En mai 2022, l’Organisation mondiale de la Santé a adopté le plan d’action mondial intersectoriel sur l’épilepsie et les autres troubles neurologiques 2022-2031. Ce plan vise à développer l’accès aux traitements et aux soins ainsi que la qualité de vie des personnes souffrant de troubles neurologiques et de leurs soignants. Il aborde des questions stratégiques comme la politique et la gouvernance, la précision du diagnostic, l’amélioration des traitements et des soins, la prévention et la recherche.
Les troubles neurologiques et neurodéveloppementaux pèsent très lourd à l’échelle mondiale, alors que 70 % des malades vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Ces affections provoquent environ neuf millions de décès par an et constituent la principale cause d’années de vie corrigées de l’incapacité ou AVCI*.
Tarun Dua, cheffe du département Santé mentale et abus de substances psychoactives de l’OMS, décrit ce plan d’action en insistant sur la nécessité de réduire l’incidence grandissante des maladies neurologiques sur la population.
Tout d’abord, parlez-nous de ce plan d’action. En quoi consiste-t-il et que tente-t-il d’accomplir?
Le plan d’action est un organe directeur mandaté par toutes les nations. Il vise à promouvoir et protéger la santé du cerveau, à prévenir et traiter les troubles neurologiques et à assurer un état de santé optimal aux malades et à leur famille. Ce plan établit des objectifs, délimite des domaines d’intervention, précise les cibles et les mesures à mettre en place par les pays pour concrétiser la vision qu’il propose.
Pourquoi centrer l’attention sur l’épilepsie?
Lors de sa présentation à l’Assemblée mondiale de la Santé, le premier point à l’ordre du jour portait spécifiquement sur l’épilepsie. D’autres États membres ont voulu saisir cette occasion pour accorder la priorité à toutes les maladies neurologiques. C’est ainsi qu’on a amplifié le champ d’application de ce plan d’action pour inclure d’autres dysfonctionnements neurologiques.
Quel rôle un pays comme le Canada peut-il jouer dans le cadre de ce plan?
Comme vous le savez, Le Canada est l’un des États membres. La première chose qu’il peut faire est d’examiner les objectifs stratégiques et les cibles non seulement au point de vue national, mais aussi aux paliers provinciaux et régionaux. À titre d’exemple, si vous examinez les cibles du plan d’action, elles concernent entre autres la sensibilisation, la défense des patients, la prévention des maladies neurologiques et les résultats de la recherche. Il importe de voir comment atteindre ces objectifs au Canada. En second lieu, dans de nombreux domaines de la santé, le Canada est un acteur principal. Il se trouve en position de jouer un rôle dirigeant en aidant les pays à revenu faible et intermédiaire du monde entier à atteindre ces objectifs.
Il s’agit d’une ambitieuse stratégie globale à l’échelon de la planète. Comment se traduit-elle pour les personnes atteintes de troubles neurologiques, lorsqu’elles se rendent dans une clinique ou un hôpital?
L’un des principes directeurs de ce plan d’action est l’autonomisation des personnes souffrant de maladies neurologiques, de leurs soignants et de leurs familles. Quoi que nous fassions en matière de politique, législation, prestation de services et recherche, il faut mettre en place des mécanismes efficaces pour impliquer les personnes qui vivent cette expérience et leurs soignants. Toute stratégie, toute action, doit être centrée sur les individus.
*Les années de vie corrigées du facteur invalidité (AVCI) pour une maladie ou un état de santé sont la somme des années de vie perdues en raison d’une mortalité prématurée et des années vécues avec un handicap.
