Pour la plupart d’entre nous, le langage s’emploie de façon naturelle, comme lorsqu’on commande un café ou que l'on griffonne une liste d’épicerie. Cependant, près d’un tiers des personnes qui survivent à un accident vasculaire cérébral souffrent ensuite d’aphasie, une condition qui rend difficiles ces tâches simples de la vie quotidienne. L’aphasie est un trouble du langage provoqué par une lésion au cerveau pouvant perturber la production ou la compréhension du langage alors que la mémoire, l’intelligence et les autres capacités cognitives sont épargnées (voir Volume 6, numéro 1, mars 2009).
L’Association québécoise des personnes aphasiques (AQPA), un organisme communautaire sans but lucratif, offre du soutien et des services aux personnes ayant une aphasie. Elle est financée par le Projet de formation et de maintien en poste des professionnels de la santé de l’Université McGill, un programme de subventions fédéral dont le mandat consiste à fournir des services aux groupes linguistiques minoritaires du Québec et former des étudiants. Grâce à ce projet, des étudiants de McGill ont l’opportunité d’apprendre et de parfaire leurs compétences en complétant un stage au sein de l’Association. Par la même occasion, des membres de l’AQPA, qui sont parvenus aux étapes les plus avancées de leur rééducation, reçoivent des services auxquels ils n’auraient normalement pas droit.
Le partenariat entre l’AQPA et McGill a vu le jour en 2006 sous la forme de groupes de communication supervisés par une orthophoniste et gérés par des étudiants en orthophonie. Au cours des cinq dernières années, nombre d’étudiants en orthophonie à McGill ont réalisé un stage à l’AQPA où ils ont pu animer des groupes de conversation et organiser des activités visant à améliorer la communication. Ces activités ciblent l’amélioration de compétences telles que la compréhension du langage et l’expression verbale, écrite et gestuelle. Louise Bourbonnais, directrice de l’AQPA, affirme que les étudiants en orthophonie « sont des gens formidables qui insufflent la confiance à nos membres de sorte qu’ils puissent s’exprimer et se faire comprendre. Leur présence est d’une valeur inestimable. »
Malgré la réussite de l’implantation des stages en orthophonie, le personnel de l’AQPA a constaté que les besoins de ses membres ne se limitaient pas à la communication. En effet, l’aphasie peut également entrainer des défis sur le plan social ainsi que sur la capacité à effectuer certaines tâches quotidiennes. Le département du Service social de McGill est donc également entré en jeu en septembre 2011, lorsqu’un premier étudiant de cette discipline a fait un stage à l’AQPA. Le travailleur social joue un rôle de premier plan dans les soins apportés à une personne aphasique. Établir une relation durable avec une personne souffrant d’une carence en communication présente des défis, et les familles des personnes aphasiques ont souvent besoin de l’aide d’un travailleur social afin d’y faire face.
En janvier 2012, un stage en ergothérapie de McGill a aussi été ajouté à l’AQPA. L’ergothérapeute s’assure d’aider les membres de l’Association à exécuter leurs activités quotidiennes, que ce soit en lien avec les soins personnels, les loisirs ou l’efficacité. Les étudiants en ergothérapie et en service social ont fondé ensemble un groupe de ressources communautaires au sein duquel ils proposent des séances portant sur divers thèmes comme par exemple, comment faire du bénévolat au sein de la communauté, comment chercher un emploi ou comment participer aux activités quotidiennes.
Ainsi, les étudiants des trois disciplines collaborent dans un contexte dit interprofessionnel, où les divers spécialistes travaillent de concert dans la poursuite d’objectifs communs pour les membres de l’AQPA. Cette formule profite non seulement aux membres, leur garantissant un soutien global et continu, mais aussi aux étudiants qui peuvent apprendre les uns des autres.
Anne Vogt, coordonnatrice de la formation clinique à l’École des sciences de la communication humaine de McGill, souligne le bienfait de diversifier les professions représentées à l’AQPA : « Nous avons fait en sorte que toutes les disciplines se complètent auprès des personnes aphasiques membres de l’organisme. La communication, aussi importante soit-elle, ne répond pas adéquatement à tous les besoins des personnes qui souffrent d'aphasie sur le plan de l’isolation et des questions psychosociales. Un seul service ne suffit pas à cette population, qui a besoin de beaucoup plus. »
Un membre de l’AQPA témoigne : « J’ai vu mes compétences s’améliorer : la parole, l’écriture, la lecture et la compréhension. On doit persévérer, travailler plus fort pour progresser ». En s’exprimant laborieusement, ce membre souligne sa gratitude d’avoir pu rencontrer à l’AQPA de multiples personnes provenant de diverses communautés et présentant différents degrés d’aphasie. Il est également heureux de côtoyer des étudiants qui apportent le soutien nécessaire aux membres aphasiques en les motivant, en les aidant à améliorer leur élocution et en leur donnant la possibilité de participer aux activités de leur communauté.
Pour en savoir plus sur l’AQPA, visitez le site http://www.aphasie.ca ou composez le 514-277-5678.