Colloque «Émotions en bataille, XVIe-XVIIIe siècle. Sentiments, sensibilités et communautés d’émotions de la première modernité»
1er colloque international du CIREM 16-18, sous la responsabilité du GRHS
En dépit de l’histoire des émotions qui constitue aujourd’hui l’un des chantiers les plus prolifiques de l’histoire médiévale, et de l’histoire des sensibilités qui permet d’explorer les différentes traces et discours des cultures sensorielles des XIXe et XXe siècles, la recherche sur l’époque moderne demeure toujours méfiante à l’égard des « émotions ». Depuis le déclin de l’histoire des mentalités, les chercheurs explorent les pratiques et les représentations, mais hésitent toujours à penser en termes d’affects, de sentiments ou d’émotions. La philosophie (Descartes, Spinoza, Hume), la rhétorique (Bernard Lamy), la poétique (Scaliger), l’esthétique (Leibniz, Kant, Burke), voire la peinture (Le Brun, Diderot, Lavater, Winckelmann) des passions, suscitent en revanche un intérêt fécond pour une réflexion commune. Plus que jamais, le dialogue interdisciplinaire devient nécessaire pour penser cet aspect fondamental de la première modernité.
Puissante, constructive et active, l’émotion est un lien social et un facteur de solidarité. Elle est au cœur de la pitié naturelle comme de la sensibilité sociale. Elle est à la source de nombreuses nouveautés associées à la première modernité (la piété personnelle, l’individualisation de l’enfant ou l’amour bourgeois) et constitue le moteur d’importants basculements de l’ordre ancien (le désenchantement du monde de la Réforme, ou la refondation d’un autre par la Terreur). Alors que les expériences émotionnelles des acteurs et des observateurs peuvent différer radicalement, elles peuvent aussi être étroitement liées par l’interaction sociale (dans le cadre d’espaces particuliers de sociabilité, ou par la correspondance), les représentations culturelles et visuelles (comme le théâtre et les beaux-arts) et la médiatisation (la presse périodique ou les images volantes). Les émotions et leurs usages ont aussi suscité le débat et participé à la formation et à la dissolution non seulement des groupes sociaux et des communautés, mais encore des rumeurs, des révoltes et des révolutions.
Comité d’organisation : Pascal Bastien (UQAM), Peggy Davis (UQAM), Benjamin Deruelle (UQAM), Frédéric Charbonneau (McGill), Lyse Roy (UQAM)
Renseignements et programme ici.