Thème du colloque

TTR fête ses 35 ans

Redéfinir la traduction ? Fluctuations historiques, nouvelles pratiques et épistémologies en devenir

 

Conférences plénières

Lynne Bowker, Université d’Ottawa

Michael Cronin, Trinity College Dublin

Kobus Marais, University of the Free State

Maria Teresa Zanola, Università Cattolica del Sacro Cuore

 

Pour marquer le 35e anniversaire de la revue TTR, le colloque « Redéfinir la traduction ? Fluctuations historiques, pratiques et épistémologies en devenir » réunira des membres de la communauté de recherche chevronné·es ou en début de carrière autour de thématiques se rattachant à la traduction (y compris l’interprétation), à la terminologie ou à la rédaction. La traduction, jumelée à la terminologie et la rédaction, est un ensemble complexe de pratiques, de processus et d’épistémologies qui, quel que soit le nom (traduction, adaptation, transfert, intertextualité, transformation, entre autres) qu’on souhaite lui attribuer, joue depuis toujours un rôle citoyen de premier plan – tout en étant également mobilisée parfois comme un outil de colonisation et de discrimination. Les enjeux éthiques de la traduction sont donc primordiaux et méritent une réflexion approfondie. En partant des définitions tripartites de la traduction proposées, entre autres, par Roman Jakobson (1959) puis Gideon Toury (1995), ce colloque invite à réfléchir aux (re)définitions de la traduction et de l’interprétation et à leurs enjeux éthiques à travers l’histoire. Les questions suivantes peuvent servir de points de départ :

La traduction (y compris l’interprétation) a-t-elle pour objet des transferts entre langues, individus, textes, communautés ou États-nations seulement ? Ou bien s’intéresse-t-elle aussi à tout transfert matériel, voire biosémiotique comprenant, ou non, un déplacement interlingual ? La traduction et l’interprétation sont-elles même toujours synonymes de transfert ?

Peut-on passer d’une conception restreinte à une conception élargie de la traduction, tout en s’assurant que ce champ du savoir conserve des bases et une spécificité qui serait partagée par tous les chercheur.es ? Si oui, quelles seraient-elles (voir Nouss, 2012) ?

Est-elle forcément l’apanage des êtres humains, c’est-à-dire s’opère-t-elle uniquement entre êtres humains ? Quel est et quel devrait être le rôle des technologies (y compris de l’intelligence artificielle (IA) et de la traduction automatique neuronale (TAN)) mobilisées dans l’acte traductif ? En d’autres mots, où en sommes-nous en tant qu’êtres vivants qui traduisent ? Comment caractériser aujourd’hui le sujet traduisant ? Dans quelle mesure les avancées dans le domaine de l’IA et les enjeux éthiques que celles-ci soulèvent permettent-ils d’enrichir la réflexion sur la production de contenus bilingues ou multilingues ?

Étant donné les dynamiques de pouvoir complexes qui caractérisent l’Anthropocène, quels rôles de médiation et de conscientisation la traduction, l’interprétation peuvent-elles jouer dans les enjeux contemporains ? Bien évidemment, le rôle que joue non seulement la traduction, mais également l’interprétation, dans la médiation, que ce soit en milieu communautaire ou tout particulièrement en temps de crise, est d’une actualité aigüe.

Dans la mesure où la traduction peut également être considérée comme un acte cognitif qui précède la communication et facilite la communication malgré les différences, quelles théories cognitives permettent de mieux appréhender ce que sont la traduction et ses pratiques ?

Envisagée comme acte interprétatif, la traduction est un outil heuristique ayant le potentiel de participer à la production des savoirs et à leur circulation. Comment réaliser ce potentiel ?

Le colloque souhaite favoriser des échanges sur la place de la traduction dans la formation et la transformation des connaissances, le mouvement et la médiation des idées.

Les communications se pencheront sur des fluctuations historiques (p. ex. les définitions de la traduction), des nouvelles pratiques (p. ex. la revitalisation linguistique grâce à la traduction) et des épistémologies (p. ex. la science de la traduction ; l’herméneutique ; le courant interprétatif ; les différentes sociologies de la traduction ; la théorie de la complexité, etc.) qui ont défini, qui définissent ou qui définiront la traduction au sens large.

Les axes de réflexion s’inscrivent dans les trois (inter) disciplines composant le titre même de TTR :

Traduction

Traduction inclusive : genre ; accessibilité ; décolonisation ; autochtonisation

Traduction, IA et TAN : le rôle de l’être humain

Traduction et diversité : enjeux éthiques

Traduction, pseudotraduction, autotraduction : vers de nouveaux paradigmes ?

Traduction et adaptation : les limites de la traduction

Traduction et interprétation : en milieu social ; en situation de crise

Traduction et migration : mouvements ; déplacements ; déracinements ; confinements

Post-traduction et transmédialité : nouvelles manifestations de la traduction

Traduction et pédagogie : quoi enseigner et comment ? Quel est (devrait être) le rôle de la technologie ?

Traduction et bi- ou multilinguisme officiels : vers une plus grande accessibilité, équité et diversité ou le maintien du statu quo ?

 

Terminologie

Socioterminologie ou terminologie et sociologie ?

Terminologie et interprétation : le rôle de la recherche terminologique

Terminologie, IA et TAN : la contribution de l’être humain

Terminologie et pédagogie : comment enseigner la terminologie conçue comme une clé pour assurer une société plus équitable ?

Traduction et terminologie sont-elles inséparables ?

 

Rédaction

Rédaction et post-édition : une relation essentielle ?

Rédaction inclusive : diversité ; genre ; accessibilité ; décolonisation ; autochtonisation

Rédaction et terminologie sont-elles inséparables ?

Rédaction et pédagogie : à quel point la rédaction est-elle devenue une compétence essentielle aux futur·es traducteur·rices ? Comment former les nouvelles générations ?

 

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Comité scientifique

Valérie Florentin (Université York)

Ryan Fraser (Université d’Ottawa)

Marie-France Guénette (Université Laval)

Alexandra Hillinger (Université Laval)

Gillian Lane-Mercier (Université McGill)

René Lemieux (Université Concordia)

Denise Merkle (Université de Moncton)

 

Comité d’organisation

Hélène Buzelin (Université de Montréal)

Gillian Lane-Mercier (Université McGill)

Christine York (Université Concordia)

 

Liste des références

Bowker, Lynne et Jairo Buitrago Ciro (2019). Machine Translation and Global Research: Towards Improved Machine Translation Literacy in the Scholarly Community. Bingley, UK, Emerald Publishing.

Cattrysse, Patrick (2019). “Adaptation Studies, Translation Studies, and Inter-disciplinarity. Reflections on Siblings and Family Resemblance”. Adaptation, 12, 3, pp. 206-221.

Cordingley, Anthony, ed. (2013). Self-Translation. Brokering Originality in Hybrid Culture. Londres, Bloomsbury.

Cronin, Michael (2017). Eco-Translation. Translation and Ecology in the Age of the Anthropocene. New York/Londres, Routledge.

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Nouss, Alexis (2012). « Un bilan de 40 ans de traductologie : Entrevue avec Alexis

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