Des étudiantes en orthophonie de McGill apprennent à aider des personnes ayant des problèmes de déglutition

Volume 2, numéro 2, 2005

Le terme médical « dysphagie » désigne la difficulté à avaler la nourriture ou les liquides. Il s’agit d’un symptôme courant de certains problèmes de santé – par exemple la maladie de Parkinson – qui peut également entraîner des troubles de la parole. Chez les personnes dysphagiques, la quantité de nourriture absorbée est parfois insuffisante pour demeurer en bonne santé. En outre, la dysphagie peut causer la pneumonie si de la nourriture ou du liquide se rend dans les poumons. L’École des sciences de la communication humaine a récemment ajouté un nouveau cours à son programme afin de mieux préparer les futurs orthophonistes à venir en aide aux personnes ayant des problèmes de déglutition. Ce cours est donné par David McFarland, professeur agrégé à l’Université de Montréal et professeur adjoint à McGill, ainsi que par James Lapointe, orthophoniste à la Cité de la santé de Laval.

Le rôle de l’orthophoniste

En Amérique du Nord, les orthophonistes font de plus en plus souvent face à des problèmes de déglutition. Le rôle de l’orthophoniste dans l’évaluation et la gestion de la dysphagie diffère d’un endroit à l’autre. Au Canada et aux États-Unis, en général, l’évaluation et le traitement de la dysphagie relèvent de l’orthophoniste. Cependant, au Québec, ce n’est que récemment que les orthophonistes ont commencé à évaluer et à traiter la dysphagie, mais leur rôle varie selon les établissements. Dans certains établissements, l’orthophoniste est le professionnel responsable de l’évaluation et du traitement de la dysphagie. Par contre, ailleurs c’est l’ergothérapeute ou le diététiste qui est le responsable, tandis que l’orthophoniste participe en tant que collaborateur ou conseiller, ou encore ne participe pas du tout.

Monsieur Lapointe propose comme stratégie idéale l’approche par équipe, où des professionnels tels que le médecin, l’orthophoniste, l’ergothérapeute et le diététiste travaillent ensemble pour aider le patient. Selon cette approche axée sur la collaboration, chaque professionnel offre l’expertise propre à sa spécialité. Les orthophonistes sont bien formés pour reconnaître un problème de déglutition, pour déterminer s’il est possible que de la nourriture se loge dans les poumons du patient, ainsi que pour élaborer un traitement en fonction de la cause de la dysphagie. Quant au diététicien, il peut collaborer avec le patient et sa famille afin de s’assurer que les besoins nutritionnels de celui-ci sont comblés par une diète modifiée. L’ergothérapeute, quant à lui, peut favoriser l’autonomie du patient en matière d’alimentation grâce à diverses stratégies (p. ex. ustensiles adaptés, posture pendant le repas). Au Québec, un groupe de discussion formé de représentants de ces trois professions tente de convenir de la manière dont on devrait effectuer l’évaluation et la gestion de la dysphagie.

Un nouveau cours sur la dysphagie à McGill

Les étudiants en orthophonie ont toujours reçu une formation complète sur l’anatomie, la physiologie et la neurologie des structures utilisées, tant pour la production de la parole que pour la déglutition. Récemment, l’Association canadienne des orthophonistes et audiologistes (ACOA) a recommandé qu’un cours soit ajouté à tous les programmes d’études en orthophonie au Canada afin de répondre à la demande d’orthophonistes formés à cette spécialité. L’année dernière, L’École des sciences de la communication humaine a offert, pour la première fois, à ses étudiants en orthophonie un cours complet consacré à l’évaluation et à la gestion de la dysphagie. L’ajout de ce cours reflète une sensibilisation accrue au fait que la dysphagie occupe une grande place dans la clientèle adulte des orthophonistes et ce, un peu partout en Amérique du Nord. Les finissants de 2005 étaient donc les premiers à avoir complété ce cours, qu’ils disent avoir apprécié : « Le cours m’a vraiment bien préparée à vivre mon stage et m’a procuré une base solide de connaissances. Il était fortement axé sur la pratique clinique, ce qui est excellent. » Le cours comprenait une révision de l’anatomie et de la physiologie de la déglutition, et présentait de nombreux exemples et études de cas permettant aux étudiants d’appliquer les connaissances déjà acquises sur les mécanismes de la parole, de la voix et du langage à l’évaluation et à la gestion des problèmes de déglutition. Les étudiants ont appris les causes sous-jacentes possibles de la dysphagie, les problèmes qui peuvent être causés par celle-ci, comment évaluer un patient qui semble avoir de la difficulté à avaler, ainsi que comment monter un plan de traitement pour un patient dysphagique. Grâce à une approche holistique, mieux intégrée, les orthophonistes formés à McGill sont maintenant bien préparés pour évaluer leurs patients et élaborer des plans de traitement qui agiront tant sur leurs troubles de la parole que sur leurs problèmes de déglutition.

Lisa Hargraves, orthophoniste à l’Hôpital général juif de Montréal, a obtenu son diplôme de McGill avant l’introduction du cours sur la dysphagie dans le programme. Elle admet que le rôle de l’orthophoniste en matière de gestion de la dysphagie n’était pas clair à ses yeux au début. Toutefois, après avoir effectué deux stages, suivi un cours et acquis de l’expérience professionnelle, tout est maintenant très clair : les orthophonistes peuvent appliquer directement à l’évaluation et au traitement de la dysphagie leurs connaissances relatives aux troubles de la voix, les troubles moteurs de la parole ainsi qu’à l’anatomie et à la physiologie de la parole.

Pour plus d’informations, verrez: Lapointe, J., & McFarland, D. (2004). Pourquoi les orthophonistes devraient-ils s'intéresser à la dysphagie?, Fréquences, 16 (3), 22-25.

Les troubles du langage chez les adolescents

John est un jeune homme de 15 ans qui n’a pas beaucoup d’amis et qui est reconnu chez ses professeurs plutôt pour ses talents de bouffon que pour ses bonnes notes. En fait, malgré tous ses efforts, ses résultats sont faibles dans bien des matières. La mère de John se plaint qu’il suit rarement les consignes qu’elle lui donne, et signale qu’il a de la difficulté à se faire des amis et à les garder. De nombreux professeurs ont eu dans leur classe des élèves comme John à un moment donné. Pourtant, ce qui peut être interprété comme un problème de comportement chez un adolescent pourrait en réalité être un signal d’alarme indiquant un trouble du langage.

Les troubles du langage chez les adolescents peuvent être associés à des difficultés à divers niveaux, par exemple la capacité d’apprendre et de fonctionner correctement dans une salle de classe, ou encore sur le plan des relations interpersonnelles et de l’estime de soi.

Les caractéristiques des troubles du langage chez les adolescents peuvent notamment comprendre ce qui suit:

  • de la difficulté à organiser ses pensées et ses idées dans le cadre d’un discours narratif (p. ex. relater des événements, des expériences, des histoires, suivre la trame d’une histoire);
  • un vocabulaire limité ou insuffisant;
  • des problèmes au chapitre de la pragmatique du langage (la façon dont on utilise le langage dans différentes situations);
  • de la difficulté à aborder ou à maintenir une discussion (p. ex. n’amorce pas de conversations, change de sujet rapidement);
  • de la difficulté à faire des déductions et à interpréter le langage non littéral (calembours, expressions idiomatiques, sarcasme, etc.);
  • des problèmes de compréhension du langage (comprendre des consignes).

Conseils pour aider les parents et les professeurs à améliorer les habiletés des adolescents en compréhension narrative

[Source : PAUL, Reah. Language disorders from infancy through adolescence: Assessment & intervention, 2e éd., St. Louis: Mosby, 2001.]

Si l’adolescent lit un livre, un article de magazine ou une bande dessinée :

  1. Demandez-lui quel est le titre de l’ouvrage et discutez des mots dans le titre (et le texte) dont la signification est connue et ceux dont elle est inconnue.
  2. Demandez-lui de tenter d’imaginer des thèmes à partir du titre de l’ouvrage (avant de lire la vraie histoire).
  3. Demandez-lui pour quelles raisons il fait ces prévisions au sujet de l’histoire.

Une fois que l’adolescent a lu le livre, l’article de magazine ou la bande dessinée, demandez-lui de cerner les éléments importants de l’histoire en lui posant des questions sur celle-ci, tout en tenant compte de son niveau d’habileté narrative. Voici quelques exemples de questions :

  1. Où l’histoire se déroule-t-elle?
  2. Qui étaient les personnages les plus importants de l’histoire?
  3. Quel est le problème à résoudre dans l’histoire?
  4. Comment l’histoire finit-elle?

Pour obtenir d’autres suggestions afin d’aider les adolescents pouvant être atteints de troubles du langage, communiquez avec votre enseignant ressource ou votre orthophoniste local.

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