autres policiers sont restés du côté est du square, près du pavillon Wilson. Les témoignages diffèrent sur les événements qui ont suivi. Certains disent que ces policiers ont foncé sur la foule et ont violemment assailli les manifestants en redressant leur bicyclette à la verticale et en frappant les manifestants avec la roue avant. Par ailleurs, d’après le Service de police de Montréal, la bicyclette de l’un des policiers aurait été saisie et emportée par des manifestants au cours de la confrontation. Au moins une roue de bicyclette a par la suite été utilisée par la foule comme projectile. Bien que je n’aie pas à tirer de conclusions à ce sujet, je trouve quelque peu improbable que six ou sept policiers à bicyclette aient violemment chargé une foule de plusieurs douzaines de manifestants, étant donné le risque qu’ils auraient couru en faisant cela. D’après une troisième série de témoignages, les policiers à bicyclette se seraient déplacés parmi la foule de manifestants, cherchant peut-être à se rendre à la porte sud-ouest. Ils ont dû faire face à de la résistance, et ont placé leurs bicyclettes à la verticale comme mesure défensive alors qu’ils reculaient, utilisant aussi du gaz poivré pour maintenir les manifestants à distance (à 16 h 52). Ces témoignages constituent le plus gros des comptes rendus à cet effet, et ils sont confirmés par des vidéos, qui sont actuellement du domaine public, et qui montrent la confrontation. Ces vidéos montrent qu’à mesure que les policiers s’avançaient lentement dans la foule, les manifestants scandaient : « Une chaîne humaine! ». La clameur de la foule s’amplifiait, un avertisseur sonore a été entendu plusieurs fois, certains manifestants ont crié : « Pas de violence! », et d’autres personnes qui se trouvaient au square James se sont précipitées vers la foule. Les policiers se sont alors retirés de la foule en tenant leurs bicyclettes à la verticale, alors que certains manifestants lançaient divers projectiles dans leur direction. Les policiers à bicyclette se sont repliés en descendant la pente et en retournant au portail Milton. La foule a exprimé sa joie et les a suivis jusqu’au bas de la pente. Un témoin a décrit ce moment comme un « incroyable regain d’énergie » pour les manifestants.

À 16 h 57, un membre du Service de police de Montréal a téléphoné au COS de McGill et a prévenu l’agent de garde que la police détenait de l’information indiquant que des manifestants tentaient d’occuper les locaux de McGill, et a incité l’équipe de sécurité de McGill à faire preuve de vigilance. L’agent du COS a répondu que le Service de sécurité de McGill était au courant de l’occupation, qui avait débuté environ une heure plus tôt, et qu’il y avait de quinze à vingt occupants au cinquième étage, un petit groupe au deuxième étage du pavillon James, et plus de cent vingt manifestants aux alentours du pavillon James. La conversation a pris fin sans qu’il y ait demande d’aide auprès du Service de sécurité de McGill. Dans la mesure où je peux le déterminer, la conversation n’est pas allée au-delà de cet échange entre un policier et l’agent du Centre opérationnel de sécurité de McGill.

D’après les renseignements que j’ai obtenus, il est fort probable que la confrontation initiale avec les policiers à bicyclette ait été à l’origine de l’arrivée du Groupe d’intervention de la police de Montréal. Je n’ai découvert aucune preuve que la présence de ce groupe ou que ses actes subséquents aient été demandés par le Service de sécurité de McGill ou par les autorités de l’Université. Quelques minutes après le repli des policiers à bicyclette, un groupe d’environ vingt-cinq policiers portant des casques, des boucliers et des matraques est entré par le portail Milton. Les policiers frappaient leur bouclier de leur matraque, ce qui produisait un son impressionnant. Ce bruit a été entendu pendant plusieurs minutes, et rythmait la progression de l’escouade. Un hélicoptère de police survolait les lieux. Un autre groupe de vingt-cinq à cinquante policiers équipés de la même façon se sont également avancés depuis le portail Roddick en direction du pavillon Macdonald de génie et du pavillon Dawson (à 16 h 58). Le premier groupe de policiers a formé un cordon perpendiculaire au pavillon James et a gravi la pente. Lorsque le cordon de policiers est arrivé à l’entrée principale, les policiers ont vaporisé du gaz poivré de très près pour déloger les manifestants qui bloquaient la porte. Trois membres de l’équipe de sécurité de McGill qui se tenaient à la porte ont également reçu du gaz poivré. La foule a été repoussée vers les pavillons Ferrier et Dawson. Certains manifestants ont été vus en train de ramasser des matériaux de construction et des palettes sur les chantiers entourant le pavillon James (à 16 h 58). Des projectiles ont été lancés en direction du cordon de police. Un certain nombre de manifestants se sont assis près du cordon de policiers. Ces policiers se sont tenus immobiles pendant un moment, puis ils ont continué à avancer, en repoussant les manifestants de leurs boucliers et de leurs matraques, progressant pas à pas.

Un policier qui se trouvait derrière le cordon a demandé à un membre de l’équipe de sécurité si les autorités de McGill voulaient que les occupants du deuxième étage soient expulsés. Un membre haut gradé de l’équipe a répondu par radio que la police devrait attendre pour le moment et que le Service de sécurité de McGill tentait de régler la situation qui prévalait au cinquième étage (à 17 h 02). Le cordon de policiers s’est formé de nouveau au sommet de la côte, du côté ouest du square James (à 17 h 06). Un avertissement a été lancé au moyen d’un mégaphone utilisé par la police. De cinquante à soixante-quinze membres du Groupe d’intervention de la police ont alors repoussé les manifestants vers le bas de la pente, en direction de l’est, à l’aide de leurs boucliers, de leurs matraques et de gaz poivré, en progressant pas à pas. Des observateurs, des spectateurs et des gens qui sortaient du pavillon McConnell de génie ont également été repoussés vers le portail Milton. Au moins quelques personnes ont signalé avoir été frappées par une matraque. Dans un reportage en direct, CKUT a annoncé que des « centaines de policiers de l’escouade antiémeute » se trouvaient au pavillon James et que les occupants du cinquième étage alléguaient avoir été brutalisés. Le reportage incitait tous les étudiants à se rendre au square James et à appuyer l’occupation (à 17 h 09). Au square James, parmi les injures et les insultes criées aux policiers, on pouvait entendre plusieurs manifestants dire qu’ils étaient pacifiques. D’autres demandaient de l’eau, après avoir été aspergés de gaz poivré. Certains se tenaient les mains dans les airs alors que la foule était repoussée en bas des escaliers du square James, vers le portail Milton. Le pavillon McConnell de génie a été verrouillé par le Service de sécurité de McGill.

À l’intérieur du pavillon James, les occupants du deuxième étage qui étaient assis dans le corridor se sont levés et se sont rendus dans la zone du vestibule, entre les deux portes, bloquant ainsi l’accès à l’immeuble (à 17 h 07). Certains d’entre eux sont restés là plus de vingt minutes.

En dépit du verrouillage de l’immeuble, plusieurs personnes ont réussi à entrer dans le pavillon McConnell de génie. Certains cherchaient un endroit pour rincer le gaz poivré de leur visage et de leurs yeux. Le portier a signalé que des gens maintenaient les portes du pavillon ouvertes et qu’il ne pouvait pas assurer la sécurité des lieux (à 17 h 14). Le Groupe d’intervention de la police a ensuite bloqué l’entrée du pavillon McConnell (à 17 h 14).

À la suite de l’intervention de la police visant à dégager le square James et les environs, une foule dense s’est formée au bas du square James. Un cordon de police a brièvement foncé sur la foule et a fait déplacer celle-ci vers le portail Milton.

À la porte sud-ouest du pavillon James, un policier a demandé à un membre de l’équipe de sécurité si les occupants du deuxième étage (qui se tenaient alors dans l’espace compris entre les deux portes) devraient être expulsés. Un dirigeant de l’équipe de sécurité a répondu par radio que la priorité était encore accordée aux occupants du cinquième étage, et que cette situation devait être réglée en premier (à 17 h 17). Les policiers qui étaient au cinquième étage et ceux qui se trouvaient à l’extérieur de la porte sud-ouest communiquaient à l’aide de téléphones cellulaires appartenant à deux membres de l’équipe de sécurité de McGill.

À 17 h 20, le vice-principal exécutif, Anthony Masi, et le vice-principal exécutif adjoint, Morton Mendelson, sont entrés dans l’aire de réception du cinquième étage. Les occupants étaient assis en cercle, se tenant par les bras, depuis 30 minutes. Ils ont demandé aux occupants de quelle façon ils voulaient que l’occupation se termine. Les occupants ont répondu qu’ils voulaient quitter l’immeuble sains et saufs, sans faire l’objet de sanctions disciplinaires ou d'accusations criminelles. Le vice-principal exécutif et le vice-principal exécutif adjoint ont quitté l’aire de réception pour réfléchir à cette demande (à 17 h 23). L’un des occupants a écrit sur Twitter : « Essayons d’obtenir notre libération. » Un haut gradé de l’équipe de sécurité qui se trouvait au cinquième étage a informé un membre de l’équipe de sécurité en poste au deuxième étage que les occupants du cinquième étage partiraient probablement d’eux-mêmes (à 17 h 23).

À l’extérieur, les policiers ont dirigé la foule vers la rue Milton. Ils ont lancé ce qui semblait être une grenade de caoutchouc produisant un bruit fort et dégageant un gaz irritant. À l’angle des rues University et Milton, les policiers ont formé un cordon (à 17 h 25). La foule de manifestants était rassemblée devant le cordon de policiers. Certains manifestants étaient assis ou agenouillés directement face au cordon policier, alors que d’autres étaient debout et tournaient en rond. Les policiers ont annoncé en anglais et en français que la foule devait se disperser immédiatement. Des manifestants ont scandé des slogans et crié. Les policiers ont annoncé, une fois de plus, à l’aide d’un mégaphone, qu’ils n’accorderaient pas d’autre chance et qu’ils utiliseraient toute la force nécessaire pour disperser la foule. Les manifestants ont continué à scander des slogans et à crier.

À 17 h 29, le vice-principal exécutif Masi et le vice-principal exécutif adjoint Mendelson sont retournés à l’aire de réception et ont confirmé que les occupants auraient droit à un « sauf-conduit » : ils n’auraient à faire face à aucune accusation criminelle ou mesure disciplinaire. Les occupants du cinquième étage ont demandé le même genre d’amnistie pour les occupants du deuxième étage. Après de brèves délibérations, le vice-principal exécutif et le vice-principal exécutif adjoint ont accepté ces conditions. Entre-temps, un membre de l’équipe de sécurité lisait aux occupants du deuxième étage, en anglais et en français, un avis d’expulsion. Tous les occupants du deuxième étage ont alors quitté l’immeuble (à 17 h 30). Au cinquième étage, tous les occupants se sont levés et ont quitté les lieux accompagnés du vice-principal exécutif Masi, du vice-principal exécutif adjoint Mendelson, de quatre policiers et de quelques membres de l’équipe de sécurité. Ils ont descendu l’escalier nord en direction du deuxième étage. Dans le vestibule du deuxième étage, ils ont vu un cordon de police. Sept ou huit occupants avaient le visage couvert. Ils ont quitté le pavillon James par la porte arrière, indemnes (à 17 h 35).

Quelques instants plus tôt, à l’angle des rues University et Milton, le Groupe d’intervention de la police avait foncé sur la foule rassemblée dans la rue Milton et avait pourchassé les manifestants jusqu’à la rue Durocher, en s’arrêtant à chaque pâté de maisons entre les rues University et Durocher. La poursuite a continué jusqu’à 17 h 39. À 17 h 45, la foule s’était dispersée, et le Groupe d’intervention, accompagné de quatre policiers à cheval, est retourné au campus, en direction du portail Roddick. De nombreux manifestants qui avaient affronté l’escouade antiémeute au square James se sont rassemblés dans les divers bureaux d’organisations étudiantes établies sur le campus, et ont reçu de l’aide et du soutien tout au long de la soirée.

Par ailleurs, à 17 h 45, l’avion à bord duquel se trouvait la principale a atterri à Montréal et celle-ci a communiqué avec son bureau. Elle a appris la tentative d’occupation de son bureau qui avait débuté au moment où elle montait dans l’avion, et la série d’événements qui avait suivi. Par téléphone à haut-parleur, elle a discuté des événements avec les administrateurs principaux réunis dans son bureau.

Vers la même heure, on a lentement commencé à redonner l’accès aux immeubles se trouvant dans le périmètre du campus principal, à l’exception des pavillons James et McConnell. Plusieurs membres du personnel du pavillon James ont déclaré avoir pu quitter les lieux à 17 h 45. Des étudiants qui tentaient d’entrer au pavillon Leacock pour y passer un examen ou y suivre un cours se sont fait demander leur carte d’identité. Certains avaient été refoulés plus tôt. Les organisateurs d’une conférence sur le handicap au pavillon Leacock (qui devait débuter à 18 h) se sont vu d’abord refuser l’accès à l’immeuble, et on a signalé que les gens qui voulaient y assister se sont fait éconduire, ou se sont fait dire que la conférence était annulée ou se sont fait dire de revenir plus tard. Le transport de gens handicapés qui voulaient assister à cette conférence a également été perturbé.

À 18 h 15, le calme était revenu sur le campus.

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